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Politique - Présidentielle au Liban

Les six points à avoir en tête pour comprendre les enjeux de la séance présidentielle de mercredi

Qui sont les principaux candidats ? Comment devraient se répartir les bulletins parmi les différents groupes ? Peut-on craindre un blocage de la part de certains partis ? Dans quel contexte général se déroule cette élection ? 

Les six points à avoir en tête pour comprendre les enjeux de la séance présidentielle de mercredi

Le président de la Chambre, Nabih Berry, déposant un bulletin de vote dans l'urne lors d'une séance parlementaire électorale pour la présidentielle, le 19 janvier 2023. Photo Hassan Ibrahim / Parlement libanais

Mercredi à 11h, le Parlement libanais est appelé à se réunir pour tenter d'élire un président de la République. Un exercice auquel les députés se sont déjà livrés onze fois depuis septembre 2022, sans aucun résultat. La séance de mercredi devrait toutefois marquer un tournant par rapport aux précédentes : pour la première fois, le Courant patriotique libre (CPL, aouniste), le Hezbollah et le mouvement Amal ne devraient plus voter blanc, en la présence de deux candidats à la magistrature suprême. Les votes devraient ainsi se partager principalement entre les noms de Jihad Azour et Sleiman Frangié. Qui sont ces deux candidats ? Comment devraient se répartir les bulletins parmi les différents groupes ? Peut-on craindre un blocage de la part de certains partis ? Dans quel contexte se déroule cette élection ? 

Notre dossier spécial

Tout ce qu'il faut savoir pour saisir les enjeux de la présidentielle libanaise

A quelques heures de la séance, revenons rapidement sur les grands éléments à garder en tête en amont de cette douzième tentative de scrutin.

Les noms en lice
Si les députés peuvent inscrire le nom qu'ils veulent sur leur bulletin de vote, deux devraient revenir sur plusieurs dizaines de bulletins : ceux du chef des Marada, Sleiman Frangié, et de l'ex-ministre des Finances Jihad Azour. Le premier est officiellement soutenu depuis plusieurs mois par le Hezbollah et le mouvement Amal, tandis que la candidature du second a dernièrement fait l'objet d'une entente entre plusieurs partis d'opposition et le Courant patriotique libre (CPL, aouniste). 

D'autres noms pourraient toutefois sortir de l'urne : le député Elias Jaradé, issu de la contestation, a annoncé au cours du week-end qu'il entend voter pour l'ancien ministre de l'Intérieur Ziad Baroud. Il pourrait être suivi par plusieurs de ses collègues. L'on s'attend aussi, comme à chaque séance, à ce que des slogans symboliques soient glissés par des députés ne souhaitant pas prendre position parmi les deux candidats les plus plébiscités ou voulant faire passer un message. Ces bulletins, s'ils ne contiennent pas un nom et un prénom, seront considérés comme invalides et annulés lors du dépouillement.  

Les scénarios potentiels de blocage
Pour que la séance ait lieu, 86 députés, soit deux tiers du total de 128 membres du Parlement, doivent être présents. Ensuite, pour pouvoir être élu, un candidat doit obtenir 86 votes au premier tour, ou 65 au second.

Selon la jurisprudence instaurée par Nabih Berry pour tenter d'empêcher l'élection d'un candidat qui ne soit pas souhaitable pour son camp politique, chaque nouvelle séance électorale s'ouvre sur un premier tour nécessitant 86 voix. De cette manière, le passage aux tours suivants est systématiquement bloqué et donc le vote à la seule majorité absolue est rendu impossible. Beaucoup d'élus contestent cette "jurisprudence".

Ces règles offrent donc aux députés plusieurs possibilités de bloquer le bon déroulement du scrutin. Si une partie veut éviter de passer au premier tour de vote, le mot d'ordre peut être donné à ses membres de ne pas entrer dans l'hémicycle afin que le quorum de présence ne soit pas atteint. Cela a par exemple été le cas lors de la deuxième séance électorale convoquée par Nabih Berry, le 13 octobre 2022. De la même façon, si une partie ne veut pas risquer de s'engager dans un second tour, qui ne nécessite que 65 voix pour l'élection, les députés peuvent faire sauter le quorum avant le second tour. Ce cas de figure a prévalu lors de dix des onze séances précédentes.

L'analyse de Rita Sassine

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Qui va voter pour qui
Dans le face-à-face opposant Sleiman Frangié à Jihad Azour, ce dernier devrait obtenir une soixantaine de voix. Devraient voter pour lui : les députés des Forces libanaises et Camille Chamoun (19), le Parti socialiste progressiste (8), les Kataëb (4), le bloc du Renouveau, regroupant Michel Moawad, Achraf Rifi, Fouad Makhzoumi et Adib Abdelmassih (4), au moins six députés issus de la contestation et deux indépendants. En ce qui concerne le Courant patriotique libre, si le conseil politique du parti oblige tous les députés (17) à voter Azour, une frange rebelle pourrait se démarquer. 

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Les votes assurés à Sleiman Frangié proviendront, eux, du bloc du Hezbollah (15), du mouvement Amal (15) et des Marada et ses alliés (le bloc du Regroupement national, 4). Les députés de l'Entente nationale (les sunnites proches du 8-Mars), au nombre de cinq, devraient également voter pour le chef des Marada. 

