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À La Une - Liban

Le Hezbollah en Syrie : les combattants, l’impact sur le terrain, les déclarations

Depuis quand le parti chiite libanais est-il impliqué dans la guerre en Syrie ? Dans quelles régions a-t-il joué un rôle militaire clé ? Et quelles ont été les principales déclarations de Hassan Nasrallah sur le sujet ? Repère.

Les drapeaux du Hezbollah et de la Syrie sur un véhicule militaire dans le Qalamoun syrien, le 28 août 2017. REUTERS/Omar Sanadiki.

Après l'Irak qui a proclamé le 9 décembre sa victoire contre le groupe État islamique, la Syrie devrait faire une annonce allant dans le même sens, les combattants du groupe jihadiste étant acculés dans leurs deniers secteurs, près de huit ans après le début du conflit. Grâce à l'intervention de la Russie, dont le président vient d'annoncer le retrait partiel de ses troupes, mais fort aussi du soutien militaire de l'Iran et du Hezbollah, le régime de Bachar el-Assad a en effet repris le contrôle d'une grande partie du territoire syrien.

Le Hezbollah, créé dans les années 1980 pour lutter contre l’intervention puis l’occupation israélienne au Liban, reçoit de longue date un soutien financier et militaire de l’Iran. Bête noire d’Israël, il est le seul parti libanais à ne pas avoir abandonné son arsenal à la fin de la guerre civile. Classé "organisation terroriste" par Riyad et Washington, cible de sanctions économiques américaines, il est aujourd’hui un acteur incontournable des conflits qui ravagent le Moyen-Orient. Car outre la Syrie, ce puissant mouvement armé a envoyé des conseillers en Irak pour soutenir les milices chiites du Hachd al-Chaabi dans leur lutte contre l'EI. Il est également accusé par l'Arabie saoudite sunnite, grand rival de l'Iran chiite, d'entraîner les rebelles yéménites houthis aux tirs balistiques.

Les interventions régionales du parti chiite sont sources de dissensions au Liban. Lors de l'annonce de sa démission, le 4 novembre depuis Riyad, Saad Hariri avait dénoncé le rôle déstabilisateur de l'Iran et du Hezbollah. M. Hariri a fini par revenir sur sa démission après avoir obtenu des partis libanais la réaffirmation d'une "distanciation" du Liban par rapport aux crises régionales.

 

Retour sur l'engagement du Hezbollah dans une de ces crises régionales : la guerre en Syrie.

 

 

Quand le Hezbollah a reconnu
et justifié son implication dans la guerre en Syrie 

 De gauche à droite, les portraits de l'ayatollah Khamenei, du président syrien Bachar el-Assad et du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Photo Reuters

 

Avant de reconnaître l'engagement militaire du Hezbollah en Syrie, le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, dément les rumeurs qui se font de plus en plus pressantes à cet égard. "Jusqu'à cette heure, nous n'avons pas combattu aux côtés du régime, et le régime ne nous l'a pas demandé. D'ailleurs, qui dit qu'agir ainsi serait dans l'intérêt du Liban ?" lance-t-il le 11 octobre 2012.

Quelques mois plus tard, le 30 avril 2013, le chef du parti chiite finit par reconnaître l'implication de membres de son parti dans les combats auprès du régime de Bachar el-Assad dans des régions syriennes frontalières du Liban. La justification ? "Certaines informations faisaient état d'une éventuelle invasion par des rebelles de villages habités par des Libanais en Syrie, dit-il alors. Il était dès lors normal d'offrir toute l'aide possible et nécessaire pour épauler l'armée syrienne, les comités populaires (milices locales pro-régime) et les habitants libanais". Il précise également que plus de 30.000 Libanais, de différentes confessions, se trouvent à Qousseir, une ville syrienne proche de la frontière libanaise.

 

 

Les combattants engagés sur le terrain

Des combattants du Hezbollah portent les cercueils de leurs camarades tués en Syrie lors d'une cérémonie organisée pour leur enterrement à Baalbek, le 21 septembre 2015. Photo AFP / STR

 

Depuis 2013, le Hezbollah a envoyé des milliers de combattants (5.000 à 8.000 selon des experts cités par l'AFP) pour venir en aide au régime syrien face aux rebelles et aux jihadistes. Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) publié fin novembre 2017, plus de 119.000 membres des forces progouvernementales ont été tués, dont 62.000 soldats syriens et 1.556 membres du Hezbollah.

