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Moyen-Orient - BILAN

Les 10 événements de l’année 2023 au Moyen-Orient

En cette fin d’année, « L’Orient-Le Jour » revient sur les drames et les dynamiques qui ont marqué la région.

Les 10 événements de l’année 2023 au Moyen-Orient

Montage pour illustrer les évènements marquants de l'année au Moyen-Orient. Photos Mohammad Yassine et AFP

Séisme en Turquie et en Syrie

Dans la nuit du 5 au 6 février 2023, la terre a tremblé près de Gaziantep, en Turquie, avec une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter, réveillant en panique des millions de personnes. Ce séisme, l’un des plus meurtriers du XXIe siècle, et ses centaines de répliques ont fait près de 50 000 morts, particulièrement dans le sud-est de la Turquie et dans le Nord-Ouest syrien, où des centaines de milliers de bâtiments se sont effondrés ou ont été gravement endommagés. Pour une population syrienne peinant à survivre et ayant déjà subi les traumatismes de la guerre et du déplacement forcé, les tentes improvisées en plein hiver paraissaient alors plus sûres que leurs maisons. Jusqu’à aujourd’hui, les efforts de reconstruction peinent à se concrétiser, alors que la colère populaire s’est tassée en Turquie. 

Pour mémoire

À Antioche, des ruines et des hommes

L’ampleur de la catastrophe a ouvert la voie à la diplomatie de l’aide, Athènes et Erevan tendant notamment la main à leur rival turc, tandis que l’Arabie saoudite envoyait des avions humanitaires vers la Syrie de Bachar el-Assad. Isolé sur la scène internationale, le régime de Damas a ainsi tenté de reprendre sa place dans l’arène à travers son contrôle de l’assistance humanitaire, cherchant entre autres à alléger les sanctions à son encontre. Un premier pas vers la réhabilitation du président syrien qui a mené la répression sanglante du soulèvement populaire de 2011.

Normalisation saoudo-iranienne

Coup d’éclat : le 10 mars 2023, Pékin annonce la signature d’un accord de normalisation entre Riyad et Téhéran. Une réconciliation surprise après plus de six ans de rupture diplomatique entre les deux puissances rivales du Golfe, opposées sur tous les grands dossiers régionaux. Et notamment au Yémen, où les rebelles houthis soutenus par l’Iran menacent directement avec leurs drones et missiles la sécurité du royaume wahhabite qui mène depuis 2015 la coalition internationale en appui aux forces progouvernementales. Embarquée dans un programme ambitieux de réformes socio-économiques esquissées dans sa Vision 2030, l’Arabie saoudite de Mohammad ben Salmane cherche désespérément une sortie de crise à cette guerre qui pèse sur son attractivité dans un espace très concurrentiel. Si l’accord ne vise pas à trouver une solution définitive à la crise au Yémen, il est censé contribuer à la stabilité régionale.

Pour mémoire

Les leçons géopolitiques de la valse sino-irano-saoudienne

Bien que des discussions bilatérales irano-saoudiennes aient été entamées deux ans plus tôt par l’intermédiaire de Bagdad, particulièrement sur le dossier yéménite, l’entrée inattendue de la Chine dans le dossier a soulevé de nombreuses questions. L’empire du Milieu est-il désormais prêt à endosser un rôle plus politique dans la région ? Les États-Unis accepteront-ils cette nouvelle réalité ? Jusqu’à présent, l’accord semble avoir une portée limitée, se cantonnant surtout à des gestes symboliques et diplomatiques, comme la venue du président iranien Ebrahim Raïssi à Riyad pour le sommet sur Gaza le 11 novembre.

Début de la guerre au Soudan

Le 15 avril 2023, les différends entre le général de l’armée soudanaise Abdel-Fattah el-Burhane et son adjoint Mohammad Hamdane Dagalo, dit Hemetti, se sont transformés en guerre ouverte dans la capitale Khartoum. Les deux hommes, seuls aux manettes depuis leur putsch le 25 octobre 2021 contre le gouvernement de transition militaro-civil dont ils faisaient partie, n’ont pas réussi à trouver un accord politique pour sortir le pays de l’impasse. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de Hemetti se sont donc retournées contre l’armée régulière dans une lutte existentielle pour prendre le pouvoir. Les combats violents dans la capitale, mais également dans d’autres provinces du pays, notamment au Darfour, ont fait des milliers de morts, mais surtout plus de 7 millions de déplacés, y compris dans les pays voisins.

Pour mémoire

Jusqu’où iront les deux va-t-en-guerre soudanais ?

