Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'exprimant par écran interposé devant ses partisans rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth, le 31 août 2019. Photo AFP / ANWAR AMRO
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a démenti samedi les affirmations israéliennes selon les quelles le Hezbollah possédait des usines de fabrication de missiles de précision au Liban, affirmant qu'une riposte aux attaques israéliennes de drones qui ont visé dimanche dernier la banlieue-sud de Beyrouth, fief de la formation chiite, a été décidée. Il a toutefois refusé encore une fois de préciser la date et la nature des représailles que son parti compte mener.
Hassan Nasrallah s'exprimait dans le cadre d'un discours télévisé retransmis en direct à l'occasion de l'ouverture du Conseil central de Achoura qui se tient à Roueiss, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Les commémorations de Achoura marquent la mort du troisième imam des musulmans chiites, l'imam Hussein, tué en "martyr" en 680 lors de la bataille de Kerbala contre le calife Omeyyade Yazid.
Le chef du Hezbollah s'était déjà exprimé dimanche, quelques heures après les attaques de drones. Aujourd'hui, la tension restait vive à la frontière entre le Liban et Israël, quelques heures après le tir de fusées éclairantes israéliennes au-dessus du Liban-Sud, et après des tirs de l'armée libanaise sur des drones survolant le secteur frontalier mercredi soir.
(Lire aussi : Fusées éclairantes à la frontière : "Personne n'a été touché", assure le porte-parole de la Finul)
Une nouvelle étape
"Depuis dimanche dernier, le Liban vit une nouvelle étape, dans des circonstances exceptionnelles. Il en est de même de l'ennemi israélien", a martelé Hassan Nasrallah. "Nous devons dans ce contexte saluer la position officielle libanaise, notamment celle du chef de l’État qui a estimé que cette agression est une déclaration de guerre. Il en est de même du président du Parlement Nabih Berry, qui a réitéré sa position vis-à-vis de cette question aujourd'hui durant son discours. Les positions exprimées par le Premier ministre Saad Hariri sont également importantes. Celle du Conseil supérieur de Défense, qui souligne le droit des "Libanais à se défendre", est également importante. Le fait que M. Berry ait appelé ses partisans à être prêts à la résistance montre que celle-ci est solide, contrairement à ceux qui prétendent le contraire", s'est félicité le numéro un du Hezbollah.
L'attaque de dimanche contre la banlieue-sud de Beyrouth a été présentée par Hassan Nasrallah comme "le premier acte d'agression" de l’État hébreu au Liban depuis la guerre de 2006, qui avait fait 1.200 morts côté libanais et 160 côté israélien. Il a directement menacé Israël de représailles de la part de son parti. Mardi, le Hezbollah avait affirmé que le premier des deux drones, que les experts du Hezbollah ont examiné, contenait plus de cinq kilos d'explosifs, ajoutant que le but de l'appareil n'était pas un vol de reconnaissance mais la réalisation d'un attentat à la bombe". L'explosion du deuxième drone avait fait trois blessés légers, ainsi que des dégâts matériels. Le Hezbollah a remis hier à l'armée libanaise le premier drone récupéré ainsi que les restes du second engin, après avoir analysé les données de ceux-ci. Ces attaques de drones ont gravement exacerbé les tensions entre le Liban et Israël, faisant craindre le déclenchement d'une nouvelle guerre.
"Lorsque j'ai prononcé mon discours dimanche, nous croyions que le premier drone était un engin de surveillance. Mais le lendemain il s'est avéré qu'il contenait une charge explosive, comme le second drone. L'une des éventualités est que le premier et le second appareil auraient pu larguer leur charge durant la nuit, afin que le lendemain, un autre drone tire sur ces explosifs afin de faire croire à une explosion d'origine indéterminée, que l'on soupçonne des groupes takfiristes (jihadistes sunnites, ndlr). Nous sommes donc face à une agression israélienne claire", a estimé le chef du Hezbollah.
(Lire aussi : Les États-Unis tablent sur un renforcement du ressentiment des Libanais contre le Hezbollah)
"Dimanche, j'avais dit que la réponse (contre les agressions israéliennes) se ferait depuis le Liban et non des fermes de Chebaa. Pas besoin d'interpréter mes propos. La réponse viendra depuis le Liban. Certains ont affirmé que nous comptons mener des représailles contre des agents au service d'Israël au Liban. Ce que j'ai voulu dire, c'est que nos options sont ouvertes, et la réponse peut ne pas venir nécessairement depuis les fermes de Chebaa, comme nous le faisions par le passé. La réponse peut survenir de n'importe où", a expliqué le leader chiite.
"Nous avons patienté jusque-là, face aux agressions israéliennes au moyen de drones. Mais l'agression contre la banlieue-sud de Beyrouth marque un nouveau tournant. Nous allons adopter une tactique bien précise, car si nous nous engageons à éliminer chaque drone israélien qui survole le Liban, l'ennemi enverra des dizaines de drones afin de tester nos défenses. Ce qui compte, c'est de pouvoir dire à l'ennemi : +tu ne peux pas être serein en survolant notre espace aérien+", a-t-il martelé.
