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Lifestyle - Carnet de bord

VIII - Un dimanche à Paris

Photo A.R.

Ce dimanche, j’ai rencontré Nuage et sa fille Odyssée. Enfin, « rencontrer » est un bien grand mot, vu la profondeur de nos échanges. Nuage et Odyssée sont les « auxiliaires d’entretien des espaces verts de la Cité des sciences et de l’industrie ». Deux brebis en fait, au regard tendre et à la belle toison brune. « En broutant, elles entretiennent les pelouses et vont maintenir en permanence une hauteur d’herbe située entre 10 et 15 cm », est-il indiqué sur le panneau d’information accroché au grillage autour du pâturage parisien. Un peu plus bas, dans un autre carré d’herbe, des poules picorent le sol. Parmi elles, pas de coq, est-il précisé, pour éviter que son chant ne réveille les voisins à l’aube. Sage précaution. Derrière les grilles, les enfants sont ébahis. Enfin, surtout les miens. Les autres auraient tendance à vaquer à leurs occupations.

Quelques instants plus tôt, à quelques dizaines de mètres de là, mes deux enfants étaient en hypnose, tout comme leur mère, devant deux personnes en combinaison rouge et bleu volant, sans ailes, dans un tube de verre. Un simulateur de chute libre de 14 m de haut promet « le rêve du vol à portée de tous » dans le centre commercial de la Villette. À Paris, la course à la technologie côtoie un retour vers la simplicité. Des bus-restaurants roulent dans les rues de la capitale, proposant une « expérience unique » et un « repas gastronomique », alors que les jeux de ficelle de mon enfance refont leur apparition dans les cours d’école.

Pendant ce temps-là, au Liban, le dollar se fait rare et la livre menace de s’effondrer. « Atmosphère de crise à Beyrouth (pour changer) », m’écrit-on. Moi, je suis passée de l’autre côté, au pays du confort et de la paix. Me revient en mémoire mon rapatriement, fin juillet 2006. À l’aéroport de Chypre, les Libanais, hagards, laissant un pays en guerre derrière eux, côtoyaient des groupes de touristes anglais, à la peau brûlée par le soleil après leur semaine de vacances. Quelques kilomètres seulement et tout un monde séparait alors Beyrouth de Larnaca. « Je ne suis plus du tout les nouvelles du pays, me dit récemment un Libanais installé depuis plusieurs années à Paris. À quoi bon ? »

À Paris, nous rejoignons en retard des amis qui terminent leur pique-nique sur la pelouse de la Villette. Les enfants sont heureux mais exténués, après avoir arpenté pendant deux heures les rues de la capitale lors d’une chasse aux trésor géante. « Ça se voit que vous venez d’arriver à Paris, vous êtes encore motivés », nous lancent les amis, bien installés sur leurs nappes colorées. « Venez profiter de cette belle journée, c’est la dernière. Comme un cadeau avant le long hiver. » Dans le ciel, des nuages noirs s’amoncellent déjà.

*Ce carnet de bord d’un départ est le récit, partagé une fois par semaine, des aventures, des émotions et de la nostalgie d’une Française qui a passé 10 ans au Liban, avant de repartir pour la France avec son époux libanais et ses enfants.


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Ce dimanche, j’ai rencontré Nuage et sa fille Odyssée. Enfin, « rencontrer » est un bien grand mot, vu la profondeur de nos échanges. Nuage et Odyssée sont les « auxiliaires d’entretien des espaces verts de la Cité des sciences et de l’industrie ». Deux brebis en fait, au regard tendre et à la belle toison brune. « En broutant, elles entretiennent les...

commentaires (1)

Le grand absent dans cette série "Carnet de bord" c'est le père libanais. Je suppose qu'il est maintenant aussi à Paris ...

Stes David

10 h 13, le 17 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • Le grand absent dans cette série "Carnet de bord" c'est le père libanais. Je suppose qu'il est maintenant aussi à Paris ...

    Stes David

    10 h 13, le 17 octobre 2019

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