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Lifestyle - Carnet de bord

XXI- « Ponzi, haircut et lollars »

Photo A.R.

Paris est gris et froid. Les journées sont courtes. La nuit tarde à se dissiper le matin et tombe trop vite en fin d’après-midi. J’ai des envies d’hibernation. Comme les ours ou les marmottes. M’assoupir et me réveiller au printemps, lorsque que les bourgeons éclosent et la vie rejaillit.

Me revient à l’esprit la lumière du Liban. Les teintes roses et rouge orangé du soleil couchant, et les mille nuances de bleu du ciel et de la mer. Les parfums, les saveurs sucrées salées.

« Jusqu’au bout » de la révolution, ont promis des Libanais de Paris réunis dimanche dernier pour exprimer le soutien de la diaspora au mouvement de révolte populaire. Devant le mur de la Paix, face à la tour Eiffel, ils ont chanté, ils ont dansé, ils ont vibré. Comme quasiment tous les dimanches depuis le 17 octobre. À l’unisson de ce qui se passe au Liban. Après plus de 100 jours de soulèvement, que peut-on faire de plus ?

Certains affichent leur soutien à la cause en se réunissant et en manifestant. C’est vital. D’autres organisent des collectes de médicaments ou des levées de fond à travers des ventes solidaires ou des dîners de solidarité. C’est le cas notamment de 25 associations françaises, réunies autour de la Solidarité France-Liban pour venir en aide à « tous les Libanais dans le besoin en cette période délicate de grande crise économique ». D’autres encore organisent des colloques avec des experts pour comprendre la crise et réfléchir à des solutions pour rétablir la confiance.

Le Liban est au bord de la faillite économique. J’essaie de comprendre l’urgence de la situation. Ce que signifient ces termes étranges, parfois nouveaux : ingénierie financière, économie rentière, système de Ponzi, haircut, lollars, défaut de paiement, restructuration de la dette.

Comment le Liban en est-il arrivé là ? Pourtant, il y avait des signes. C’était là, dans l’air. Il y a plusieurs mois, tous les voyants de l’économie étaient déjà au rouge tandis que planait déjà la menace d’une dévaluation de la livre libanaise. Mais l’on continuait à danser sur le volcan. Le pays avait connu tellement pire. Aujourd’hui, je me penche avec un peu d’appréhension sur cette triple crise de la dette, du système bancaire et de la balance des paiements. Je m’informe, lis des articles, suis les débats des Nerds sur Twitter et surtout interroge mon mari, docteur en économie.

Et j’écoute l’économiste Samir Aïta au micro de France Culture : « Au Liban, techniquement, les banques sont en faillite. Mais personne n’ose déclarer cette faillite. Car dans le système bancaire libanais, 1 % des déposants a 60 % des dépôts. Et dans ce 1 %, il y a les chefs confessionnels. Personne n’osera couper dedans, ni au gouvernement ni au Parlement qui dépend des mêmes chefs politiques. »

*Ce carnet de bord d’un départ est le récit, partagé une fois par semaine, des aventures, des émotions et de la nostalgie d’une Française qui a passé 10 ans au Liban, avant de repartir pour la France avec son époux libanais et ses enfants.


Les épisodes précédents
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« Tout le monde veut partir »

Bientôt un nouveau monde

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Premières neiges

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Épuisement émotionnel

Voir la révolution

« Koullouna lil watan », de la place des Martyrs à la place du Trocadéro

Un dimanche à Paris

Beyrouth, Paris : d’une pollution à l’autre

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Des papiers, toujours des papiers...

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Ce sens de l’entraide si libanais

Comment faire rentrer un grand appartement beyrouthin dans un petit appartement parisien ?

« Nous quittons » le Liban

Paris est gris et froid. Les journées sont courtes. La nuit tarde à se dissiper le matin et tombe trop vite en fin d’après-midi. J’ai des envies d’hibernation. Comme les ours ou les marmottes. M’assoupir et me réveiller au printemps, lorsque que les bourgeons éclosent et la vie rejaillit.Me revient à l’esprit la lumière du Liban. Les teintes roses et rouge orangé du soleil...

commentaires (1)

Le gros souci c'est la combinaison de cette faillite qui ne date pas d'hier avec la révolution. Un seul de ces problèmes suffirait à mettre un pays a genoux... "Double whammy" comme disent les américains. Ce que cela a de positif c'est que les immenses difficultés existentielles vont nourrir la volonté du peuple. Les dirigeant responsables feraient bien de renoncer à fanfaronner en jet privé à l'étranger. Si j'étais eux, je m'en irais et me ferais tout petit. La violence de la réaction à la misère qui nous attend sera terrible, j'en ai peur.

El moughtareb

11 h 50, le 29 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • Le gros souci c'est la combinaison de cette faillite qui ne date pas d'hier avec la révolution. Un seul de ces problèmes suffirait à mettre un pays a genoux... "Double whammy" comme disent les américains. Ce que cela a de positif c'est que les immenses difficultés existentielles vont nourrir la volonté du peuple. Les dirigeant responsables feraient bien de renoncer à fanfaronner en jet privé à l'étranger. Si j'étais eux, je m'en irais et me ferais tout petit. La violence de la réaction à la misère qui nous attend sera terrible, j'en ai peur.

    El moughtareb

    11 h 50, le 29 janvier 2020

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