Les anciens haririens du groupe dit de la Modération nationale devraient, eux, n'opter pour aucun des deux candidats, une position similaire à celle des députés de Saïda et Jezzine. Et le flou continue de persister autour du choix du Tachnag et de plusieurs députés indépendants et de la contestation.

Escalade verbale

Depuis l'annonce de l'opposition et du CPL concernant la candidature de Jihad Azour, le ton s'est durci dans les discours des responsables du Hezbollah, qui estiment que M. Azour est un candidat de "défi et de confrontation". Dans ce contexte, le député Hassan Fadlallah a notamment affirmé que Jihad Azour "n'arrivera pas à Baabda". Le quotidien al-Akhbar, lié au parti chiite, a, lui, brièvement publié une photo du cadre du FMI aux côtés de l'ex-ministre Mohammad Chatah, assassiné en 2013. Les proches de M. Chatah et détracteurs du Hezbollah accusent ce dernier d'être derrière l'assassinat. Après un tollé, la photo a été rapidement modifiée. 

Les phrases-clés des candidats
Dimanche et lundi, Sleiman Frangié et Jihad Azour se sont exprimés sur leur positionnement, en amont de la séance de mercredi. 

Dans un discours à l'occasion de la commémoration du massacre d'Ehden du 13 juin 1978, le chef des Marada a affirmé qu'il n'avait "aucun problème si un autre candidat fait l’objet d’une entente élargie", et a appelé toutes les parties au dialogue. Il a toutefois critiqué le choix de ses opposants de soutenir la candidature de Jihad Azour qui, selon lui, fait partie du "système au pouvoir". Sleiman Frangié a en outre affirmé ne pas avoir honte de son "appartenance" à un certain camp politique et a rappelé qu'il est l’héritier d’une famille présente sur la scène politique depuis plus d’un siècle.

De son côté, M. Azour a mis en avant lundi, dans un communiqué dans lequel il a annoncé officiellement sa candidature, qu'il "n'est pas le descendant d'une grande famille politique", ni "le héros d'une secte" spécifique. Il a également assuré ne pas être un candidat de "défi" et souhaiter fédérer les Libanais autour d'un projet de relance du pays. 

Et la communauté internationale dans tout ça ?
Si la France a un temps soutenu la candidature de Sleiman Frangié, par "pragmatisme", dans le cadre d'un troc entre la présidence de la République et le poste de Premier ministre qui reviendrait au candidat de l’opposition, cette initiative semble avoir fait long feu. Depuis, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a réitéré que la France "n'a pas de candidat", et Emmanuel Macron a nommé son ex-chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, comme envoyé spécial pour le Liban. Ce dernier doit se réunir vendredi avec Mme Colonna et devrait se rendre à Beyrouth "dans le courant de la semaine prochaine". Mardi également, la diplomatie française a appelé les responsables libanais à "prendre au sérieux" la séance électorale. Le patriarche maronite Béchara Raï, qui s'était rendu fin mai à Paris et au Vatican, avait été en outre chargé de dialoguer avec toutes les parties libanaises impliquées, y compris le Hezbollah. 

De leur côté, les États-Unis avaient annoncé début juin réfléchir à des sanctions à l'encontre des responsables qui bloquent l'élection, dans une allusion possible au chef du Parlement qui n'avait plus convoqué de séance depuis janvier. Le lendemain de cette menace, M. Berry s'était dédouané, dans un communiqué, de la responsabilité du blocage. Et mardi, la numéro 3 du Département d'Etat américain Victoria Nuland a contacté M. Berry, dont elle a "salué l'engagement à essayer de maintenir le quorum" lors de la séance. 

La communauté internationale en général appelle régulièrement à l'élection d'un président et à la mise en oeuvre de réformes, afin de remettre le pays sur les rails et d'obtenir des financements lui permettant de sortir de la crise. 

Mercredi à 11h, le Parlement libanais est appelé à se réunir pour tenter d'élire un président de la République. Un exercice auquel les députés se sont déjà livrés onze fois depuis septembre 2022, sans aucun résultat. La séance de mercredi devrait toutefois marquer un tournant par rapport aux précédentes : pour la première fois, le Courant patriotique libre (CPL, aouniste), le...

commentaires (2)

A la suite de la comédie du vote et après des déclarations Judasiques, des députés se faufilent à l'anglaise pour eviter de voter s'assurer ainsi de se faire 30 pièces d'argent, le prix de leur participation à l'assassinat de la Patrie..

Wlek Sanferlou

13 h 51, le 14 juin 2023

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Commentaires (2)

  • A la suite de la comédie du vote et après des déclarations Judasiques, des députés se faufilent à l'anglaise pour eviter de voter s'assurer ainsi de se faire 30 pièces d'argent, le prix de leur participation à l'assassinat de la Patrie..

    Wlek Sanferlou

    13 h 51, le 14 juin 2023

  • MASCARADE HABITUELLE DU PERCHE EN PARTICULIER ET DU TANDEM CHIITE EN GENERAL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 14 juin 2023

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