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Lifestyle - Carnet de bord

XVII- Où est passé notre argent ?

Photo A.R.

« Cette nuit encore, je n’ai pas dormi, à cause des heurts à Beyrouth », me dit mon mari ce matin, en prenant son petit déjeuner, zaatar et baguette.

Scotchés aux nouvelles, nous le sommes tous ici, à des degrés divers. Elles arrivent en continu. Grâce à internet, on peut suivre l’actualité en direct sur les chaînes libanaises, mais aussi sur les réseaux sociaux où chacun peut témoigner en temps réel. Internet nous permet aussi d’échanger et de garder le contact avec les proches restés au pays, en temps réel. À révolution 2.0, exil 2.0. Il est loin le temps où les Libanais enregistraient et envoyaient des cassettes audio pour donner des nouvelles aux proches dispersés sur les cinq continents. Aujourd’hui, le temps et la distance ont été abolis grâce aux nouveaux moyens de communication. Les nouvelles vont vite. Les idées se propagent. Les citoyens demandent des comptes.

Lundi dernier, le Monsieur retraite français, Jean-Paul Delevoye, a démissionné. Il avait « omis » de déclarer certains de ses mandats exercés en parallèle de ses fonctions gouvernementales. Résultat, l’artisan du plan de réforme des retraites en France s’est retrouvé fortement décrédibilisé par des soupçons de conflits d’intérêts. Coup dur pour le gouvernement d’Édouard Philippe, déjà confronté depuis presque deux semaines à des mobilisations, grèves massives et manifestations contre son plan de réforme des retraites. « Mon erreur est d’une légèreté coupable. Je la paye. C’est la dure loi de la responsabilité, de l’exemplarité et de la transparence qui doit s’appliquer à tous et à moi en particulier », a écrit M. Delevoye dans sa lettre de démission.

Lundi dernier, aussi, Fouad Siniora a écrit sur son compte Twitter : « J’ai toujours œuvré dans l’intérêt du Liban. » La veille, l’ancien Premier ministre libanais, hué pendant près d’une heure, avait fini par quitter l’Assembly Hall de l’AUB où il devait assister à un concert. Depuis le début de la révolte du 17 octobre, son nom revient régulièrement dans la bouche des révolutionnaires, qui appellent « les corrompus à rendre l’argent pillé ».

Lundi dernier encore, le parquet national financier a requis, à Paris, quatre ans de prison, 10 millions d’euros d’amende et la confiscation de tous les biens immobiliers français (estimés à 90 millions d’euros) de Rifaat el-Assad. L’oncle du président syrien Bachar el-Assad est jugé pour « blanchiment en bande organisée » de fraude fiscale aggravée et de détournements de fonds publics syriens pendant près de 30 ans, entre 1984 et 2016. C’est la deuxième affaire de « biens mal acquis » jugée en France, après le procès du vice-président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang.

Lundi dernier toujours, des chercheurs ont écrit une tribune dans le journal Le Monde : « En 30 ans, le Liban a reçu près de 260 milliards de dollars de transferts, soit une fois et demie ce qu’a reçu toute l’Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec le plan Marshall ! »

Où est passé cet argent ? Où est passé notre argent ?

*Ce carnet de bord d’un départ est le récit, partagé une fois par semaine, des aventures, des émotions et de la nostalgie d’une Française qui a passé 10 ans au Liban, avant de repartir pour la France avec son époux libanais et ses enfants.


Les épisodes précédents

D’une grève à l’autre

Être libanais

« La femme est l’avenir de l’homme »

Premières neiges

Expliquer la révolution

Épuisement émotionnel

Voir la révolution

« Koullouna lil watan », de la place des Martyrs à la place du Trocadéro

Un dimanche à Paris

Beyrouth, Paris : d’une pollution à l’autre

Paris sans voiture

Des papiers, toujours des papiers...

Première rentrée parisienne pour mes petits Beyrouthins

Ce sens de l’entraide si libanais

Comment faire rentrer un grand appartement beyrouthin dans un petit appartement parisien ?

« Nous quittons » le Liban


Lire aussi, le carnet de bord de Christian Kamel, sur son retour au Liban

Oui, nous reviendrons

Ces émotions qui nous unissent

Nous ne regrettons rien

Le plus beau pays du monde

Et la vie continue (?)

La révolution (pas si) tranquille libanaise

Baptême de feu au cœur de la révolution

Ces dates qui marquent tout expatrié

La liberté d’espérer

Le temps des pommes

Et maintenant, on fait quoi ?

Libanité, entraide et hospitalité !

Le sentiment d’un retour aux sources

À contresens, nous rentrons au Liban !

« Cette nuit encore, je n’ai pas dormi, à cause des heurts à Beyrouth », me dit mon mari ce matin, en prenant son petit déjeuner, zaatar et baguette. Scotchés aux nouvelles, nous le sommes tous ici, à des degrés divers. Elles arrivent en continu. Grâce à internet, on peut suivre l’actualité en direct sur les chaînes libanaises, mais aussi sur les réseaux sociaux où...

commentaires (1)

Les lunettes de la photo resemblent celles de "Cordon Courtine".

Stes David

14 h 25, le 18 décembre 2019

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Commentaires (1)

  • Les lunettes de la photo resemblent celles de "Cordon Courtine".

    Stes David

    14 h 25, le 18 décembre 2019

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