Des négociations à Djeddah, sous l’égide de l’Arabie saoudite – qui a en outre facilité des évacuations du pays – et des États-Unis, ont conduit à plusieurs trêves, rompues sitôt entamées. Si l’armée a paru un temps retrouver une légitimité au sein de la communauté internationale, les FSR ont regagné du terrain ces dernières semaines au prix d’exactions et de crimes de guerre présumés, dont est aussi accusée l’armée régulière. En attendant, la grande perdante du conflit qui se poursuit depuis plus de huit mois est la société civile, qui avait pourtant réussi à se positionner dans la transition démocratique envisagée après la chute de Omar el-Bachir en 2019.


Réélection de Recep Tayyip Erdogan

La bataille n’était pas gagnée d’avance. Après la gestion critiquée du séisme de février et face à la crise économique sévère que traverse le pays, le président turc pouvait craindre une victoire de l’opposition. Mais Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis deux décennies, n’avait pas encore dit son dernier mot. Après s’être notamment réconcilié sur le plan extérieur avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite en échange de promesses de financements et montré les muscles au sein de l’OTAN, le reïs s’est réapproprié le dossier des réfugiés syriens sur la scène locale, alors que la question de leur retour dans leur pays d’origine était au cœur d’une campagne imprégnée de racisme et de xénophobie. Face à lui surtout, le candidat Kemal Kilicdaroglu, à la tête d’une alliance hétéroclite – et parfois vacillante – de partis allant de l’extrême droite aux prokurdes, n’a pas réussi à convaincre.

Pour mémoire

Dans le cœur battant de l’AKP : « Si Erdogan part, la Turquie est perdue »

Le 15 mai 2023, au premier tour des élections générales, le reïs est en tête avec cinq points d’avance sur son principal rival, tandis que le troisième homme des élections, l’ultranationaliste Sinan Ogan, rafle plus de 5 % des voix, se posant en faiseur de roi.  Brandissant son habituelle rhétorique nationaliste et s’en prenant aux « terroristes » kurdes, le président sortant force son rival à se rapprocher de ses positions, lui faisant perdre une partie de ses soutiens. Recep Tayyip Erdogan sera donc réélu pour un second mandat le 28 mai avec 52,18 % des voix, pour une participation à plus de 84 %, en baisse de trois points par rapport au premier tour.

Une affiche de campagne du président turc Recep Tayyip Erdogan, réélu dimanche, à Istanbul, le 23 mai 2023. Photo AFP


Retour de Bachar el-Assad dans le giron arabe

Plus d’une décennie après sa mise au ban de la Ligue arabe à la suite de sa répression sanglante du soulèvement populaire de 2011, le régime Assad a officiellement fait son retour dans le giron arabe le 19 mai à Djeddah, avec la présence du président Bachar el-Assad au sommet annuel des chefs d’État de l’organisation panarabe. Sur fond de rapprochement saoudo-iranien, cette réconciliation a surtout été accélérée par Riyad, qui avait déjà annoncé en mars la reprise des services consulaires avec son ennemi d’antan dans le sillage du séisme du 6 février. Le Qatar a certes exprimé son désaccord auprès de la Ligue arabe, tout en respectant le consensus obtenu sur la question. Les États-Unis ont certes exhorté leurs alliés à imposer des conditions à cette réhabilitation, comme le contrôle du trafic de captagon ou le retour des réfugiés. Mais aucun résultat concret n’a été constaté, empêchant ainsi les afflux financiers espérés par Damas pour sa reconstruction, déjà compliqués par l’existence de sanctions.

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Le printemps Assad

Depuis sa réintégration officielle, le statut du paria international, rarement sorti de son pays en plus d’une décennie, a largement évolué. Le 11 novembre, Bachar el-Assad a ainsi assisté aux réunions d’urgence de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) sur la guerre à Gaza. Mais la pression internationale contre le régime est loin d’être retombée, comme le montre le mandat d’arrêt inédit émis par la justice française contre le président syrien trois jours plus tard, qui l’a, semble-t-il, empêché de se rendre personnellement à la COP28 à Dubaï fin novembre.

Échange américano-iranien de prisonniers

Il a été perçu comme un autre signal de la détente qui planait sur une région habituellement en proie aux turbulences. Annoncé le 10 août, un échange de cinq prisonniers de chaque côté s’est concrétisé entre les États-Unis et l’Iran le 18 septembre, tandis que les pourparlers sur le dossier du nucléaire étaient au point mort et que Téhéran continuait de souffler le chaud et le froid face à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Dans le cadre de ce deal, médié notamment par le Qatar et Oman durant des années de négociations, six milliards de dollars de fonds iraniens gelés par Washington ont par ailleurs été débloqués pour une utilisation restreinte.

