Deuxième semaine à Montréal. Nous sommes assis sur la terrasse d’un café à siroter tranquillement un deuxième espresso et profiter de cette belle chaleur qui enveloppe la ville en ce début d’après-midi où le soleil est à son paroxysme. Il fait un éclatant 1 °C, température inhabituelle en cette fin décembre. Une chaleur, très relative certes, mais qui réchauffe en profondeur après avoir vécu des grands froids. Un phénomène typique des pays du Nord qui vivent ces temps de redoux comme on vit des canicules dans les pays du Sud.
Un copain du Liban nous appelle, il vient de faire son landing au Canada. Organisant son séjour permanent au pays en vue de devenir citoyen canadien, il me pose quelques questions, prend mon avis. Je lui donne les conseils d’usage, sûr qu’il va rapidement s’adapter et contribuer positivement à sa société d’accueil. Car, comme je l’ai déjà mentionné dans le passé, les Libanais se sont très bien adaptés et intégrés au Canada. Un constat positif qui en suit un autre, plus amer : une fois encore, une crise économique et politique rejette nos enfants vers ces contrées d’accueil qui, elles, sauront comment leur permettre de s’épanouir. Et le sentiment que nous avons encore une fois collectivement, les politiciens surtout, échoué à offrir un espace de vie à un de nos compatriotes. À quand le jour où chaque citoyen libanais pourra vivre, s’épanouir et construire une société équitable et inclusive dans son propre pays ?
Durant ces vacances que je savoure en famille, j’ai également fait une belle rencontre. Une personne d’exception, aux yeux qui brillent de mille lumières, toujours prête à aider et à partager un karma qui fait rayonner une énergie hors du commun. À l’origine d’une réunion de Libanais d’origine à Montréal, au joli sobriquet de Sirop d’arabe, Lamia Charlebois est elle-même un trait d’union entre le Canada et le Liban. Son cœur bat au rythme de cette mère patrie qu’il est impossible d’oublier. Nous avons échangé sur la meilleure façon de faire en sorte que les ponts qui relient le Liban aux pays d’adoption puissent être empruntés dans les deux sens. Tirer vers le haut plutôt que niveler par le bas. Ce pays nous appartient à nous tous, aux citoyens qui cherchent à y construire une vie, aux expatriés qui rêvent un jour d’y retourner et même aux grands de ce monde qui y trouvent refuge.
À l’aube de cette nouvelle décennie, dernier regard sur 2019. Ce ne sont pas les émotions fortes qui ont manqué. Il s’en est passé des choses… Impossible de faire un bilan, de coucher en quelques lignes ces derniers mois qui nous ont secoués et émus. Mieux vaut regarder vers l’avant, et se concentrer sur les possibilités et les espoirs. Et celui, surtout, de voir certaines pratiques reléguées aux oubliettes. Telle une bordée de neige fraîchement tombée, d’un blanc immaculé, 2020 s’étend devant nous dans toute sa splendeur. Grâce à ces forces vives qui s’activent aujourd’hui au Liban, tous les espoirs sont permis. Bonne année...
*Ce carnet de bord est le récit, partagé une fois par semaine, du retour de Christian Kamel, son épouse et leur fils au Liban. Alors qu’ils sont si nombreux à vouloir quitter le pays du Cèdre, un émigré fait le chemin inverse. Parce que ce pays, qu’il a quitté enfant, est aussi le sien.
Les épisodes précédents
Ces émotions qui nous unissent
La révolution (pas si) tranquille libanaise
Baptême de feu au cœur de la révolution
Libanité, entraide et hospitalité !
Le sentiment d’un retour aux sources
À contresens, nous rentrons au Liban !
Découvrez, en parallèle, le carnet de bord de Anne R. qui, elle, quitte le Liban:
Beyrouth, Paris : d’une pollution à l’autre
Première rentrée parisienne pour mes petits Beyrouthins
Ce sens de l’entraide si libanais
Comment faire rentrer un grand appartement beyrouthin dans un petit appartement parisien ?
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