L'armée syrienne, soutenue par le Hezbollah, a repris vendredi deux localités proches d'un lieu saint chiite près de Damas, renforçant son contrôle dans cette zone, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les troupes régulières, appuyées par les Forces de défense nationale (milices pro-régime, ndlr), le Hezbollah libanais et des combattants chiites (membres de la Brigade Abou el-Fadel al-Abbas, en majorité des Irakiens), sont parvenues à contrôler les localités de Husseiniyé et de Dyébiyé", dans la banlieue sud de la capitale, a annoncé l'OSDH.
La reprise des deux localités, situées près de Sayyeda Zeynab, qui abrite un lieu de pèlerinage chiite, renforce le contrôle de l'armée autour de ce site. Des combats se déroulent depuis des mois dans cette région, et des combattants Hezbollah, qui soutient le régime de Bachar el-Assad, y ont été envoyés pour protéger le lieu saint. L'OSDH a indiqué que les forces régulières avaient pris le contrôle des villages de Cheikh Amro et Bassatine, également dans la zone.
"L'armée tente d'étendre son contrôle dans les banlieues sud de Damas", a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants à travers le pays. Mais selon lui, "cela sera très difficile pour les troupes du régime car les banlieues de Damas et notamment sud sont un véritable bastion des rebelles". Les insurgés, qui tiennent également des parties périphériques de la capitale, tentent depuis des mois de pénétrer dans le centre de Damas.
Dans le même temps, des manifestations ont été organisées vendredi dans les zones rebelles, en particulier dans les provinces d'Alep (nord), de Damas, de Deraa (sud), d'Idleb (nord-ouest) et de Homs (centre), sous le slogan "Utilisez les armes au front, pas dans les régions libérées". Ce slogan dénonçait les combats et les règlements de compte qui se multiplient depuis plusieurs mois entre rebelles et jihadistes, pourtant tous engagés contre le régime du président Bachar el-Assad. Ces dernières semaines, l'opposition syrienne a haussé le ton face aux jihadistes, les accusant d'avoir "volé la révolution".
Un massacre en pays alaouite
Par ailleurs, au moins 190 civils ont été tués dont 67 exécutés, et 200 pris en otage dans des villages alaouites en Syrie par des groupes jihadistes et rebelles début août, rapporte Human Rights Watch dans un rapport diffusé vendredi.
Dans son rapport de 105 pages, l'ONG indique avoir mené une enquête sur place et interrogé 35 personnes, y compris des survivants de l'attaque menée par des rebelles contre dix villages alaouites le 4 août dans la province de Lattaquié, fief du président Bachar el-Assad.
Ce jour-là, au moins 190 civils ont été tués, dont 57 femmes et 18 enfants, selon l'ONG, qui a compilé une liste de noms de ces victimes.
Parmi eux, au moins 67 ont été exécutés alors qu'ils n'étaient pas armés ou tentaient de fuir, selon HRW qui a rassemblé des éléments montrant qu'il s'agissait de civils non-combattants, n'ayant rien fait qui puisse menacer, ou laisser croire qu'ils menaçaient les assaillants.
Selon HRW, au moins 20 groupes ont participé à l'opération au cours de laquelle ils ont conquis ces dix villages, repris le 18 août par les troupes du régime.
Mais d'après l'ONG, les cinq principaux "organisateurs" et "exécuteurs" de l'attaque du 4 août étaient des groupes jihadistes comme l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), le Front al-Nosra -tous deux affiliés à el-Qaëda- et Jaich al Mouhajirine wal Ansar, mais aussi des groupes rebelles islamistes comme Ahrar al-Cham et Souqour al-Izz.
L'EIIL et Jaish al-Mouhajirine wal Ansar retiennent toujours plus de 200 civils comme otage, en majorité des femmes et des enfants, indique en outre l'ONG.
Ces groupes ont fait connaître leur participation à ces attaques via des vidéos et des communiqués, dont certains ont permis de corroborer le rapport de HRW. L'opération semble avoir été en grande partie financée par des donateurs basés dans le Golfe, écrit HRW.
"Crimes contre l'Humanité"
Ce qui est moins clair est le rôle des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL), la branche armée de la principale coalition de l'opposition, qui est soutenue ouvertement par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et les pays sunnites du Golfe. Dans une vidéo mise en ligne le 11 août et filmée, semble-t-il, dans la province de Lattaquié, le chef de l'ASL, Salim Idriss, déclare que ses hommes ont pris part "dans une large mesure" à l'offensive.
Mais Lama Fakih, qui a enquêté pendant plusieurs jours en septembre pour HRW dans la province de Lattaquié, et a parlé à cette occasion à des habitants, à des miliciens, des soldats, des médecins et des responsables, a dit ne pas être en mesure de confirmer si l'ASL était présente le 4 août lorsque les atrocités ont été commises.
"Ces combattants ont lancé l'attaque le 4 août, le premier jour de la fête du Fitr marquant la fin du mois de ramadan (jeûne musulman). Ils ont franchi les positions de l'armée gardant la zone et sont entrés dans plus de 10 villages alaouites", indique HRW, citant entre autres Barouda, Nbeité, Blouta, Abou Makké.
Les alaouites - une branche du chiisme - sont une communauté minoritaire en Syrie à laquelle appartient le clan Assad. La majorité de la population syrienne, tout comme les rebelles qui tentent de renverser le régime depuis plus de deux ans, sont des sunnites.
Des villageois ont raconté à l'ONG comment ils ont tenté de fuir alors que les combattants "ouvraient le feu sans discernement, et dans certains cas, tirant délibérément sur les résidents". "Dans certains cas, les combattants ont exécuté ou abattu des familles entières", poursuit-elle.
"Ces abus (...) sont une opération planifiée contre la population civile dans ces villages alaouites", a estimé Joe Stork, le directeur par intérim de HRW pour le Moyen-Orient, l'ONG estimant qu'il s'agit de "crimes contre l'humanité".
Depuis la militarisation de la révolte en Syrie, au départ pacifique avant d'être réprimée dans le sang par le régime, des ONG et organisations de l'ONU ont dénoncé à plusieurs reprises des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les forces gouvernementales, relevant des crimes semblable commis par l'opposition armée, mais à une échelle beaucoup plus limitée.
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Et ce n'est malheureusement pas fini, de part et d'autre. Bachar Staline a transformé son pays en une immense boucherie. S'il y avait un Nobel de la guerre, il serait favori devant l'excité Benji et le goulagiste Poutine.
17 h 20, le 11 octobre 2013