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Lifestyle - Rencontre

Marilyne Naaman, « impulsive, émotionnelle et pas si politiquement correcte »

2024 aura été « l’année Marilyne », avec un film, une série, un album et un concert qui esquissent les nombreuses nuances de cette (jeune) artiste accomplie. Rencontre.

Marilyne Naaman, « impulsive, émotionnelle et pas si politiquement correcte »

Marilyne Naaman entre nostalgie et légèreté. Photo Mohammad Yassine

C’est à 21 heures, un dimanche soir, que le rendez-vous est calé. Entre deux prises pour le tournage d’un film de science-fiction et avant les répétitions d’un concert prévu à « O » les 23 et 24 mai prochain, elle trouve une heure (et plus parce que affinités) à glisser pour cette entrevue.

Marilyne Naaman arrive à l’heure, elle est « comblée ». « Épuisée et comblée », dit-elle. « Le numéro que vous avez demandé n’est plus en service actuellement… » plaisante-t-elle. « Je voudrais juste avoir le temps d’apprécier tout ce qui se passe, de ressentir toutes les émotions et les bonheurs, de digérer cette pression médiatique et cette responsabilité », confie-t-elle plus sérieusement, avant de s’installer et de reprendre son souffle et son sourire. « Et je ne l’ai pas !  »

La jeune femme aux yeux soulignés de deux petits points noirs, des tatouages provisoires que l’on devine sous sa chemise blanche, un peu son image de fabrique, a très vite réussi, du haut de ses 26 ans « bientôt » et son 1 m 58, à séduire, convaincre et surprendre.

Un soir en « pyjama party » dans un concert informel devant une audience réduite, le lendemain en Layla, femme passionnée, épouse et mère éprise de liberté dans le film La nuit du verre d’eau de Carlos Chahine aux côtés de Nathalie Baye, puis en Farah dans la série « Aa amal » qui a cartonné sur MTV durant le mois de ramadan, Marilyne Naaman se renouvelle et s’épanouit sans rien trahir de sa fraîcheur et de sa passion pour son métier. « Passion et pression vont de pair », corrige-t-elle.

Sa prestation dans The Voice France, en mars 2023, semble aujourd’hui un (bon) souvenir dont elle retient le meilleur. « C’était, à ma grande surprise, une immense plateforme de liberté où j’ai pu m’exprimer comme j’en avais envie. Et même apparaître comme j’en avais envie, et qui m’a permis de créer ce monde d’enfance qui me ressemble. »

Longtemps prise pour une artiste « francophone » – le télé-crochet a également brouillé les pistes – et pour une adolescente un peu timide, la voilà qui se dévoile dans une maturité et une lucidité déconcertantes. Un pied dans l’adolescence, l’autre dans une féminité assumée, un peu dans la gravité, un peu dans l’humour, son grand écart s’est fait avec grâce et élégance, en toute simplicité aussi. « Sincérité, surtout. » Les rôles qu’elle a interprétés ces deux dernières années en sont de belles illustrations : celui de Layla, pour lequel elle a remporté le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Amman, cette femme qui, sous la direction de Carlos Chahine, découvre le plaisir après avoir connu la culpabilité dans une société des années 50 où l’on « marie sa fille » tôt ; et celui de Farah, jeune étudiante, chanteuse et fille d’une grande star de télévision (Maguy Bou Ghosn), dans une société ultraconservatrice et patriarcale pour « Aa amal » écrite par Nadine Jaber, réalisée par Rami Hanna et produite par Eagle Films. « Quand je décide d’être comédienne, ce sont plusieurs versions de moi que je dévoile et que j’exploite. Lorsqu’un rôle est bien écrit et qu’il est proche du cœur, c’est si bon d’être quelqu’un d’autre… »

Actrice, chanteuse, réalisatrice « et plein de petites choses ». Photo Mohammad Yassine

Confessions

« Ce succès est venu trop vite, je ne l’ai pas encore intégré ni digéré. C’est overwhelming, énorme... » Trilingue, Marilyne Naaman, au détour d’une phrase, d’une explication, d’une impression, passe d’une langue à l’autre sans transition. « C’est un peu le problème de ma génération, cette mauvaise habitude de mélanger les langues, désolée… » « Pourtant, reprend-elle, je ne me sens pas appartenir à la génération des émoticones, des i-phones, des likes, des réseaux sociaux. Celle des expériences éphémères, du paraître. Je ne me retrouve pas dans ce rythme… »

Au lieu de ça, Marilyne, qui fait quand même partie de cette génération 2.0 pressée, impatiente, rapide – « je l’ai été, sans le vouloir ! »–, est beaucoup dans la nostalgie, dans ce temps qui passe et que l’on a envie de regarder passer, de chanter, de fixer. Les morceaux de son répertoire appartiennent, souvent, à des classiques libanais. « Parfois, je suis très nostalgique, parfois très engagée. Parfois, j’ai juste envie de chanter », avoue-t-elle. À la fois actrice slash, chanteuse, scénariste, réalisatrice « et beaucoup d’autres petites choses », la jeune femme a fait des études en cinéma et audiovisuel à l’Université Notre-Dame avant de s’embarquer en 2019 pour Stuttgart où elle a suivi un atelier intensif à la Filmakademie Baden-Württemberg dans la réalisation, l’écriture et l’interprétation. « C’est pourquoi, dit-elle, quand je chante, quand je joue, je peux avoir une vision globale des choses. »

Pour mémoire

Marilyne Naaman à « The Voice » : surprenante, comme toujours

Après l’énorme succès de la série « Aa amal », celui de son album, où elle en interprète les chansons écrites par Jad Obeid, a vite suivi. « Il manquait une musique, il manquait de remplir les silences exprimés dans la série. » Les billets du concert prévu à O les 23 et 24 mai ont été happés en quelques heures.

En plein tournage d’un film d’horreur produit par Abbout Productions et réalisé par Nadim Tabet, une nouvelle expérience dans une année riche en émotions, elle explique : « Dans ce genre de tournage, il faut complètement s’abandonner au réalisateur, et c’est très nouveau pour moi. » Ce qu’on peut lui souhaiter pour la suite ? « Que ça continue, que je reste ancrée, que je reste en forme, que la porte de la créativité reste ouverte. Et puis que je puisse prendre mon temps. »

Avec sa complice et amie, la réalisatrice Lynn Tawilé, qui est aussi sa manager, elle se prépare à la suite. Et d’abord, ce concert les 23 et 24 mai qu’elle ne chantera sûrement pas en pyjama, ressortant pour l’occasion une féminité, ponctuée de tatouages multicolores, dont elle sait aussi jouer.

Mais c’est plus tard, lorsque les projecteurs se sont éteints, que la séance photo s’est achevée, l’interview aussi, que Marilyne Naaman s’est abandonnée à son humour, (re)devenue à son grand bonheur « impulsive, émotionnelle et pas si politiquement correcte ».

« Bisous, Dieu », lui dit-elle, les doigts en forme de cœur.

C’est à 21 heures, un dimanche soir, que le rendez-vous est calé. Entre deux prises pour le tournage d’un film de science-fiction et avant les répétitions d’un concert prévu à « O » les 23 et 24 mai prochain, elle trouve une heure (et plus parce que affinités) à glisser pour cette entrevue. Marilyne Naaman arrive à l’heure, elle est...

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