Le Conseil supérieur de défense réuni hier à Beiteddine. Photo Dalati et Nohra
Le Conseil supérieur de défense, réuni hier sous la présidence du chef de l’état, à Beiteddine, a-t-il donné au Hezbollah un feu vert à une riposte « appropriée et proportionnelle » à l’attaque aux drones piégés perpétrée par Israël dans un quartier de la banlieue sud, dans la nuit de samedi à dimanche ?
C’est ce qu’a laissé croire hier soir une source ministérielle citée par une télévision locale, et c’est ce qu’a expressément démenti quelques moments plus tard le ministre de la Défense, Élias Bou Saab.
Il reste que dans la déclaration du porte-parole du Conseil supérieur de défense, une ambiguïté laisse croire qu’effectivement, le Hezbollah a pu obtenir d’avoir les mains libres pour riposter à l’agression israélienne puisque le communiqué parle du droit des « Libanais » et non pas « du Liban » « de se défendre par tous les moyens contre toute agression ». Le Hezbollah, en effet, insiste pour que « le peuple » et « la résistance (islamique) » soient clairement reconnus comme sujets d’un droit de résistance, à côté de l’armée, conformément à une formule mettant au même plan « l’armée, le peuple et la résistance ».
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Double agression
Réuni hier en séance extraordinaire, au palais de Beiteddine, deux jours après la double agression, le Conseil supérieur de la défense a donc souligné « le droit des Libanais à se défendre par tous les moyens contre toute agression, un droit prévu dans le Charte des Nations unies, pour empêcher qu’une telle attaque se répète contre le Liban, son peuple et son territoire. L’unité nationale est l’arme la plus forte face à l’ennemi », peut-on lire dans un communiqué publié à l’issue de la réunion du Conseil.
Le Premier ministre, Saad Hariri, « a évoqué les contacts qu’il a entrepris avec la communauté internationale », ajoute le texte. Il est précisé « que cette attaque était la première de ce type depuis 2006 et la première violation qui montre qu’Israël veut changer les règles d’engagement, chose qui menace la stabilité ». M. Hariri a aussi indiqué qu’une plainte a été présentée au Conseil de sécurité de l’ONU par le biais du ministère des Affaires étrangères.
Le chef de l’État a souligné, pour sa part, « la nécessité de défendre la souveraineté du Liban et l’intégrité de son territoire parce qu’il s’agit d’un droit légitime ». Conformément à la loi, le Conseil a gardé ses décisions secrètes.
Le Conseil supérieur de défense s’était réuni en fin de journée sous la présidence de M. Aoun et en présence du Premier ministre, Saad Hariri, des ministres des Finances, de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de l’Économie, de la Justice, du ministre d’État pour les Affaires présidentielles, du commandant en chef de l’armée et des commandants des appareils sécuritaires.
(Lire aussi : Pour le Hezbollah, il faut empêcher un retour au rapport de forces d’avant 2006, le décryptage de Scarlett Haddad)
Hariri : « Rien à craindre »
Interrogé par les journalistes à l’issue de la réunion, M. Hariri a répondu laconiquement : « Il n’y a rien à craindre et nous ne craignons que Dieu. » Ces propos reflètent, selon des sources informées, l’assurance que l’opération du quartier Madi ne mènera pas à une escalade de violence, même si les menaces de riposte du secrétaire général du Hezbollah restent une source de tension.
Accusant Israël d’avoir mené l’attaque au drone dimanche contre le quartier Madi, dans la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah a en effet laissé entendre qu’il y aurait une possibilité de riposte à cet « acte d’agression ». Le président Aoun avait, en outre, qualifié lundi l’attaque de « déclaration de guerre » de la part d’Israël.
Dimanche avant l’aube, le premier drone était tombé au-dessus du secteur de Mouawad, dans le quartier Madi. Selon le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, l’appareil a été descendu par des jets de pierres de jeunes du quartier. Le second appareil avait explosé en vol, provoquant des dégâts dans un centre de presse du Hezbollah et blessant légèrement trois personnes.
(Lire aussi : Netanyahu appelle le Hezbollah et le Liban à "prendre garde" à leurs actions)
Précisions
Par ailleurs, les experts du Hezbollah qui ont démantelé le premier des deux drones qui s’est écrasé au sol ont découvert qu’il contenait une charge explosive de type C4 pesant 5,5 kg, a indiqué hier le parti chiite dans un communiqué. « Nous confirmons que le but de ce premier drone n’était pas un vol de reconnaissance, mais la réalisation d’un attentat à l’explosif », a ajouté le parti. « L’objectif de ce drone n’était donc pas de surveiller, mais d’exploser, comme l’a fait le second appareil », estime le parti chiite, qui conclut que la banlieue sud a donc été bel et bien la cible dans la nuit de samedi à dimanche « d’attaque de drones piégés ».
Une télévision locale, citant une source ministérielle, ayant affirmé que « le Conseil supérieur de défense a pris note de la décision du Hezbollah d’apporter une riposte appropriée et proportionnelle à l’agression israélienne », une mise au point attribuée d’abord à « une source informée » puis au ministre de la Défense, Élias Bou Saab, a tenté de corriger ce cafouillage en affirmant que le Conseil de défense « n’a pas du tout examiné cette question ».
À noter, aussi, qu’au cours du Conseil des ministres qui s’est tenu dans la journée au Grand Sérail, le ministre FL Richard Kouyoumjian avait insisté pour que, dans le procès-verbal de la séance, soit réaffirmé que l’État seul détient le monopole de l’usage de la force sur le territoire libanais, et celui de décider de la guerre et de la paix.
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Le Conseil supérieur de défense, réuni hier sous la présidence du chef de l’état, à Beiteddine, a-t-il donné au Hezbollah un feu vert à une riposte « appropriée et proportionnelle » à l’attaque aux drones piégés perpétrée par Israël dans un quartier de la banlieue sud, dans la nuit de samedi à dimanche ? C’est ce qu’a laissé croire hier soir une source...
commentaires (8)
le libanais n'est pas attaqué. C'est l'iran au liban qui l'est. Faut pas assumer et adopter les guerres des autres. Le libanais n'a pas choisi d'accueillir des constructeurs privés de missiles !!! Faisons le ménage au liban et accueillons des gens pacifistes faisant du tourisme et non des guerriers voulant impliquer le liban dans leurs guerres.
radiosatellite.co
19 h 42, le 30 août 2019