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Lifestyle - Carnet de bord

XVIII – Bientôt un nouveau monde

Photo A.R.

Le réveil sonne. Dehors, il fait encore nuit. De la buée perle sur les vitres de l’appartement, rendant le monde extérieur un peu flou. C’est lundi matin et la fin des vacances. L’heure de reprendre le chemin de l’école.

Dans la rue, le soleil d’hiver réchauffe les vieilles pierres des immeubles, le ciel est bleu et l’air glacial. « C’est une manifestation? » me demande mon fils en entendant des clameurs au loin, avant de s’engouffrer dans son école retrouver ses copains et sa maîtresse. Au loin, on distingue un attroupement, des pancartes, du côté de l’université. Je constate d’ailleurs que toutes les entrées de celle-ci ont été condamnées avec des poubelles et des trottinettes électriques empilées les unes sur les autres. Au sommet de la structure, trône un sapin de Noël qui perd ses aiguilles. « Joyeux partiels » peut-on lire sur un carton.

« Les étudiants qui vivent en banlieue ne peuvent pas se présenter aux examens à cause de la grève des transports, m’expliquent deux jeunes filles, devant l’une des entrées condamnées de la fac. C’est en solidarité avec eux que nous avons décidé de bloquer les entrées de l’université depuis 7 heures ce matin pour empêcher les partiels de se tenir », poursuivent-elles. « Nous avons voté le blocage en Assemblée générale et nous allons continuer tant que la grève se poursuivra et que le gouvernement maintiendra son projet de réforme des retraites, expliquent-elles, sûres d’elles. Pas de retrait, pas de rentrée. »

« Et pas d’école jeudi, m’annonce quelques heures plus tard l’institutrice de mon fils au moment de le récupérer. Toutes les enseignantes sont en grève, l’école est fermée. »

C’est reparti. La parenthèse des fêtes est refermée. Même si au final, on ne peut pas vraiment parler de trêve, dans la mesure où la grève dans les transports n’a jamais cessé. Le mouvement de contestation entame son deuxième mois en France. Et la semaine s’annonce décisive pour trouver une sortie de crise, entre nouvelles réunions entre gouvernement, syndicats et patronat, et deux grosses journées d’action prévues jeudi et samedi.

Au Liban aussi, l’année 2020 démarre sur les chapeaux de roue, entre l’évasion à la James Bond de Carlos Ghosn – sur toutes les lèvres en ce début d’année – et l’assassinat de Kassem Soleimani, tué par une frappe américaine à Bagdad. Les États-Unis ont « commencé une nouvelle guerre dans la région le 2 janvier », a estimé Hassan Nasrallah dans son discours en réaction à cet acte. Et puis toujours là, omniprésente, la crise économique et sociale, financière, de confiance, de système. « Tout le monde n’a que le mot “dollar” à la bouche », me dit un visiteur de Beyrouth.

La galette des rois à peine avalée, me voici de nouveau aspirée dans l’engrenage de l’actualité. À tenter de saisir les convulsions de ce vieux monde qui se meurt. Le nouveau monde, lui, tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres, selon les mots du philosophe et théoricien politique italien Antonio Gramsci pour définir la crise. Nous sommes dans ce moment.


Ce carnet de bord d’un départ est le récit, partagé une fois par semaine, des aventures, des émotions et de la nostalgie d’une Française qui a passé 10 ans au Liban, avant de repartir pour la France avec son époux libanais et ses enfants.


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