Nous allons refermer cette couverture en direct de la deuxième séance au parlement pour élire un successeur à Michel Aoun. Une séance levée faute de quorum. Le prochain rendez-vous est fixé au 20 octobre. Merci de nous avoir suivis !
Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a critiqué la tenue d'une séance parlementaire le 13 octobre, date hautement symbolique pour le parti aouniste. Le 13 octobre 1990, Michel Aoun, fondateur du CPL, avait été chassé du palais de Baabda par les troupes syriennes. Il était, à l'époque, chef de l'armée et Premier ministre d'un cabinet militaire.
Selon M. Bassil, cette commémoration est "plus importante que toute autre chose". "Certains ont trahi cette date et n'ont pas respecté la commémoration", a-t-il fustigé, dans une pique au président du parlement, Nabih Berry, qui a fixé la séance et aux groupes parlementaires qui y ont participé.
Le député issu de la contestation Melhem Khalaf a déclaré, après la levée de la séance, que le Parlement n'a pas encore été officiellement informé des termes de l'accord sur la frontière maritime entre le Liban et Israël. Il a estimé que le fait de ne pas envoyer l'accord au Parlement, "qui représente le peuple libanais", pour qu'il soit discuté "est une violation constitutionnelle".
Selon notre décompte, le quorum a sauté après que seuls 71 députés soient entrés dans l’hémicycle. Le quorum requis est de 86 députés sur 128.
Parmi les principaux absents, on compte :
- Les 21 députés du bloc du Liban Fort (17 députés du Courant patriotique libre et les trois députés arméniens du parti Tachnag), qui avaient annoncé qu'ils boycotteraient la séance.
- La majorité des députés du Hezbollah, allié de longue date du CPL. Seuls quatre d'entre eux (Mohammad Raad, Ali Ammar, Raëd Berro et Hassan Fadlallah) sont entrés dans l’hémicycle. Les autres sont venus au Parlement, mais sont restés dans leur bureau.
- Certains députés du mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry.
D'autres députés avaient préalablement notifié la Chambre de leur absence :
- Cynthia Zarazir, députée de Beyrouth (contestation), hospitalisée; ses collègues Elias Jaradé (Marjyoun) et Waddah Sadek (Beyrouth) en déplacement à l’étranger ; Nadim Gemayel, député Kataëb de Beyrouth; le député Marada de Zghorta, Tony Frangié, fils du leader maronite, Sleiman Frangié, un des plus sérieux présidentiables ; Farid Khazen, député du Kesrouan et allié de M. Frangié et du Hezbollah.
Un peu de lecture, pour aller plus loin : Pour Michel Aoun, une victoire à tout prix ?
Le député issu de la contestation Marc Daou a déclaré à sa sortie de l'hémicycle que son bloc "a participé aujourd'hui à la session sur la base de (notre) responsabilité nationale et par respect de la Constitution". Il a également rappelé que son groupe parlementaire a proposé une initiative "parce que le pays ne peut tolérer une vacance au niveau de la présidence de la République". Les députés issus de la contestation avaient rencontré tous les blocs afin de présenter cette initiative, une liste de critères visant à définir le profil du prochain président.
M. Daou a ajouté que son bloc a "une liste de noms" de présidentiables, appelant les députés qui ne savent toujours pas pour qui voter à choisir un candidat dans cette sélection.
Il a également estimé que l'accord sur la frontière maritime avec Israël, dont une version finale avait été présentée mardi à Beyrouth et Tel Aviv, ne devrait pas être adopté sans l'approbation du Parlement.
Un peu de lecture pour aller plus loin : retrouvez notre portrait "Michel Moawad, porte-étendard du camp souverainiste"
Le député de Zghorta et candidat à la présidentielle, Michel Moawad, qui avait récolté 36 voix lors de la première séance, a une nouvelle fois appelé l'opposition à s'unifier. "La seule voie possible pour parvenir à l'élection d'un président est d'unifier les rangs", a-t-il affirmé, estimant que "lancer des noms au hasard ne peut mener qu'à l'élection d'un président n'ayant ni couleur, ni position, ni projet", en allusion aux candidats potentiels évoqués par les députés issus de la contestation qui refusent de lui accorder leur vote.
