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Politique - Législatif

Le Parlement reporte les municipales : acte II du rapprochement Bassil-Berry

L’opposition dénonce une démarche « anticonstitutionnelle » et un « poignard dans le dos de la démocratie ».
Le Parlement reporte les municipales : acte II du rapprochement Bassil-Berry

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, au Parlement lors de la séance législative du 25 avril 2024. Photo Mohammad Yassine/ L'Orient-Le Jour

Sans surprise, Nabih Berry a gagné son pari d’entraîner l’adhésion de son meilleur ennemi, Gebran Bassil, à ses projets. Après avoir remporté haut la main les élections à l’ordre des ingénieurs de Beyrouth, il y a deux semaines, grâce à l’alliance avec le tandem Amal-Hezbollah, le chef du Courant patriotique libre a retourné jeudi la politesse : il a assuré le quorum et, surtout, la couverture chrétienne à la séance parlementaire de ce jour, principalement consacrée à voter un troisième report des élections municipales prévues en mai 2024. Le scrutin est donc reporté d’un an, jusqu’au 31 mai 2025, suite à un vote de la Chambre d’une loi prorogeant les mandats des conseils municipaux et des moukhtars. Il est « clair que le vote devait intervenir dans ces circonstances politiques, sécuritaires et militaires complexes en raison de l’agression israélienne contre le Liban-Sud et la Békaa », justifie le député Jihad Samad, auteur de la proposition de loi.

La prorogation s’est faite par 70 voix sur 74 députés présents (les députés ex-haririens de la Modération nationale se sont abstenus) : les blocs parlementaires du duo Hezbollah-Amal et de leurs alliés, mais aussi du CPL, dans une réédition du scénario du précédent report, en avril 2023.  « Nous nous sommes acquittés de nos responsabilités pour éviter le scénario du vide au niveau des municipalités », commente pour L’Orient-Le Jour César Abi Khalil, député CPL, affirmant que leur participation ne contredit pas la position du parti, qui dit refuser toute législation avant l’élection d’un président de la République. « Les municipales et le sort des volontaires de la Défense civile (également abordé lors de la séance) sont une nécessité, contrairement à ce que disent ceux qui ont participé à la prorogation du mandat du chef de l’armée », affirme-t-il en référence à la séance parlementaire du 15 décembre 2023, boudée par les aounistes mais qui avait été rendue possible grâce à la présence des Forces libanaises et du reste des composantes de l’opposition.

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S’exprimant à la fin de la réunion, Gebran Bassil a tenté de justifier la démarche de son groupe. « Nous étions confrontés à deux options, soit la vacance, soit des élections qui n’auraient de toute façon pas eu lieu », a-t-il déclaré. Il a en outre assuré qu’avant de prendre la décision de voter en faveur de la prorogation, le CPL « s’est assuré que les paiements n’avaient pas été décaissés et que les listes d’électeurs n’avaient pas été finalisées ». Une allocation de 10 millions de dollars a été dédiée aux élections dans le budget 2024, mais des défis importants subsistaient, concernant notamment le personnel à mobiliser pour le scrutin, la préparation des bureaux de vote, le déploiement sécuritaire et la situation au Liban-Sud. De sources parlementaires, on apprend que des députés ont estimé que le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, n’est pas en mesure d’organiser le scrutin, contrairement à ce qu’il dit. « Il n’en finit pas de nous dire qu’il est prêt alors qu’il n’a même pas tenu de réunions avec les mohafez (gouverneurs) et les chefs des appareils de sécurité à cet effet », ironise un député.

Tous les participants sont donc sortis gagnants : un test de popularité jugé inopportun a été ajourné ; le gouvernement sortant de Nagib Mikati n’a pas eu à assumer la responsabilité d’une telle démarche impopulaire (il n’aura qu’à acter en Conseil des ministres vendredi la décision du Parlement) ; Gebran Bassil, qui a respecté ses engagements envers Nabih Berry, pourrait (en principe) désormais compter sur lui dans la perspective d’échéances futures.

En l’absence de l’opposition...
La séance s’est tenue en l’absence de la majorité des députés de l’opposition chrétienne (les FL, les Kataëb, le bloc du Renouveau du député réformiste Michel Moawad) et après le départ de l’hémicycle d’autres membres du Parlement. Il s’agit notamment des députés issus de la contestation Najat Saliba, Paula Yacoubian, Yassine Jaber, Ibrahim Mneimné, Firas Hamdane et Melhem Khalaf, qui ont collectivement annoncé leur retrait de la session, citant son caractère « anticonstitutionnel » en l’absence d’un président en exercice et leur « solidarité avec les habitants du Sud ».