Parmi eux d'importants cadres du parti, comme Ali Bazzi, un haut commandant militaire du Hezbollah, tué "en zone de combats", en Syrie, annonce le 8 décembre 2013 un responsable des services de sécurité libanais.

Le 18 janvier 2015, six membres du Hezbollah, dont un responsable et le fils de Imad Moughniyeh, commandant militaire assassiné en 2008, sont tués dans un raid israélien sur le Golan syrien. Et le 10 octobre 2015, la "Résistance islamique", branche du Hezbollah chargée des opérations contre Israël, annonce que "le martyr Hassan Hussein al-Hajj (un des principaux chefs militaires du Hezbollah) a été tué en effectuant son devoir en Syrie".

Samir Kantar, une autre importante figure du Hezbollah, est, quant à lui, tué le 20 décembre 2015 dans un raid aérien israélien près de Damas. Puis, le 13 mai 2016, le parti chiite perd son chef militaire en Syrie, Mustafa Badreddine, l'un des cinq membres du parti chiite accusés du meurtre de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri en 2005.

 

Des combattants du parti chiite ont également été retenus en otage. C'est le cas de Imad Ayyad, enlevé dans la région du Qalamoun syrien, qui rentre à Beyrouth le 25 novembre 2014. Selon certaines sources, sa libération à eu pour contrepartie celle de "deux membres du Front al-Nosra" (appelé aujourd'hui Fateh el-Cham, ndlr). Refusant manifestement de reconnaître tout échange avec al-Nosra, une source au sein du Hezb se contente alors de dire que les ravisseurs étaient des "hommes armés du Qalamoun".

A l'issue d'un accord avec Fateh el-Cham, cinq combattants du Hezbollah faits prisonniers en 2015 en Syrie sont aussi libérés, le 3 août 2017. Avant cela, dans la nuit du 1er août, trois combattants du Hezbollah sont remis au directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, contre trois jihadistes livrés à Fateh el-Cham. Enfin, le 14 septembre 2017, Ahmad Maatouk, un combattant du Hezbollah qui était aux mains du groupe État islamique, rentre à Seir el-Gharbiyé, dans la région de Nabatiyé, au Liban-Sud.

 

 

Les régions où le Hezbollah a joué un rôle clé

Un char du Hezbollah dans la région syrienne de Qalamoun, le 28 août 2017. Photo AFP/Louai Beshara/AFP

 

Allié indéfectible du président Bachar el-Assad, le Hezbollah a joué un rôle crucial sur le terrain, aidant à faire pencher la balance en faveur du régime. "Militairement, le Hezbollah s'est aguerri en Syrie. Il a acquis des capacités offensives, pas uniquement celles d'un mouvement de contre-insurrection", confirmait récemment Karim Bitar, expert en relations internationales, à l'AFP.  Pour Joseph Bahout, analyste à la Fondation Carnegie, le Hezbollah est même devenu aujourd'hui "un modèle pour toutes les mini-forces dans la région", dont les rebelles houthis du Yémen.

Militairement, près de trois mois après l'annonce officielle de l'implication du parti chiite aux côtés des forces d'Assad, ces dernières reprennent, en juin 2013, la région de Qousseir (ouest), qui fut longtemps une place forte rebelle près de la frontière libanaise. Le 11 octobre de la même année, l'OSDH annonce que les troupes régulières et le Hezbollah contrôlent les localités de Husseiniyé et de Dyébiyé, dans la banlieue sud de Damas. Cinq jours plus tard, l'armée syrienne, appuyée par le Hezbollah, reprend aux rebelles le contrôle de la localité stratégique de Boueida, au sud de la capitale.

L'année suivante, les avancées du régime syrien et de son allié libanais sur le terrain se poursuivent. Le 3 mars, ils reprennent al-Sahel, une localité aux portes de Yabroud, l'un des plus importants bastions rebelles dans la province de Damas, près de la frontière libanaise. Le 29 mars, ils reprennent deux villages dans Qalamoun, renforçant leur emprise sur cette région stratégique frontalière du Liban.

Le 11 février 2015, le Hezbollah et l'armée syrienne s'emparent de postes stratégiques à la lisière des positions tenues par Israël, dans le cadre de leur plus vaste offensive pour bouter les rebelles du sud de la Syrie. Al-Manar, organe médiatique du parti chiite, indique qu'il s'agit de "la plus importante opération préventive dans les environs de Kuneitra, de Deraa et au sud de Damas depuis que les rebelles se trouvent dans la région". Le 9 mai de la même année, le Hezbollah, annonce avoir pris avec l'armée syrienne une base d'al-Nosra, Sahlet al-Maaysra, affirmant qu'il s'agit de "la plus grande base à Qalamoun" d'el-Qaëda en Syrie. Près d'un mois plus tard, le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, déclare alors : "Homs est sûre, Hama est sûre et maintenant le Qalamoun est sûr".