"Ce qui est essentiel, c'est de réunir l'opposition autour d'une proposition et d'un projet, avant d'entrer dans le jeu des noms", a-t-il renchéri, appelant les groupes de l'opposition à poursuivre leurs discussions. M. Moawad a également fait état d'une "avancée au niveau des personnes qui allaient le soutenir".
Petit rappel : retrouvez, ici, notre décryptage de la première séance électorale et notamment qui avait voté pour qui
"Nous nous dirigeons clairement vers une vacance présidentielle", a lancé, pour sa part, le député Marwan Hamadé.
Le député issu de la contestation Marc Daou a déploré l'absence de quorum et estimé qu'il "n'y a pas d'accord entre certains partis sur un candidat unique".
Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a lui aussi estimé qu'il "existe un embarras chez un parti qui ne parvient pas à choisir un candidat et préfère trouver des excuses pour ne pas être embarrassé lors du vote", dans une pique aux députés du Courant patriotique libre (CPL), qui avaient annoncé qu'ils boycotteraient la séance. "Il n'est pas dans leur intérêt que la séance se tienne vu qu'ils n'ont pas choisi de candidat", a-t-il encore lancé Samy Gemayel, dans une critique adressée au camp aouniste, au Hezbollah et à leurs alliés.
"Nous sommes prêts à tout moment à élire un président mais il est clair aujourd'hui que plusieurs partis ne sont pas prêts à l'élection présidentielle en raison de différends", a estimé le député Georges Adwan (Forces libanaises) à sa sortie du parlement. Il a appelé tous les groupes parlementaires à faire des "choix clairs".
Nabih Berry a reporté la session électorale au 20 octobre, c'est à dire jeudi prochain.
La séance a été levée par le président Nabih Berry, le quorum des deux-tiers de la Chambre, soit 86 députés sur un total de 128, n'ayant pas été atteint, en raison de l'absence et du boycott de plusieurs députés, notamment ceux du Courant patriotique libre de Gebran Bassil.

Le premier président du Liban, Charles Debbas, était d'ailleurs grec-orthodoxe : Nous vous proposons de lire ou relire son histoire ici
La Constitution ne mentionne pas que la présidence de la République est réservée à un groupe confessionnel. C'est sur la base d'un consensus établi entre les différentes forces du pays en 1943, à l'époque de l'indépendance, que les principales communautés du Liban se sont réparties les trois présidences, soit la présidence de la République à un chrétien maronite, celle du gouvernement à un musulman sunnite et de la Chambre à un musulman chiite.
Le président du Parlement, Nabih Berry, a ouvert la deuxième séance parlementaire dédiée à l'élection du président de la République, peu après 11h.
La communauté internationale fait pression depuis des mois pour l'élection d'un nouveau président libanais, en parallèle aux nombreuses réformes réclamées par le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer des aides financières devant aider le Liban à sortir de sa grave crise financière.
En attendant l'ouverture de la séance, nous vous proposons de relire cet article de Yara Abi Akl : Gebran Bassil contraint au pragmatisme. Et cette analyse de Rita Sassine : Pour Michel Aoun, une victoire à tout prix ?
La séance de jeudi a été convoquée alors qu'aucun consensus n'a encore été trouvé entre les forces politiques, comme c'était le cas lors de la première séance, le 29 septembre dernier, malgré des tractations actives, comme cela l'est de coutume. Le Liban est entré en période d'élection présidentielle depuis le 1er septembre dernier, mais le président du Parlement avait attendu jusqu'au 29 septembre pour convoquer une première séance, à la surprise générale, en l'absence d'entente préalable sur le nom du prochain chef de l'Etat.
Chère lectrice, cher lecteur,
Bienvenue sur notre couverture en direct de la deuxième séance visant à l'élection d'un successeur à Michel Aoun à la présidence.
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commentaires (11)
Quelle magouille..
Eleni Caridopoulou
18 h 39, le 13 octobre 2022