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De son côté, le Rassemblement démocratique (du Parti socialiste progressiste) s’est rendu dans l’hémicycle sans son chef, Taymour Joumblatt. « Nous sommes pour toute démarche à même d’assurer le bon fonctionnement des institutions », a expliqué à L’Orient-Le Jour Hadi Abou el-Hosn. « Il y a aussi la guerre en cours au Liban-Sud, ainsi que les craintes quant à d’éventuelles élections qui n’assureraient pas l’équilibre (confessionnel) au sein du conseil municipal de Beyrouth », indique M. Abou el-Hosn, qui fait valoir que seul le numéro deux de la Chambre, Élias Bou Saab, a voté en faveur d’une proposition joumblattiste visant à proroger les mandats des municipalités de quelques mois seulement, jusqu’au 30 septembre 2024. « La Chambre a estimé qu’il s’agit d’une proposition qui ne sera pas applicable au vu des circonstances difficiles que le pays traverse actuellement », commente un parlementaire sous couvert d’anonymat. À en croire César Abi Khalil, les députés, notamment les joumblattistes et leurs collègues du Hezbollah, ont rejeté une autre proposition aouniste qui aurait permis aux membres des conseils municipaux ayant démissionné de leur poste de revenir sur leur décision afin d’assurer la continuité du service public. « Avaliser une telle démarche reviendrait à effectuer des nominations au sein des conseils municipaux. Nous (députés) n’avons pas cette compétence », commente Marwan Hamadé, membre du Rassemblement démocratique.

Réagissant à ce nouveau report, le chef des FL, Samir Geagea, a accusé « le camp de la moumanaa (mené par le Hezbollah) et le Courant patriotique libre d’avoir poignardé, une nouvelle fois, la démocratie au Liban, en privant les gens de leur droit à choisir leurs représentants ». « Ils ne veulent pas d’élections qui dévoileraient leur faiblesse au niveau populaire », a estimé le leader des FL sur son compte X, sans faire mention d’un éventuel recours en invalidation que son parti compterait présenter devant le Conseil constitutionnel, en coordination avec le reste des composantes de l’opposition, comme l’avait annoncé mercredi le député (FL) Georges Okaïs. En attendant la prochaine étape, Adib Abdel Massih, membre du bloc du Renouveau, s’est livré à une « autocritique » de l’opposition. Ce camp « a contribué d’une manière indirecte à la prorogation du mandat des municipalités, dans la mesure où les protagonistes se sont inclinés devant le fait accompli », a-t-il écrit sur X.

Sans surprise, Nabih Berry a gagné son pari d’entraîner l’adhésion de son meilleur ennemi, Gebran Bassil, à ses projets. Après avoir remporté haut la main les élections à l’ordre des ingénieurs de Beyrouth, il y a deux semaines, grâce à l’alliance avec le tandem Amal-Hezbollah, le chef du Courant patriotique libre a retourné jeudi la politesse : il a assuré le quorum et,...
commentaires (5)

Encore censurée, POURQUOI?

Sissi zayyat

21 h 58, le 26 avril 2024

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Encore censurée, POURQUOI?

    Sissi zayyat

    21 h 58, le 26 avril 2024

  • Photo interessante : Il manquerait des bulles pour en faire une photo extraite d'un "roman photo" de l'époque. Bravo pour le photographe pour cette prise réussie et parlante.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 07, le 26 avril 2024

  • On peut dire, au moins, que le photographe n'est pas un grand fan du CPL.

    Céleste

    11 h 51, le 26 avril 2024

  • LE PARAVENT HEZBIQUE CORROMPU ET LE DESHERITE DU PERCHOIR, TOUS DEUX BOURRES A ECLATER TINTANTS, PRIS DANS UN TANGO D,AMOUREUX...

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    10 h 29, le 26 avril 2024

  • Les députés FL restent fideles à cette ligne, au demeurant incohérente, afin de prolonger le général Aoun ils font acte de présence et dans le cadre de l'affaire des municipales ils denoncent cette prorogation. Le problème, surtout au Liban, c'est que les décisions controversées ne sont pas à la carte. Ils auraient du etre au parlement afin de porter leur refus et non se manifester seulement quand la tambouille leur convient. Malheureusement nos lois sont faites par rapport aux petits arrangements et nos politiciens maitres es acquoquinements en tirent un maximum de profits.

    C…

    08 h 15, le 26 avril 2024

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