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Société - Droits de l’homme

HRW dénonce l’intensification des abus au Liban à l’encontre des Syriens

Dans son nouveau rapport, Human Rights Watch invite les gouvernements qui financent les forces de l’ordre libanaises et la Sûreté générale à leur demander de mettre fin aux expulsions illégales et aux autres violations des droits des Syriens.

HRW dénonce l’intensification des abus au Liban à l’encontre des Syriens

Des réfugiés syriens se préparent à quitter le Liban vers le territoire syrien par le poste-frontière de Wadi Hamid, à Ersal, le 26 octobre 2022. Photo d’archives AFP

Dans un nouveau rapport publié jeudi, Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités libanaises d’avoir détenu arbitrairement, torturé et renvoyé de force des Syriens dans leur pays, au cours des derniers mois, y compris des militants de l’opposition et des transfuges de l’armée. 

Entre janvier et mars 2024, HRW a ainsi documenté le retour forcé d’un transfuge de l’armée syrienne et d’un militant de l’opposition par l’armée libanaise et la Sûreté générale, l’agence de sécurité libanaise qui contrôle l’entrée et le statut de résidence des étrangers. Dans un autre cas, les renseignements de l’armée auraient brièvement détenu et torturé un Syrien qui avait participé à une manifestation de solidarité avec les femmes de Gaza.

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Malgré les ordres d’expulsion et un environnement de plus en plus hostile, exacerbé par le fait que les responsables libanais font de la population réfugiée un bouc émissaire, nombreux sont les migrants syriens qui se démènent pour rester au Liban. Environ 1,5 million de Syriens vivent au Liban, selon le gouvernement libanais, soit près du tiers de la population libanaise. Pour autant, seuls 784 884 Syriens étaient enregistrés en tant que réfugiés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en janvier 2024, les autorités libanaises ayant appelé l’organisation onusienne à suspendre les inscriptions en 2015.

13 772 personnes expulsées en 2023

En mars dernier, un rapport des Nations unies indiquait que le HCR avait connaissance de « 13 772 personnes expulsées du Liban ou refoulées à la frontière avec la République arabe syrienne au cours d’environ 300 incidents en 2023 », dont 600 personnes le 8 novembre. Il note également que « les autorités locales de 27 municipalités ont pris des mesures limitant la capacité des réfugiés syriens déplacés dans le sud du Liban à trouver d’autres abris », dans un contexte d’hostilités transfrontalières entre Israël et les groupes armés libanais et palestiniens depuis octobre 2023, dans le sillage de la guerre à Gaza.

« Pendant des années, les autorités libanaises ont imposé des pratiques discriminatoires à l’encontre des Syriens dans le pays afin de les contraindre à retourner en Syrie, qui reste peu sûre », déclare Ramzi Kaiss, chercheur sur le Liban à HRW. « L’arrestation arbitraire, la torture ou l’expulsion de Syriens qui courent un risque fondé de persécution s’ils sont renvoyés dans leur pays sont des taches supplémentaires sur le dossier du Liban en matière de réfugiés », souligne-t-il.

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Depuis l’assassinat de Pascal Sleiman, responsable au sein du parti des Forces libanaises, le 7 avril 2024, qui aurait été perpétré par un groupe de ressortissants syriens selon l’armée libanaise, « des ministres et des responsables politiques libanais ont réitéré leurs appels au retour des Syriens (dans leur pays), ce qui a alimenté la violence actuelle à leur encontre », dénonce HRW. Des Syriens auraient même été battus en avril et auraient été confrontés à des demandes de quitter leur maison dans tout le Liban, les gouvernorats et les municipalités imposant des couvre-feux discriminatoires, restreignant illégalement le droit des Syriens à la liberté de mouvement.

Faleh, Waër, Aatr...

Pour son rapport, HRW indique s’être entretenu avec Mohammad Sablouh, responsable du programme de soutien juridique au Cedar Centre for Legal Studies et avocat représentant trois Syriens, et avoir examiné la correspondance entre l’avocat et les autorités judiciaires libanaises. Deux de ses clients, Rif’at Faleh et Moaz Waër, ont ainsi été expulsés vers la Syrie entre janvier et mars, tandis que Yassine Aatr, un militant de l’opposition syrienne, fait actuellement l’objet d’un ordre d’expulsion de la part de la Sûreté générale. HRW affirme avoir aussi parlé à des proches de Yassine Aatr et de Rif’at Faleh, qui ont demandé à rester anonymes pour des raisons de sécurité, ainsi qu’à un autre avocat, Diala Chéhadé, qui représente un Syrien arrêté par les services de renseignements militaires libanais et qui aurait été torturé.

La expulsions de milliers de Syriens, y compris d’enfants non accompagnés, vers la Syrie en 2023 constitue une violation du droit libanais et des obligations internationales du Liban en matière de droits de l’homme, souligne l’organisation internationale. Les expulsions de militants de l’opposition syrienne et de transfuges de l’armée violent les obligations du Liban en tant que partie à la Convention des Nations unies contre la torture et en vertu du principe de non-refoulement du droit international coutumier, qui interdit le renvoi forcé des personnes vers des pays où elles courent un risque évident d’être torturées ou persécutées.

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C’est dans ce cadre que HRW invite les gouvernements qui financent les forces de l’ordre libanaises et la Sûreté générale à leur demander de mettre fin aux expulsions illégales et aux autres violations des droits des Syriens. « L’armée libanaise et la Sûreté générale ciblent des personnes qui ont déjà beaucoup trop souffert et qui pourraient subir des sanctions encore plus graves de la part des autorités syriennes si elles étaient renvoyées dans leur pays, constate M. Kaiss. Les pays donateurs qui fournissent des fonds et d’autres formes d’assistance aux services de sécurité et aux services militaires libanais doivent s’assurer que les fonds ou les équipements fournis au Liban ne sont pas utilisés pour commettre des violations des droits de l’homme. »

Dans un nouveau rapport publié jeudi, Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités libanaises d’avoir détenu arbitrairement, torturé et renvoyé de force des Syriens dans leur pays, au cours des derniers mois, y compris des militants de l’opposition et des transfuges de l’armée. Entre janvier et mars 2024, HRW a ainsi documenté le retour forcé d’un transfuge de...

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L’OLJ. Pourquoi vous nous censurez?

Sissi zayyat

21 h 56, le 26 avril 2024

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  • L’OLJ. Pourquoi vous nous censurez?

    Sissi zayyat

    21 h 56, le 26 avril 2024

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