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Otages d’État, État otage

L’échange de détenus est intervenu deux jours après le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, qui avait provoqué une vaste contestation en Iran. Alors que la République islamique était accusée d’avoir violemment réprimé les manifestations et de livrer des drones à la Russie en guerre contre l’Ukraine, la Maison-Blanche a tenté de minimiser ce que d’aucuns ont vu comme un geste en direction de l’Iran, découplant notamment la question nucléaire de ce dossier. Des signaux encourageants avaient pourtant précédé l’accord, comme la suspension des attaques de groupes pro-iraniens contre des bases américaines dans la région ou le ralentissement par Téhéran du rythme d’enrichissement d’uranium, contre l’absence de nouvelles sanctions américaines en rapport avec le nucléaire ou plus de laxisme sur l’exportation de pétrole iranien. Des gages de bonne volonté qui n’ont pas résisté à la guerre de Gaza.


Séisme au Maroc et inondations en Libye

Au Maghreb, deux catastrophes naturelles se sont succédé début septembre. Le soir du 8, le Maroc a connu un tremblement de terre d’une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter. Avec un épicentre à près de 70 km au sud-ouest de Marrakech, le séisme a fait plus de 2 900 morts, touchant surtout les régions du Haut-Atlas, une zone montagneuse rurale peu développée. À cause des destructions engendrées, notamment sur les routes, l’aide d’urgence a tardé à atteindre certains coins reculés, où les scènes de désolation ont désespéré les habitants. Des réseaux de solidarité locaux se sont rapidement mis en place pour venir en aide aux sinistrés, mais, contrairement à la Turquie et la Syrie, la diplomatie de l’aide a été plus difficile à mettre en place au Maroc, où le pouvoir a refusé l’aide de certains pays. C’est surtout le refus de l’aide de la France qui a fait parler, alors que Paris et Rabat sont en brouille dans plusieurs dossiers.

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La tempête Daniel dévaste l'est de la Libye

Quelques jours plus tard, c’est la Libye qui essuyait la tempête Daniel, faisant sauter des barrages dans l’est du pays et provoquant ainsi des inondations meurtrières. La ville de Derna a été la plus touchée, alors que plus de 4 500 personnes ont été tuées et plus de 8 000 portées disparues. Dans le pays ravagé par plus d’une décennie de guerre, où les autorités sont divisées entre l’Est et l’Ouest et les infrastructures laissées à l’abandon, l’aide a peiné à arriver et à répondre aux besoins. Au-delà de la diplomatie de l’aide, les pouvoirs en place du maréchal Haftar ont tenté de profiter de la catastrophe humanitaire pour renforcer leur mainmise sur l’Est libyen.

Un volontaire assis sur les ruines d’un immeuble dans la ville dévastée de Derna, dans l’Est libyen, le 14 septembre 2023. Abdullah Doma/AFP


Guerre éclair dans le Haut-Karabakh

Après des mois de tensions croissantes, Bakou est passé à l’offensive contre l’enclave à majorité arménienne du Haut-Karabakh le 19 septembre 2023. L’attaque azerbaïdjanaise s’est terminée le lendemain, après une médiation des forces russes de maintien de la paix déployées sur place et la reddition des autorités locales. Avec ce conflit éclair, l’Azerbaïdjan entendait mettre un terme final à l’existence de la république séparatiste autoproclamée du Haut-Karabakh après des guerres meurtrières dans les années 1990 puis en 2020. Avec plus de 120 000 déplacés, l’enclave s’est quasi vidée de sa population suite à la prise de contrôle du territoire par Bakou. Des membres de la diaspora sont ainsi venus aider à accueillir les réfugiés du Haut-Karabakh, dont l’exil a réveillé un rapport parfois douloureux à la nation arménienne

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La dernière offensive de Bakou souligne l’isolement d’Erevan

Se sentant abandonnés par Erevan, de nombreux Arméniens ont manifesté leur colère contre le pouvoir du Premier ministre Nikol Pachinian. Reste que l’Arménie avait déjà presque officiellement admis, à l’instar de la communauté internationale, que l’enclave appartenait à l’Azerbaïdjan. Face notamment à la prise de distance de Moscou et à l’importance stratégique de son voisin exportateur de gaz dans le contexte de la guerre en Ukraine, Erevan s’est en outre retrouvé isolé sur la scène internationale sans soutien de poids. Des questions restent néanmoins en suspens, alors que Bakou tient à son projet de corridor censé le relier à son exclave du Nakhichevan en passant par l’Arménie, qui pourrait écarter l’Iran d’une dynamique régionale qui bénéficierait à la Turquie.


