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Moyen-Orient - ENTRETIEN EXPRESS

« La relation France-Maroc peut se remettre en marche sans diplomatie humanitaire »

Après le séisme dans les environs de Marrakech vendredi dernier, le royaume chérifien n’a pas encore accepté l’aide de Paris, avec lequel il est brouillé. Hamza Hraoui, cofondateur du cabinet d’affaires publiques internationales MGH Partners, fait le point pour « L’Orient-Le Jour ».

« La relation France-Maroc peut se remettre en marche sans diplomatie humanitaire »

Le président français Emmanuel Macron avec le roi du Maroc Mohammad VI, à Rabat, le 15 novembre 2018. Fadel Senna/AFP

Peu après le tremblement de terre qui a fait près de 3 000 morts dans les alentours de Marrakech, selon un bilan encore provisoire mardi après-midi, Emmanuel Macron s’est dit « bouleversé ». Dimanche, le président français affirmait que Paris se tenait prêt à « intervenir » pour venir en aide, « à la seconde » où les autorités marocaines le demanderont. Depuis, le chef de l’État attend, mais le feu vert de Rabat ne vient pas.

De nombreux analystes avancent le fardeau logistique et de coordination que représente l’afflux massif d’aide étrangère pour justifier la position timorée du royaume, qui n’a accepté l’assistance que de quatre pays, le Qatar, l’Espagne, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni. Mais beaucoup d’autres y voient la conséquence directe des relations tendues entre la France et le Maroc.

Depuis le scandale de l’affaire Pegasus en 2021, qui a révélé que le président Macron, entre autres, était sur la liste des numéros cible du logiciel d’espion israélien pour le compte de Rabat, les relations entre Paris et le Maroc se sont détériorées. En 2022, l’Hexagone a réduit drastiquement le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains, protestant contre le non-respect par Rabat des accords de reconduite à sa frontière de migrants illégaux. Mais ce sont surtout la position française sur le Sahara occidental et le rapprochement entre la France et l’Algérie qui irritent le Maroc, alors qu’il a fait de cette question une boussole diplomatique.

Le royaume chérifien revendique, en effet, la souveraineté sur le territoire de son voisin désertique du Sud, contestée par les séparatistes du Front Polisario, lesquels sont soutenus par Alger. Si Rabat a obtenu des États-Unis la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental en 2020 en échange de la signature des Accords d’Abraham établissant des liens diplomatiques avec Israël, ou encore une inflexion de l’Espagne sur la question, la France campe sur sa position. La diplomatie du séisme permettra-t-elle de renouer les liens entre les deux pays ? Hamza Hraoui, cofondateur du cabinet d’affaires publiques internationales MGH Partners, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

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Dans quelle mesure le refus par Rabat d’approuver l’envoi d’aide officielle française est-il lié aux tensions entre les deux pays ?

À vrai dire, il est difficile de lier les tensions (réelles) entre la France et le Maroc au refus, probablement temporaire, de l’aide officielle française. Je pense que cela a été intensifié par une certaine « infobésité » des chaînes d’information en continu, qui a créé de facto une polémique autoalimentée à mesure que l’aide française restait bloquée. Il faut rappeler que le Maroc n’a accepté à ce jour que quatre équipes étrangères. Il n’y a pas un afflux massif d’aide étrangère qui sous-entend un boycott de la France. Plus d’une vingtaine de pays, comme la France, ont proposé leur soutien matériel et logistique. Le Maroc, de son côté, s’est senti capable de contenir les effets du séisme avec les différents services d’un État qui, rappelons-le, est centralisateur et fort.

Si elle se met en place, la diplomatie du séisme pourrait-elle permettre de réchauffer les liens entre la France et son ancien protectorat ?

Il est évident qu’une telle catastrophe ne peut que rapprocher les deux pays. En tout cas, l’une ou l’autre partie serait tentée de saisir l’occasion pour le faire. Mais cette relation n’a pas besoin de diplomatie humanitaire pour se remettre en marche, il ne faut pas en faire trop. Des brouilles entre les deux pays, il y en a toujours eu. Il est important de rappeler ici que le premier traité d’amitié entre les États a été signé en 1682 entre Louis XIV et le sultan moulay Ismaïl, c’est dire la profondeur des liens. Les signes de solidarité exprimés par la France après le séisme ont été reçus et appréciés à leur juste valeur par Rabat. D’ailleurs, le souverain a exprimé ses remerciements. Mais il faut plutôt penser à reprendre un contact au plus haut niveau pour parler des sujets qui fâchent : Sahara, sécurité mutuelle, etc.

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Quels efforts mutuels resteraient néanmoins à déployer pour rétablir un lien de confiance entre les deux dirigeants ?

Depuis maintenant plus d’un an, le dialogue stratégique est à l’arrêt. Pourtant, les gisements de coopération entre les deux pays sont là et ne demandent qu’à être explorés. L’interdépendance énergétique, par exemple, serait un bon point de départ pour un nouveau deal entre les deux pays. Depuis la guerre en Ukraine, l’Europe sait qu’elle aura besoin de se chauffer, de préférence avec de l’énergie propre, et surtout pas russe, alors que, plus au sud, se trouvent des couloirs venteux, un ensoleillement inégalé, de l’espace d’une proximité géographique qui s’impose d’elle-même. Il est vrai que dans une relation bilatérale aussi ancienne, le lien personnel entre les dirigeants joue beaucoup, et sur ce plan, tout peut arriver. Mais il y a aussi des initiatives qui peuvent être prises par la société civile afin de rapprocher les points de vue et trouver de nouveaux canaux de discussion. 

Peu après le tremblement de terre qui a fait près de 3 000 morts dans les alentours de Marrakech, selon un bilan encore provisoire mardi après-midi, Emmanuel Macron s’est dit « bouleversé ». Dimanche, le président français affirmait que Paris se tenait prêt à « intervenir » pour venir en aide, « à la seconde » où les autorités marocaines le demanderont. Depuis, le...

commentaires (1)

Pour les survivants après le deuil des 3000 morts’ Rabat doit accepter même l’aide de satan pour le séisme dévastateur.

Mohamed Melhem

22 h 52, le 14 septembre 2023

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Commentaires (1)

  • Pour les survivants après le deuil des 3000 morts’ Rabat doit accepter même l’aide de satan pour le séisme dévastateur.

    Mohamed Melhem

    22 h 52, le 14 septembre 2023

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