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Lifestyle - Carnet de bord

XXII- Cultiver son réseau

Photo A.R.

La nuit est tombée derrière les lourds rideaux en velours. Bien alignés sur les nappes blanches, les petits fours colorés partent comme des petits pains. Les verres de champagne tintent au-dessus de la moquette rouge et des échos de conversation. Ce soir-là, je suis à un cocktail. Les gens discutent et font connaissance. Et au moment de clore la discussion, revient cette phrase : « On se connecte sur LinkedIn ! »

À Beyrouth, je me souviens avoir demandé à des étudiants quels réseaux sociaux ils utilisaient et pourquoi. Aucun ne connaissait LinkedIn. Et pour cause. Selon une recherche de l’Université Northwestern au Qatar sur l’utilisation des réseaux sociaux au Moyen-Orient, au Liban, en 2019, 90 % des interrogés affirment utiliser WhatsApp, 78 % utilisent Facebook, 45 % Instagram et seuls 2 % utilisent LinkedIn. Pas grand monde donc.

Ici à Paris, après un petit sondage rapide autour de moi, j’ai pu constater à quel point ce réseau social professionnel pouvait s’avérer utile pour trouver un emploi. « Depuis que j’ai mis mon profil à jour, j’ai reçu plusieurs appels de recruteurs », m’avoue une amie. Sur une page Facebook de Libanais en France, le premier conseil donné à un Libanais qui cherche un emploi est de poster son annonce sur LinkedIn. « Je l’ai fait, répond ce dernier, le but de mon post sur Facebook est de partager ma demande avec les compatriotes à Paris, vu qu’ils sont nombreux et ont pas mal de connexions. »

LinkedIn permet de se bâtir un réseau professionnel dans le but d’accéder à des opportunités d’emploi. Comment ? Nos contacts directs (1er niveau) peuvent ouvrir les portes des relations de 2e et 3e niveau, pour nous introduire ou nous recommander à leur réseau et ainsi nous donner accès aux connaissances de leurs connaissances. Le réseau repose sur le principe des six degrés de séparation, ou six poignées de main, selon lequel toute personne vivant sur cette planète peut être reliée à n’importe quelle autre au travers d’une chaîne de relations individuelles comprenant au maximum cinq autres maillons.

Au Liban, pas besoin de LinkedIn pour établir des relations entre les gens, et pas toujours besoin d’un CV pour être embauché. Le bouche-à-oreille et un coup de fil suffisent souvent. Le pays est petit. Le Libanais est un homme de réseau. Et tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un.

D’ailleurs, dès 1996, soit des années avant la création de Facebook, Nagib Hobeica en France et Hani Raad au Liban avaient créé le site The Lebanese White Pages, pour mettre en réseau les Libanais de la diaspora et du pays et « permettre aux familles et amis dispersés aux quatre coins du globe de se réunir, de créer des contacts d’affaires et de rapprocher le peuple libanais du Liban ». L’idée était de « réunir les Libanais dans un environnement exempt de politique et de religion ». « Leb.org est votre nation virtuelle », disaient les fondateurs. Au 8 octobre 2003, le site recensait 29 609 personnes, avant même les Facebook, Instagram et autres WhatsApp. Aujourd’hui, le site n’existe plus, et le nombre de Libanais qui ont quitté le pays en 2019 a augmenté de 42 % en comparaison avec 2018.



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La nuit est tombée derrière les lourds rideaux en velours. Bien alignés sur les nappes blanches, les petits fours colorés partent comme des petits pains. Les verres de champagne tintent au-dessus de la moquette rouge et des échos de conversation. Ce soir-là, je suis à un cocktail. Les gens discutent et font connaissance. Et au moment de clore la discussion, revient cette phrase :...

commentaires (1)

"Au Liban, pas besoin de LinkedIn ou même d'un CV pour être embauché"... il suffit d'être pistoné ! Un libanais bien né n'est pas du tout un homme de réseau. Il le devient à l'étranger, quand, vite paumé, il doit se bouger.

Georges Lebon

21 h 26, le 05 février 2020

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Commentaires (1)

  • "Au Liban, pas besoin de LinkedIn ou même d'un CV pour être embauché"... il suffit d'être pistoné ! Un libanais bien né n'est pas du tout un homme de réseau. Il le devient à l'étranger, quand, vite paumé, il doit se bouger.

    Georges Lebon

    21 h 26, le 05 février 2020

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