Déluge d’al-Aqsa et début de la guerre à Gaza

C’est l’événement majeur de l’année 2023. Le 7 octobre, le Hamas lance une triple incursion surprise en Israël à partir de la bande de Gaza, faisant près de 1 150 morts et prenant en otage plus de 240 personnes. En représailles à l’opération Déluge d’al-Aqsa, l’État hébreu a bombardé quotidiennement l’enclave palestinienne – excepté durant la trêve d’une semaine observée fin novembre pour procéder à un échange prisonniers-otages –, faisant plus de 21 000 morts au 29 décembre. Le conflit menace depuis de s’étendre sur d’autres fronts, alors que le Hezbollah lance des frappes quasi quotidiennes depuis la frontière sud du Liban et que les rebelles houthis du Yémen ont attaqué en mer des navires commerciaux liés à Israël. Washington a ainsi déployé un arsenal de dissuasion massif dans la région. Et face à l’ampleur des pertes civiles et à de possibles crimes de guerre à Gaza, les États-Unis font discrètement pression sur leur allié en vue de passer à une nouvelle phase de la guerre en janvier, de « basse intensité »

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Deux mois après, tout ce que l’on sait sur l’opération du 7 octobre

L’attaque sanglante du mouvement islamiste est intervenue après des mois de manifestations israéliennes contre la réforme de la justice souhaitée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l’histoire du pays. Et cela dans un contexte régional qui marginalisait encore plus les Palestiniens, alors que l’Arabie saoudite était en négociations pour normaliser ses relations avec Israël après les accords d’Abraham de 2020. Planifiée depuis au moins deux ans dans le plus grand secret, l’opération du Hamas pose encore la question de l’implication de l’Iran, tandis que « l’axe de la résistance » avait prôné l’unité des fronts plus tôt cette année. La République islamique se positionne désormais en principal défenseur de la cause palestinienne et met ses voisins arabes dans l’embarras face au dilemme de ne pas trop contrarier leur partenaire américain tout en prenant fait et cause pour les Gazaouis. Certaines initiatives ont été proposées, notamment par l’Égypte, pour éviter un déplacement massif de population, mais aucun consensus n’a jusqu’à présent émergé, malgré les efforts de médiation du Qatar notamment, quant à la forme de la future gouvernance palestinienne de Gaza.

Des Palestiniens de la ville de Gaza examinent les dégâts après une frappe israélienne le 9 octobre 2023. Mahmud Hams/AFP


COP28 à Dubaï

2023 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Pour sa vingt-huitième édition, la conférence des Nations unies sur les changements climatiques s’est déroulée à Dubaï du 30 novembre au 13 décembre 2023. Dans un coup d’éclat, une première mesure a été annoncée dès l’ouverture de la COP28 avec la création attendue d’un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays vulnérables. Une victoire pour les Émirats arabes unis, qui défendaient entre autres l’inclusivité de la conférence, étant par ailleurs très critiqués en tant que gros producteurs et exportateurs d’hydrocarbures, à l’instar d’autres pétromonarchies du Golfe. Sous la pression du président de la conférence Sultan al-Jaber, lui aussi très controversé, la conférence s’est clôturée avec seulement quelques heures de retard sur un texte final de compromis qui ouvre la voie au début de la fin des hydrocarbures. Un accord, certes, mais imparfait pour beaucoup, en dessous des attentes et ambitions de la lutte contre le changement climatique.

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Aux Émirats arabes unis, un objectif zéro carbone empreint de contradictions

Si un consensus a pu être trouvé, les EAU n’ont pas semblé saisir l’occasion de se poser en tant que médiateurs sur les questions de géopolitique régionale. Alors que la guerre de Gaza reprenait de plus belle après une brève trêve, des dirigeants occidentaux et arabes se retrouvaient pourtant dans la capitale économique de la fédération émiratie pour parler aussi de la situation dans l’enclave palestinienne. Quelques mois plus tôt, Abou Dhabi avait annoncé qu’il autorisait les manifestations durant la COP28, alors que les rassemblements populaires sont généralement interdits et la dissidence contrôlée de près. Organiser une marche pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza s’est néanmoins révélé compliqué, les EAU étant notamment considérés comme le fer de lance de la normalisation avec Israël. 

Séisme en Turquie et en SyrieDans la nuit du 5 au 6 février 2023, la terre a tremblé près de Gaziantep, en Turquie, avec une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter, réveillant en panique des millions de personnes. Ce séisme, l’un des plus meurtriers du XXIe siècle, et ses centaines de répliques ont fait près de 50 000 morts, particulièrement dans le sud-est de la Turquie et dans...

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