Le 6 juillet 2015, c'est au tour de Zabadani d'être reprise aux rebelles. En octobre de la même année, l'armée syrienne et le Hezbollah lancent une offensive dans la province de Homs, reprise totalement le 22 mai 2017.

Le 16 décembre 2015, l'armée syrienne et le Hezbollah reprennent le contrôle d'une colline stratégique à Lattaquié, berceau de la famille Assad. Fin décembre, ils prennent la partie nord de Cheikh Miskine, dans la province de Deraa (sud).

Autre bataille cruciale, celle de Palmyre, dans l'est de la Syrie. Le 24 mars 2016, appuyée au sol par ses alliés -le Hezbollah et les forces spéciales russes- l'armée syrienne entre dans la cité de Palmyre pour en expulser l'EI. Le 11 décembre 2016, l'EI reprend Palmyre mais en sera chassé plus tard, le 2 mars 2017.

Le 22 décembre 2016, le régime syrien soutenu par le Hezbollah reprend le contrôle total d'Alep, deuxième ville du pays, remportant sa plus grande victoire face aux rebelles depuis le début de la guerre en 2011. "Aujourd’hui, après la victoire à Alep, les projets visant à faire chuter le régime ont échoué. Oui, nous sommes face à une nouvelle étape de la guerre en Syrie. Nous avons réalisé de grandes avancées", déclare, le lendemain, Hassan Nasrallah.

L'année suivante, en septembre, l'armée syrienne, appuyée par le Hezbollah, brise le siège de l'aéroport de Deir ez-Zor qu'imposait depuis trois ans l'EI. Et le 19 novembre 2017, l'armée syrienne et ses alliés chassent l'EI de Boukamal, dernière ville aux mains de l'organisation ultraradicale.



Les principales déclarations de Nasrallah sur la Syrie

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d'un discours retransmis à la télévision, le 24 juin 2016.  Photo AFP/AL-MANAR

 

"La vraie Syrie est celle de Bachar el-Assad. La Syrie ne représente pas uniquement le lien entre l'Iran et le Hezbollah, mais elle est le principal soutien militaire et logistique de la Résistance" (le 18 juillet 2012).


"Si vous croyez que nous allons revenir sur nos positions concernant la Syrie, vous avez tort. (...) Si cela est nécessaire, j'irai moi-même en Syrie; le Hezbollah et moi-même nous irons en Syrie" (16 août 2013).


"Notre présence en Syrie vise à défendre le Liban, la Palestine et la Syrie qui est la colonne vertébrale de la résistance. Tant que les raisons de notre présence en Syrie existeront, nous y resterons" (le 15 novembre 2013). 


"Si nous abandonnons nos responsabilités en Syrie, les frontières libano-syriennes seraient envahies (par des rebelles). Nous combattons en Syrie pour défendre le Liban. Le jour viendra où tout le monde nous remerciera pour notre intervention (en Syrie) et ils remercieront les jeunes combattants tombés en martyr" (le 3 décembre 2013).


"Sans le combat mené par le Hezb dans les régions syriennes de Qalamoun et de Qousseir contre les rebelles, l’État islamique serait arrivé à Beyrouth" (le 14 août 2014).

 

Le 24 mai 2015, Hassan Nasrallah reconnaît pour la première fois, que son mouvement combat partout en Syrie les rebelles et le groupe État islamique, qui représente selon lui un "danger existentiel" requérant une union sacrée.

 

"Nous avons franchi une étape critique en Syrie, à l'ombre des développements internes, régionaux et internationaux. Le dossier syrien emprunte une nouvelle voie, et il est possible qu'il y ait une solution politique sérieuse, car le monde traite désormais la question de manière réaliste" (le 9 octobre 2015).


"Aujourd'hui, nous subissons une autre Nakba orchestrée par les États-Unis. Avec leurs alliés, ils ont créé des organisations takfiristes (jihadistes) et terroristes pour détruire la 'résistance' dans la région" (le 12 mai 2016).

