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Lifestyle - Carnet de bord

XXVI - Panique sur la ville

Photo A.I.

« Personne ne parle des problèmes économiques et bancaires et de la révolution, tout le monde est occupé par le corona ! » m’écrit une Libanaise quand je m’enquiers de la situation du pays. Oubliée la restructuration de la dette, oubliés les eurobonds et le débat sur la nécessité de les payer ou pas. Le coronavirus est sur toutes les lèvres et le gouvernement libanais agit et réagit. Les écoles et universités resteront fermées toute la semaine. L’entrée sur le territoire est interdite aux voyageurs venus d’Iran, d’Italie, de Chine et de Corée du Sud. Et tant pis pour cette Libanaise qui a vu son vol de retour à Beyrouth depuis l’Italie annulé, l’obligeant à passer par Paris pour rentrer chez elle.

En France aussi, d’ailleurs, l’État se mobilise pour endiguer le fameux virus. « Aidez-nous à empêcher la diffusion du coronavirus, visitez la page web gouvernement.fr », intime le gouvernement français sur Facebook dans un post sponsorisé. Pas d’école pour les enfants rentrant de zones à risque. Ils sont confinés chez eux, en quarantaine. Au bureau, « des lingettes désinfectantes et des distributeurs de solution hydro-alcooliques ont été mis à disposition des collaborateurs dans toute l’entreprise, nous informe-t-on par mail. Il est recommandé de se laver les mains à l’eau et au savon ou à défaut avec ces solutions plusieurs fois par jour ». Toutes les heures, est-il maintenant recommandé. Et puis il faut éviter les contacts physiques (accolades, poignées de main, bises). Tousser et éternuer dans son coude. Utiliser des mouchoirs à usage unique… Une collègue qui rentre d’Iran a le coronavirus, alimentant toutes les discussions. Désormais sortie de l’hôpital, elle se rétablit chez elle.

Au bureau ou dans les bars, on rafraîchit de manière compulsive la carte interactive de l’Université John Hopkins qui répertorie tous les cas en temps réel dans le monde.

Avec un bilan de trois morts et près de 200 personnes contaminées, la France est devenue l’un des principaux foyers en Europe. Rares sont les gens à porter des masques chirurgicaux, notamment dans les transports – d’ailleurs, en porter un ne protégerait pas de la maladie mais empêcherait de contaminer les autres quand on est malade –, mais tout le monde en parle et le sujet revient en boucle dans les conversations et les médias.

Réunion de crise samedi dernier. Le gouvernement français s’est réuni au cours d’un Conseil des ministres exceptionnel, officiellement dédié au coronavirus. Mais il en a profité pour dégainer l’article 49.3 afin de faire passer en force son projet de réforme des retraites, contesté depuis début décembre. Cet article de la Constitution permet d’adopter une loi sans vote à l’Assemblée nationale. Un timing jugé particulièrement « cynique » par l’opposition. « Ce gouvernement est dans le cynisme absolu, le faire en plein coronavirus, en plein Conseil des ministres uniquement là-dessus, c’est du cynisme le plus total », a ainsi estimé le patron des députés Républicains, Damien Abad.

Pendant ce temps, le Liban n’en finit plus de tomber de Charybde en Scylla.


Ce carnet de bord d’un départ est le récit, partagé une fois par semaine, des aventures, des émotions et de la nostalgie d’une Française qui a passé 10 ans au Liban, avant de repartir pour la France avec son époux libanais et ses enfants.



Les épisodes précédents

XXV - « Notre raison est en France, mais notre cœur est au Liban »

Impressions libanaises

Au-dessus des nuages

Cultiver son réseau

« Ponzi, haircut et lollars »

« Haram le Liban »

« Tout le monde veut partir »

Bientôt un nouveau monde

Où est passé notre argent ?

D’une grève à l’autre

Être libanais

« La femme est l’avenir de l’homme »

Premières neiges

Expliquer la révolution

Épuisement émotionnel

Voir la révolution

« Koullouna lil watan », de la place des Martyrs à la place du Trocadéro

Un dimanche à Paris

Beyrouth, Paris : d’une pollution à l’autre

Paris sans voiture

Des papiers, toujours des papiers...

Première rentrée parisienne pour mes petits Beyrouthins

Ce sens de l’entraide si libanais

Comment faire rentrer un grand appartement beyrouthin dans un petit appartement parisien ?

« Nous quittons » le Liban


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