
Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, au cours du dîner du parti à Jbeil, le 3 juin 2023. Photo ANI
Le député de Zghorta Michel Moawad a annoncé dimanche le retrait de sa candidature à la présidence de la République et le soutien de 32 députés issus de l'opposition à la candidature du chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international Jihad Azour, face à celle du chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, soutenu par le tandem chiite Hezbollah et Amal. Les députés de l'opposition rejoignent ainsi le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil qui avait déjà annoncé samedi soir son soutien à Jihad Azour, après une entente trouvée "avec d'autres groupes parlementaires".
"Nous ne pouvions pas rester les bras croisés face au tandem (chiite) qui veut imposer ses choix et paralyser le pays. La seule solution était d'élargir le cercle de nos ententes. Ces ententes nous ont amenés vers Jihad Azour qui bénéficie aujourd'hui d'un accord quasi-total entre les forces chrétiennes", a déclaré Michel Moawad, au cours d'une conférence de presse à Hazmieh. Ces propos ont été tenus en présence de plusieurs figures de l'opposition, notamment le député de Tripoli Achraf Rifi, le député de Beyrouth Fouad Makhzoumi, et le député des Forces libanaises Georges Okaïs.
"Jihad Azour n'est pas notre candidat préféré, mais c'est celui qui est le plus acceptable à notre avis pour protéger le pays face à l'effondrement", a encore affirmé Michel Moawad. "Quand je me suis porté candidat, j'ai présenté un programme pour tous les Libanais car j'étais convaincu qu'il n'est pas possible de présenter de solution partielle (...) J'ai toujours dit ce n'est pas la personne qui compte mais le plan, j’étais conscient des difficultés auxquelles j'allais faire face", a-t-il ajouté. "Les forces de la moumanaa (nom donné aux groupes proches du tandem chiites) ont refusé la main tendue et l'opposition n'a malheureusement pas réussi" à faire élire un président, a-t-il encore dit.
L'adoption de la candidature de Jihad Azour par des parlementaires issus de différents blocs de l'opposition fait suite à une entente avec le chef du CPL. Gebran Bassil, qui faisait lui-même partie des présidentiables, avait annoncé officiellement samedi soir son soutien à Jihad Azour, après avoir trouvé un terrain d'entente "avec d'autres groupes parlementaires sur son nom pour la présidence, parmi d'autres noms considérés par le CPL comme non-provocateurs".
Un candidat "qui ne provoque personne"
Prenant la parole dimanche, à la suite de l'annonce effectuée par Michel Moawad, le député des forces du changement Marc Daou a indiqué que les "32 députés issus de différents blocs" se sont entendus sur la candidature de Jihad Azour, "un candidat qui ne provoque personne et qui pourrait aider le Liban à dépasser la crise". "Nous sommes prêts à voter pour lui", a-t-il ajouté. "Nous avons d'abord promu la candidature de Michel Moawad face à la paralysie imposée par la moumanaa qui a porté atteinte à l'Etat et aux espoirs des Libanais", a poursuivi M. Daou qui lisait un communiqué au nom du groupe. Il a par ailleurs dénoncé "la politique de la menace, qui a conduit certaines parties à quitter la moumanaa et à nous contacter pour trouver un terrain d'entente", en allusion au CPL, un allié du Hezbollah. Le député a également évoqué une "tentative sérieuse pour amorcer le sauvetage du pays", tout en appelant le président du Parlement Nabih Berry à convoquer une séance parlementaire pour élire un chef de l'Etat au plus vite.
Le mandat de Michel Aoun s'était achevé en octobre 2022. Le Parlement s'est réuni 11 fois depuis septembre 2022 et n'a jamais réussi à lui élire un successeur, faute d'accord politique, comme cela est de coutume au Liban. Au cours des onze séances parlementaires électorales, le CPL, tout comme le Hezbollah et le mouvement Amal, votaient blanc.
"Le vote blanc ne nous sert plus"
C'est lors d'un dîner de son courant à Jbeil samedi en présence de l'ancien président Michel Aoun que Gebran Bassil avait, lui, annoncé son soutien à la candidature d'Azour.
"Se retrouver autour de plusieurs noms offre une certaine malléabilité et un progrès positif. De cette manière personne ne pourra accuser le CPL de paralyser" l'échéance présidentielle, avait-il déclaré samedi. Il avait par ailleurs fait valoir que sa formation ne déposera plus de bulletins blancs si une nouvelle séance de vote parlementaire était prochainement organisée. "Le CPL votera pour le nom sur lequel il y a eu accord, au lieu de glisser un bulletin blanc dans l'urne (...) Le vote blanc ne nous sert plus, il exprime au contraire une absence d'action pour combler le vide (présidentiel). Se retrouver autour d'un nom est essentiel mais ne suffit pas à lui seul à élire un président car ce qui est demandé est de se mettre d'accord avec l'autre groupe sans le défier", a-t-il expliqué.
"Ce qui importe au CPL, c'est de sortir de la vacance présidentielle et de faire élire un chef de l'Etat qui soit à la hauteur de la période que nous traversons. Ce président sera soutenu par le CPL sans en être issu. Ainsi, le parti ne portera pas seul le poids de ses erreurs s'il devait échouer", avait poursuivi Gebran Bassil, considéré lui-même à un moment comme présidentiable. Selon lui, "les équations externes et internes ne permettront pas à un président issu du CPL de faire plus que ce que Michel Aoun a pu faire" pendant son mandat. "L'entente entre les Libanais autour d'un président et d'un programme reste la solution. Nous voulons un chef de l'Etat que personne ne nous imposera et que nous n'imposerons à personne. C'est la seule équation possible aujourd'hui", avait-il conclu.
Le président du Parlement libanais Nabih Berry avait assuré samedi dans un entretien au quotidien panarabe al-Chark al-Awsat qu'il convoquera une séance électorale pour l'élection présidentielle lorsque la candidature de l'ancien ministre des Finances, Jihad Azour, "deviendra sérieuse". M. Berry avait cependant ajouté qu'il considérait la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié comme sérieuse. Il l'a décrit comme "quelqu'un qui fait des choix clairs et souhaite coopérer avec tout le monde".
Le député de Zghorta Michel Moawad a annoncé dimanche le retrait de sa candidature à la présidence de la République et le soutien de 32 députés issus de l'opposition à la candidature du chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international Jihad Azour, face à celle du chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, soutenu par le tandem chiite Hezbollah et...
commentaires (12)
Ils se moquent d'eux-mêmes , ou de nous ! Une réunion pour rien ....sauf pour griller leur candidat !
Chucri Abboud
14 h 08, le 06 juin 2023