(Lire aussi : Spéculations sur les différents scénarios de la riposte prévue du Hezbollah, le décryptage de Scarlett Haddad)
Les missiles de précision
L'armée israélienne avait accusé jeudi l'Iran de chercher à fabriquer, via le Hezbollah, des missiles guidés de précision qui pourraient causer "d'énormes pertes humaines" en Israël. L'armée israélienne n'a toujours pas confirmé jeudi les incidents aux drones à Beyrouth, mais a affirmé avoir des informations prouvant que le Hezbollah tentait de convertir des roquettes en missiles de haute précision. Selon l'armée israélienne, l'Iran avait tenté de 2013 à 2015 de transporter des missiles de son sol jusqu'au Liban, via la Syrie, mais après une série d'échecs, Téhéran a modifié son approche en 2016 afin non pas de transporter des missiles, mais de "convertir" des roquettes en missile de haute précision.
"Nous, en tant que Hezbollah, aurions clairement affirmé que nous possédons des usines de production de missiles de précision si c'était le cas. Car cela aurait été notre droit. Mais nous ne possédons pas ce genre d'usines. Ceci est un mensonge qu'utilise (le Premier ministre israélien) Benjamin Netanyahu. Nous avons assez de missiles de précision. Nous n'avons pas besoin d'usines de fabrication de tels engins. Netanyahu cherche un prétexte pour attaquer, alors que nous possédons mille raisons pour nous en prendre à Israël. Netanyahu ment à sa population en leur disant qu'il a saboté des usines de production de missiles dans la banlieue-sud. Ceci n'est pas vrai. Ils (les Israéliens) pourraient cibler des armements du parti ici et là, mais en aucun cas il ne s'agirait de centres de production de missiles de précision. Je le répète : nous avons tout ce qu'il faut au Liban en matière de missiles de précision", a insisté Hassan Nasrallah.
(Lire aussi : Aoun « soulagé » après le renouvellement du mandat de la Finul)
"Il ne s'agit pas de sauver la face"
Le chef du Hezbollah a conclu son allocution en se prononçant sur les représailles que sa formation compte mener contre Israël. "La riposte à l'agression israélienne a été décidée. Il ne s'agit pas de sauver la face, mais de définir les règles d'engagement (armé) et une logique de protection pour le pays. Ces drones permettent de mener des assassinats au Liban, et cela est inacceptable. Les Israéliens doivent payer le prix de leur agression. Toutes les menaces n'empêcheront pas la Résistance de répondre à cette agression. Mais nous ne sommes pas tenus de nous prononcer sur la nature de cette réponse. Les analyses de certains n'engagent en rien la Résistance. Seules quelques personnes sont au courant de la nature de notre réponse et cela inquiète l'ennemi. Nos responsables militaires savent comment répondre. Il faut faire comprendre à l'ennemi que notre pays n'est pas ouvert aux agressions. Nous devons être prêts à toutes les possibilités et toutes les réactions", a-t-il souligné.
Ces développements interviennent deux jours après le renouvellement pour un an, par le Conseil de sécurité de l'ONU, du mandat de la Finul, malgré des pressions américaines pour en réduire les effectifs. Le Conseil de sécurité a dans ce contexte mis en garde contre la résurgence d'un conflit entre le Liban et Israël.
Lire aussi
Trois discours en un week-end... pour résumer la complexité de la situation, le décryptage de Scarlett Haddad
Joujoux de crise, l'édito de Issa GORAIEB
Et si la guerre avait lieu ? Le billet de Médéa Azouri
Un haut responsable US explique pourquoi Washington sanctionne la Jammal Trust Bank
Les règles d'engagement entre le Hezbollah et Israël ont changé, selon la presse libanaise
Netanyahu appelle le Hezbollah et le Liban à "prendre garde" à leurs actions
Pour mémoire
commentaires (9)
Pourquoi nos dirigeants de tout bord "soit disant" œuvrant pour le meilleur du Liban et de ses citoyens ne se mettent-ils pas autour d'une table comme des gens civilisés et proposent un pacte de paix et de neutralité avec tous nos voisins avec une garantie de nos périmètres aussi bien maritimes que territoriaux. Si les choses se compliquent, nous verrons nous, Libanais, qui est le responsable de la destruction du Liban et qui œuvre pour sa prospérité et la paix sur son sol. Ainsi nous n'aurons plus besoin de chiens de garde à nos frontières et celui qui choisira de faire quand même la guerre pour exister se verra expulsé pour cause de trahison avec armes hommes et bagages dans les pays qu'il veut défendre. HN ne sera plus le sayyed en Iran mais un simple sbire et servira lui aussi comme chaire à conon tout comme ses hommes qu'ils le suivent depuis des décennies pour semer la terreur. Le jour où l'Iran n''en aura plus besoin comme épouvantail il le liquiderait tout comme ils ont toujours fait en se servant de lui pour liquider les non obéissants. Tout le monde sera content et enfin le Liban se verra prosperé et ses enfants du monde entier quelque soit leur appartenance religieuse avec ses élites mais aussitôt es investisseurs reprendront le chemin du retour. Mais ça, ca n'arrangera pas Ali Baba et ses centaines de voleurs...
Sissi zayyat
19 h 28, le 01 septembre 2019