Des soldats de la Finul, au Liban-sud le 29 août 2019, près d'un poster représentant Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah. AFP / Mahmoud ZAYYAT
Cinq jours après l’attaque israélienne contre la banlieue sud, on peut dire qu’il y a un match nul entre Israël et le Hezbollah. La première partie ignore encore comment le premier drone a pu atterrir sans dommage et le Hezbollah se garde bien de donner la moindre indication crédible à ce sujet, se contentant de parler de pierres lancées par les jeunes du quartier, alors que de son côté, il continue d’ignorer la véritable nature de la mission de ce même drone, en dépit de l’examen poussé effectué par ses experts.
Toutefois, l’analyse approfondie des cibles choisies par Israël au cours de ses dernières attaques montre qu’elles se concentrent sur trois domaines précis. D’abord, Israël cherche à viser tous les cerveaux du Hezbollah, notamment tous ceux qui se spécialisent dans les drones et les nouvelles technologies. C’est notamment le cas des deux membres du parti qui ont été tués à Akraba, près de Damas, le week-end dernier.
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Ensuite, Israël cherche à détruire tout ce qui a trait aux missiles de haute précision que posséderait le Hezbollah, qu’il s’agisse de potentielles usines de fabrication, de matériel utilisé pour leur fabrication, leur transport ou encore des missiles eux-mêmes. Pour les Israéliens, la possession par le Hezbollah de missiles de ce type est une question cruciale, qui peut même devenir vitale. Or, depuis quelque temps, dans ses discours ou ses entretiens télévisés, le secrétaire général du parti multiplie les insinuations sur ce sujet, faisant ainsi monter la tension en Israël. Pour calmer les craintes suscitées par les déclarations ambiguës de Hassan Nasrallah, des médias israéliens, relayés par des médias internationaux, ont d’ailleurs affirmé que l’objectif du premier drone était de détruire un système du Hezbollah destiné à la fabrication des missiles de haute précision.
Mais toutes ces versions, tout comme le scénario rapporté par la version arabe du quotidien britannique The Independent sur l’entrée au Liban d’un commando israélien qui aurait actionné les deux drones en se postant tout près de la banlieue sud, s’inscrivent pour l’instant dans le cadre de la guerre de désinformation menée par les deux camps, pour influencer l’opinion publique et se présenter devant elle comme ayant marqué un point contre l’ennemi.
Ce flot d’informations et de contre-informations au sujet de l’attaque israélienne contre la banlieue sud alimente le climat de tension qui règne des deux côtés de la frontière au sud du Liban.
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Du côté libanais, selon plusieurs témoignages, l’atmosphère générale oscille entre d’une part l’enthousiasme de jeunes qui veulent en découdre avec l’ennemi israélien et qui, souvent, n’ont pas de souvenirs précis de la guerre de 2006, et d’autre part l’appréhension des personnes plus âgées qui, en raison de leur longue expérience des crises, cherchent à s’approvisionner en prévision d’éventuels affrontements, tout en préparant des lieux sûrs en cas de raids aériens.
Du côté israélien, les agences d’information internationales rapportent un climat d’inquiétude au sein de la population et la préparation des abris et autres lieux protégés, alors que l’armée israélienne a effectué un retrait sur une profondeur de sept kilomètres, jusqu’à la seconde ligne de défense qu’elle a établie face à la frontière avec le Liban. Cette mesure est liée à la riposte prévue du Hezbollah.
Pour les Israéliens, les propos du Hezbollah sur une riposte à partir du Liban et en territoire libanais signifieraient principalement la pose d’une charge explosive au passage d’une patrouille israélienne, dans cet espace géographique qu’ils se disputent avec les Libanais et qui a été maintenu en suspens par le tracé de la ligne bleue, effectué par la Force intérimaire des Nations unies (Finul) en 2000. En reculant d’une distance de 7 km, les Israéliens limitent donc les choix du Hezbollah et l’empêchent de mener une riposte étudiée et proportionnelle à l’attaque, notamment à celle qui a eu lieu à Damas.
Mais d’autres scénarios de riposte sont possibles. Certains spécialistes parlent de la possibilité pour le Hezbollah d’envoyer sur une cible précise un drone piégé, alors que d’autres évoquent la possibilité pour le Hezbollah d’abattre un drone de surveillance israélien au-dessus du Liban. De fait, depuis l’attaque de dimanche, les appareils de surveillance israéliens multiplient les survols de surveillance dans l’espace aérien libanais, dans le but de guetter les préparatifs militaires du Hezbollah, pour deviner l’ampleur de la riposte qu’il prépare.
Un autre scénario reste possible, celui d’une attaque du Hezbollah en profondeur. Mais cela signifierait qu’il prend ainsi le risque d’entraîner une nouvelle attaque israélienne. Dans le climat de tension actuel, la situation pourrait rapidement dégénérer. Or, les milieux proches du Hezbollah affirment qu’il ne cherche pas à provoquer une guerre. Il se contenterait donc d’une riposte proportionnelle à l’ampleur de l’agression, qui sera plus qu’une simple opération et moins qu’une guerre. Selon ces mêmes milieux, la décision de la riposte est prise depuis le premier jour, mais c’est le terrain qui décidera de son timing, pour garantir son succès.
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commentaires (16)
Mme Haddad, je vous envie! Ca doit être magnifique de vivre dans votre monde. «Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir». Les Israéliens ont humilié le Hezb en envoyant dans ses bureaux des drones fabriqués en chine avec faible autonomie, que n'importe qui peut acheter et commander. Lorsqu'ils voudront réellement passer à l'acte, ils utiliseront un autre matériel. Je pense que ce n'est qu'un appel du pieds de Netanyahu à son grand ami HN pour l'inviter dans la danse. Après tout, ces deux hommes se comprennent très bien et ont le même fond de commerce.
Naji KM
04 h 02, le 01 septembre 2019