 

"Nous avons gagné la guerre en Syrie et il ne reste que quelques batailles éparses" (le 12 septembre 2017, dans al-Akhbar)

 

"Après Alep, Deir ez-Zor, Mayadine, la dernière bataille se passe à Boukamal. Quand le dernier quartier de cette ville sera libéré, l'histoire pourra marquer la fin de Daech en tant qu’État avec ses infrastructures. Mais cela ne veut pas dire la fin de l'organisation jihadiste" ( le 20 novembre 2017).

 

Pour mémoire
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Après l'Irak qui a proclamé le 9 décembre sa victoire contre le groupe État islamique, la Syrie devrait faire une annonce allant dans le même sens, les combattants du groupe jihadiste étant acculés dans leurs deniers secteurs, près de huit ans après le début du conflit. Grâce à l'intervention de la Russie, dont le président vient d'annoncer le retrait partiel de ses troupes, mais...

commentaires (10)

La bataille de Qouseir en Mai 2013 a été un tournant dans la guerre contre les djihadistes de l’état islamique et leurs alliés. La Russie n’est intervenu qu'à partir de septembre 2015. Le Hezbollah n’avait d’autres choix que de se lancer dans la bataille car l’un des objectifs de cette guerre était de cibler le Liban et tenter une percée semblable à celle de Mosul et de couper ainsi les lignes d’approvisionnement du Hezb dans le cas d’une attaque israélienne!

Fredy Hakim

20 h 18, le 19 décembre 2017

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Commentaires (10)

  • La bataille de Qouseir en Mai 2013 a été un tournant dans la guerre contre les djihadistes de l’état islamique et leurs alliés. La Russie n’est intervenu qu'à partir de septembre 2015. Le Hezbollah n’avait d’autres choix que de se lancer dans la bataille car l’un des objectifs de cette guerre était de cibler le Liban et tenter une percée semblable à celle de Mosul et de couper ainsi les lignes d’approvisionnement du Hezb dans le cas d’une attaque israélienne!

    Fredy Hakim

    20 h 18, le 19 décembre 2017

  • Dieu merci on les a .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 40, le 19 décembre 2017

  • Mais qu'ont ils ete faire dans cette galere pour le bien du Liban?

    LA VERITE

    16 h 32, le 19 décembre 2017

  • Distanciation? Le Hezb n'est-il pas toujours en Syrie du côté de Der El Zor? A-til retiré ses troupes conformément à l'accord de gouvernement?

    Bachir Karim

    08 h 24, le 19 décembre 2017

  • SANS L,INTERVENTION DE LA FLOTTE AERIENNE ET DES FORCES SPECIALES RUSSES TOUS CES PSEUDO-MOUMANA3ISTES AURAIENT MORDU MILLE FOIS LA POUSSIERE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 13, le 18 décembre 2017

  • TOUT AU NOM DE DIEU ! QUEL SACRILEGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 08, le 18 décembre 2017

  • Un dicton arabe résume tout cela : Le mensonge est le sel de l'homme. Ils signent puis avant que l'encre ne sèche, ils crachent sur leur signature et ainsi depuis Ahmad Choucaïri et Yasser Arafat pour ne nommer qu'eux...

    Un Libanais

    19 h 58, le 18 décembre 2017

  • excusez moi si je peux me permettre .. de rajouter a mon post precedent les faits ne mentent pas ... la memoire de l'homme elle peut être déficiente ... mais les faits sont la pour le lui rappeler ...

    Bery tus

    19 h 22, le 18 décembre 2017

  • Qousseir, Qalamoun, Yabroud, Zabadani, Damas, 5 provinces qui réunies font 2 fois le Liban ont été libérés des terroristes par le Hezbollah sans la Russie. Aujourd’hui nous pouvons dire que les martyres ne sont pas tombés en vain. Quand bien même la guerre aurait été perdue, ce sang serait tombé en faveur de la Vérité. Malgré cela, les haineux qui annonçaient la fin du Hezbollah tout au long de la guerre n’ont même pas la décence de reconnaître la victoire militaire du Hezbollah en Syrie... Fair enough le Hezb n’attend aucune reconnaissance de qui que ce soi de toute façon

    Chady

    19 h 05, le 18 décembre 2017

  • si je puis me permettre ... nous aussi avons suivis la guerre en syrie et l'implication du hezb ici meme a l'OLJ ... ce n'est que quand les RUSSES sont rentrer en syrie en force (pour proteger ses intérêts et surtout la base naval de tartous) que la balance a pencher pour le regime assassin de bachar le boucher ... car meme avec l'implication du hezb les rebelles et autre partis islamique avait reduit le champ de contrôle de assad a sa suite allaouites !!!

    Bery tus

    18 h 29, le 18 décembre 2017

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