
La première version d'un article du quotidien al-Akhbar publié le 3 juin 2023 et montrant le visage de Jihad Azour derrière celui, flouté, de Mohammad Chatah. Photo Twitter/@Beirutspring
Pour illustrer un de ses articles publié samedi en page trois et sur son site, le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, a utilisé une photo de Jihad Azour, chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI) ex-ministre des Finances et candidat officieux à la présidentielle, aux côtés de l'ex-ministre Mohammad Chatah, ancien ministre tué le 27 décembre 2013 dans un attentat à la voiture piégée.
Sur cette photo d'archives, le visage de profil flouté de Jihad Azour arrive en premier plan devant celui de Mohammad Chatah. L'assassinat de ce dernier est attribué au Hezbollah par ses détracteurs, Mohammad Chatah ayant été proche de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué lui aussi dans un attentat à la bombe, en 2005. Le Tribunal spécial pour le Liban, instauré par l'ONU, avait condamné des membres du Hezbollah pour l'attentat contre Rafic Hariri.
صحيفة "الأخبار" الذراع التحريضي التخويني المهدد الدائم لمعارضي حزب الله ورافعي شعار "تحسسوا رقابكم" تنشر صباحا غلافاً للمرشح جهاد ازعور بشكل مموه وفيه صورة للراحل محمد شطح الذي قتل اغتيالا ضمن سلسلة اغتيالات متهم حزب الله بارتكابها..
— ديانا مقلد Diana Moukalled (@dianamoukalled) June 3, 2023
المقال عن جهاد ازعور لكن الصحيفة اختارت صورة… pic.twitter.com/ITPVNZjAML
Le tollé provoqué par la photo d'al-Akhbar est immédiat sur les réseaux sociaux, certains y voyant une menace à peine voilée contre les opposants au Hezbollah. "Le journal al-Akhbar, bras armé provocateur et traître, menaçant perpétuellement les opposants au Hezbollah (...) publie une couverture montrant le candidat Jihad Azour au côté de feu Mohammad Chatah, tué dans le cadre d'une série d'assassinats dont le Hezbollah est accusé", a réagi la journaliste Diana Moukalled sur son compte Twitter.
Sur le site tout comme dans la version PDF du Akhbar datée de samedi, la photo a été changée. On y voit maintenant un cliché classique du Parlement libanais. "Le journal a choisi une photo avec Mohammad Chatah avant de la retirer" explique Diana Moukalled, captures d'écran à l'appui. "Le retrait de la photo n'enlève rien à la vérité du rôle provocateur et systématique que joue ce journal et, derrière lui, le Hezbollah", fustige-t-elle.
Hezbollah got so freaked out by the backlash that not only did they change the photo on the online article, but they uploaded a completely new replacement pdf edition. I took the first screenshot from the original pdf, this is how it looks now. pic.twitter.com/1PDqMSrSBE
— Mustapha Hamoui (@Beirutspring) June 3, 2023
D'autres internautes ont pris une capture d'écran des différentes versions du journal, montrant la photo de l'article avant et après modification. "Le Hezbollah a eu tellement peur des réactions qu'il a non seulement changé la photo sur son site en ligne, mais il a également réédité une version PDF", écrit l'un d'entre eux.
"Mafia terroriste"
Le député Achraf Rifi a également réagi de manière virulente à la publication de ce cliché. "La photo publiée par l’un des médias des gardiens de la révolution (iranienne, en référence au Hezbollah, qui en est proche, NDLR) de Jihad Azour en compagnie du martyr Mohammad Chatah est plus qu’une menace, a-t-il écrit sur son compte Twitter. Nous sommes confrontés à une mafia terroriste qui n’excelle que dans l’art de tuer et qui ne croit pas dans l’activité politique pacifique. Comprenez bien que nous ne craignons que Dieu et que nous sommes attachés à la souveraineté de notre pays".
Pour sa part, la journaliste Dima Sadek a livré également sur son compte Twitter sa propre lecture de cette "menace indubitable" qu’est la photo publiée par al-Akhbar. "Toutefois, il ne s’agit pas d’une menace adressée à l’opposition seulement, selon elle. Il est encore plus plausible qu’elle soit destinée à l’ancien allié et partenaire, dont le retournement de veste ne peut qu’être accueilli par des menaces de liquidation de la part du Hezbollah. Telle est la mentalité du Hezbollah. Il semble que le répit dans les assassinats politiques au Liban tire à sa fin".
Comme pour l'assassinat de l'intellectuel chiite Lokman Slim le 4 février 2021, le Hezbollah est tenu pour responsable de la mort de Mohammad Chatah par ses proches. Le journaliste Ronnie Chatah, fils de l'ex-ministre assassiné, avait participé à un rassemblement pour commémorer l'assassinat de Lokman Slim, un an après. "Mon père a trouvé le moyen de les exposer sur Twitter, quelques minutes avant qu’ils ne le tuent. Lokman a utilisé la télévision pour les accuser d’avoir détruit Beyrouth (...) Nous demandons tous la fin de l’emprise de Téhéran au Liban", avait-il alors déclaré.
Pour illustrer un de ses articles publié samedi en page trois et sur son site, le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, a utilisé une photo de Jihad Azour, chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI) ex-ministre des Finances et candidat officieux à la présidentielle, aux côtés de l'ex-ministre Mohammad Chatah, ancien ministre tué le 27...
commentaires (23)
Encore une fois le Hezbollah, met le flingue ostensiblement sur la table et demande à l'autre partie de négocier. Et encore une fois on relève la betise de l'Opposition voire sa faiblesse en Politique: Je n'ai entendu personne dans l'opposition relever la chose, personne n'a saisi le tribunal des imprimés....Uniquement les réseaux sociaux et puis la presse (comme l'olj) se sont émus. Il doit se sentir bien seul Jihad Azour. Que les FL et autres opposants au lieu de nous abreuver à longueur de journée de leur réthorique anti hezb se bougent réellement et intelligement le cul, et mieux vaut qu'ils le fassent en premier. C'est pas étonnant qu'ils n'arrivent pas à marquer des points en Politique. A comparer, le CPL, qui est un nouveau venu sur la scène manie l'action Politique beaucoup mieux et avec plus de succès: Il a fait arriver un Président, il a une part du pouvoir importante dans toutes les majorités depuis au moins dix ans, et qu'on le veuille ou non maintenu numériquement son nombre de députés de dépit des difficultés économiques, des sanctions internationales, et de ses alliances. Vraiment il est temps que que l'Opposition se pose des question sur la manière dont elle travaille.
Moi
14 h 33, le 05 juin 2023