Nous avons poursuivi la route vers la montagne, cette fois-ci pour nous dégourdir l’esprit. Mes horizons sont limités depuis quelques semaines. Avec tout ce qui se passe, j’ai eu tendance à rester un peu trop scotché au petit écran, au détriment du temps consacré à la famille et à des distractions salutaires. Un gentil rappel à l’ordre de ma douce m’a remis sur le bon chemin : elle ne veut pas, me dit-elle, répéter ce que nous avons subi enfants pendant les années de guerre où les sujets de discussion autorisés se limitaient aux événements, et menaient inévitablement à une overdose généralisée d’un quotidien omniprésent et envahissant.
Un coup de fil inattendu, accompagné d’une invitation de dernière minute typiquement libanaise, et nous voilà arrivés dans un village blotti le long de la route où une ancienne demeure familiale a été merveilleusement transformée en complexe agrotouristique. Beit Haïfa, ou comment donner chair à sa passion, charmant lieu né du travail acharné d’un homme qui semble infatigable. Et l’accueil chaleureux de ce monsieur reflète ce que la nation entière a de mieux à offrir : un amour pour la terre, une générosité débordante, une fierté du travail bien accompli, une cuisine délicieuse et une attention toute particulière portée aux visiteurs. Preuve, s’il en fallait encore, que le Liban regorge de trésors !
Retour sur Beyrouth à temps pour ma routine du soir qui est bien rodée à présent : taper de la casserole sur le balcon à 20 heures précises et lire quelques histoires à mon fils pour l’aider à s’endormir. Une fois mes missions accomplies, je descends de chez moi à pied pour faire un tour de la place des Martyrs, écouter ce qui se dit et faire le plein de cette détermination ambiante. La place déborde de monde et d’énergie ; elle grouille d’idées et de débats enflammés avec l’espoir d’éclairer un tant soit peu cette grande lutte que mène le peuple. Je suis impressionné de constater à quel point l’organisation de cet espace de contestations évolue, prend forme(s), gagne en maturité et surtout combien cette nouvelle génération a bien pris les choses en main. Prions afin qu’elle puisse mener notre bateau et ce projet d’un Liban nouveau à bon port.
Ce carnet de bord est le récit, partagé une fois par semaine, du retour de Christian Kamel, son épouse et leur fils au Liban. Alors qu’ils sont nombreux à quitter le pays du Cèdre, un émigré fait le chemin inverse. Parce que ce pays, qu’il a quitté enfant, est aussi le sien.
Les épisodes précédents
La révolution (pas si) tranquille libanaise
Baptême de feu au cœur de la révolution
Libanité, entraide et hospitalité !
Le sentiment d’un retour aux sources
À contresens, nous rentrons au Liban !
Découvrez, en parallèle, le carnet de bord de Anne R. qui, elle, quitte le Liban:
Beyrouth, Paris : d’une pollution à l’autre
Première rentrée parisienne pour mes petits Beyrouthins
Ce sens de l’entraide si libanais
Comment faire rentrer un grand appartement beyrouthin dans un petit appartement parisien ?
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