Le nouvel "envoyé spécial" du président Emmanuel Macron pour le Liban, l'ex-ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, devrait se rendre à Beyrouth "la semaine prochaine", a annoncé lundi le ministre libanais sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, à l'issue d'une réunion avec l'ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Lors d'un entretien avec des journalistes au palais Bustros, M. Bou Habib a ajouté qu'il avait été informé par Mme Grillo que "la visite de l'envoyé français, le ministre Jean-Yves Le Drian, aura lieu bientôt, après la séance électorale présidentielle de mercredi". "Nous lui souhaitons la bienvenue, d'autant plus qu'il s'agit d'un diplomate chevronné, et nous lui souhaitons de réussir dans sa mission", a ajouté le ministre libanais.
Contactée par L'Orient-Le Jour, une source diplomatique française a confirmé la visite prochaine de M. Le Drian, sans pour autant avancer de date.
Mercredi dernier, M. Macron avait nommé Jean-Yves Le Drian "envoyé personnel pour le Liban" afin de "faciliter une solution consensuelle et efficace" à l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays. "La situation reste difficile au Liban", avec la nécessité de "surmonter à la fois la crise politique et les difficultés économiques et financières", avait alors dit à l'AFP un conseiller de M. Macron.
M. Le Drian, qui a une solide expérience dans "la gestion de crises", "envisage de se rendre très rapidement au Liban", avait déclaré le conseiller du chef de l'Etat, qui lui a demandé "de lui faire rapport rapidement sur la situation", avec des "propositions d'action". "La situation reste difficile au Liban", avec la nécessité de "sortir à la fois de la crise politique et des difficultés économiques et financières", avait estimé ce conseiller.
A la tête de la diplomatie française de 2017 à 2022 pendant le premier quinquennat Macron, Jean-Yves Le Drian, 75 ans, avait été fortement impliqué dans le dossier libanais, notamment après l'explosion du port de Beyrouth en 2020. Celui qui avait été ministre de la Défense de François Hollande (2012-2017) avant de devenir l'homme de confiance de l'actuel chef de l'Etat au Quai d'Orsay avait pris du champ avec le monde politique depuis la dernière élection présidentielle. Son nom avait circulé pour prendre la tête de l'Institut du monde arabe, à Paris, dont l'actuel président Jack Lang, 83 ans, espérerait décrocher un nouveau mandat.
Le Mandat de la Finul
Lors de leur rencontre de lundi, M. Bou Habib et Mme Grillo ont également discuté du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), de laquelle la France fait partie. "J'ai demandé la suppression du paragraphe, inclus dans le renouvellement du mandat de la Finul, l'année dernière, concernant l'expansion de ses mouvements dans le Sud", a déclaré le ministre libanais. "Nous l'avons informée que l'armée est prête à surveiller les mouvements de la Finul, et nous avons demandé qu'elle fournisse du carburant à l'armée pour qu'elle puisse suivre le rythme du travail" de la force onusienne.
La Finul, qui compte actuellement un peu plus de 10.000 Casques bleus, a été créée en 1978 par le Conseil de sécurité des Nations unies pour assurer le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud. Après la guerre de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah, elle a été chargée de surveiller la cessation des hostilités et l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Son mandat est renouvelé chaque année, après approbation des autorités libanaises et vote du Conseil de sécurité.
Après le dernier renouvellement de son mandat en août, la Finul avait dû démentir des "désinformations" selon lesquelles son nouveau mandat lui octroyait une plus grande liberté de mouvement dans le Sud. La Finul avait alors précisé qu'elle continuait à coordonner ses mouvements avec l'armée libanaise, même lorsqu'elle n'était pas accompagnée physiquement par des militaires.
Lors du renouvellement du mandat, le Conseil de sécurité avait réaffirmé que cette force "n'a besoin d'aucune autorisation ou permission préalable pour accomplir les tâches" pour lesquelles elle est mandatée et qu'elle peut mener ses opérations de manière indépendante. Ces déclarations faisaient suite à une série d'incidents avec des habitants de villages frontaliers situés dans une zone majoritairement contrôlée par le Hezbollah.
Depuis, en décembre dernier, l'attaque d'un convoi de la Finul a causé la mort d'un Casque bleu irlandais. Début juin, le Tribunal militaire libanais a mis en accusation cinq membres du parti chiite pour leur implication dans cette attaque.
"L'ambassadrice Grillo m'a également informé de la possibilité qu'elle quitte le Liban en août prochain, pour prendre ses fonctions de directrice des affaires du Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères, et que l'ambassadeur de France à Ankara, Hervé Magro, pourrait prendre poste à Beyrouth", a ajouté M. Bou Habib.
L'ambassadrice française s'est également entretenue avec le président du Parlement libanais, Nabih Berry.
Pour paraphraser Michel Sardou: ne m appelez plus jamais France , la France m a laissé tomber….
06 h 34, le 13 juin 2023