« Pour ceux qui veulent refaire leur vie loin de l'enfer d'Alep,
le golden ticket est à 10 000 USD » (15 juin 2015)
Illustration Ivan Debs
Malgré une nette amélioration des conditions de vie des Alépins, c'est en voyant son quartier se vider et les échoppes abaisser leur rideau de fer que Georges a été le témoin de départs précipités. « Je me suis renseigné sur le tarif du boat people », confie-t-il, autrement dit le passage illégal de la frontière turque, la traversée vers la Grèce pour ensuite rejoindre l'Allemagne ou la Suède. (lire la suite)
Rester ou partir ? Le dilemme des jeunes chrétiens d'Alep
(27 février 2016)
« Si je quitte Alep pour devenir pompiste à Beyrouth, non merci », s'écrie Antoine Addoumieh. Ce jeune homme de 28 ans est le seul de sa famille à vivre encore à Alep. Les autres sont, pour la plupart, allés s'installer à Tartous, ville côtière, à majorité alaouite. (lire la suite)
Pourquoi risquer sa vie à prendre des photos dans l'enfer d'Alep
(17 mai)
« J'ai voulu être photographe afin de faire parvenir le message des Syriens en souffrance au reste du monde », explique Ameer Alhabi. Mais être aux avant-postes après des bombardements est extrêmement compliqué, tant la souffrance des gens est bien visible. (lire la suite)
« Voilà pourquoi je n'ai pas peur de Fateh al-Cham... »
(8 août)
Des Casques blancs célébrant la victoire après que les forces rebelles ont déclaré avoir brisé le siège d'Alep. Thaer Mohammed/AFP
« Si je vous décris la scène aujourd'hui (hier), cela dépasse l'entendement. Avant la rupture du siège, on manquait de tout, de riz, de sucre, de produits de base... Personne n'osait sortir dans la rue, tant un climat de méfiance et de peur était palpable. Mais quand la bataille de Ramoussa a commencé, on peut dire que les gens ont changé, même physiquement. Ils se sont transformés, tout comme les expressions de leur visage », raconte Mohammad al-Khatieb. (lire la suite)
Malgré la trêve, Alep craint toujours le pire
(16 septembre)
« Juste avant le début de la trêve lundi soir, les avions de Bachar el-Assad et de ses alliés ont pilonné la ville comme jamais. Huit immeubles ont été détruits à deux pas du mien », raconte Rachid*, un infirmier d'un hôpital de campagne d'Alep. (lire la suite)
Notre série spéciale, "Je vous parle d'Alep"
I - Mohammad, infirmier à Alep : « Les enfants ne savent pas qui est Assad ou ce qu'est la rébellion » (28 septembre)
Mohammad, infirmier à Alep.
Ce matin, comme chaque matin, je me réveille sans même avoir le sentiment d'avoir dormi ne serait-ce qu'une minute à cause des avions et des bombes. Mais je me lève quand même, porté par l'idée que des gens auront besoin de moi. (lire la suite)
II - Yasser, comptable : « Ne t’inquiète pas mon amour, nous sommes en vie, ne sois pas triste pour la maison » (29 septembre)
Un hôpital visé par des raids de l'aviation russo-syrienne dans le quartier rebelle de Maadi à Alep. Abdelrahman Ismail/Reuters
Vers les 5 heures, une roquette s'est abattue sur l'immeuble où j'habite, dans le quartier de Maadi, vraisemblablement tirée depuis la citadelle historique dans la vielle ville sous contrôle du régime. Après l'explosion, les deux derniers étages se sont effondrés, mais heureusement plus personne n'y résidait. (lire la suite)
III-Ameer, photographe : Quand je croise les enfants du quartier, ils m’indiquent des corps en décomposition (30 septembre)
Ameer Alhalabi.
Je me suis réveillé ce matin (hier) en sursaut, sur le coup de 8h30, à cause de l'explosion d'un missile tombé sur mon quartier. Je me suis habillé rapidement et me suis rué dans la rue, caméra en main, pour voir si tout le monde allait bien, et j'ai commencé à prendre des photos. (lire la suite)
IV- Abou el-Abed, combattant rebelle : Ma mère n’a jamais accepté que j’aille combattre (1 octobre)
Le combattant rebelle Abou al-Abed.
Ce que j'ai vécu aujourd'hui était terrible. Nous avons combattu contre l'armée du régime dans le quartier Souleimane al-Halabi, situé sur la ligne de démarcation. Nous avons été mobilisés pour repousser leurs offensives. Ils ont avancé vers les installations hydrauliques, mais nous avons réussi à les faire reculer. Du coup, ils s'en sont pris aux civils en larguant des barils d'explosifs, et des bombes au phosphore. (lire la suite)
V- Dr Farida, gynécologue-obstétricienne à Alep : « C'était un jour comme un autre, sous les bombes » (4 octobre)
Un hôpital de campagne endommagé après des bombardements sur les quartiers rebelles d'Alep, samedi dernier. Abdalrhman Ismail/Reuters
Ce matin, des patientes sont arrivées pour un accouchement et d'autres pour effectuer des examens. C'était un jour comme un autre, sous les bombes. (lire la suite)
VI – Ismaël Alabdallah, Casque blanc à Alep : Nous avons pu trouver à manger aujourd'hui (5 octobre)
Sur le panonceau tenu par Ismaël Alabdallah, Casque blanc à Alep, on peut lire : « Je rêve de retourner à l'université ». Photo Ameer Alhalbi
Aujourd'hui (hier) je me suis levé tôt. J'ai bu mon café et discuté avec les collègues. Je leur ai demandé si l'un d'entre eux avait pu dégoter des cigarettes, parce qu'il est rare d'en trouver, et moi ça me manque vraiment de fumer. (lire la suite)
Jack Kazanji espère pouvoir faire sa vie en Allemagne. Photo Facebook
Je me suis levé vers 9h. Une demi-heure plus tard, j'ai attrapé le bus de l'Université privée d'Ebla, mis à disposition des étudiants. Aujourd'hui (hier), c'était le premier jour des inscriptions pour le premier semestre. Je suis en 4e et dernière année d'économie. (lire la suite)
VIII- Anouar Chehada, anesthésiste à Alep-Est : « Mon petit garçon a très peur des bombardements » (21 octobre)
Anouar Chehada, anesthésiste à Alep-Est. Photo DR
Je me suis levé à 7h ce matin (hier) et je suis sorti de chez moi pour essayer de trouver à manger pour ma famille. J'ai tourné pendant deux heures pour pouvoir trouver du pain et du lait pour mon fils, âgé de 4 mois. En vain. (lire la suite)
IX- Wissam Zarqa, professeur à Alep-Est : « La plupart des gens diplômés ont soit fui, soit été arrêtés ou tués » (22 octobre)
Wissam Zarqa, professeur d’anglais à Alep-Est. Photo D.R.
Généralement le vendredi, la ville est plus calme. Les gens ne vont pas au travail, et passent la journée en famille à la maison. Avec le siège et les bombardements, la situation est désormais différente. (lire la suite)
Plusieurs amis sur Facebook, que ce soit des Syriens ou des journalistes étrangers, m'ont envoyé l'autre jour: « Super, vous allez pouvoir sortir d'Alep grâce aux corridors ! » J'ai passé une journée entière à leur expliquer que c'était un leurre, qu'il n'y a rien de tel et que personne n'a franchi ces soi-disant corridors humanitaires. (lire la suite)
Chaque jour je me réveille avec le bruit des avions. On se lève du lit en se demandant ce que la journée nous réserve. Quand il ne se passe rien, je me dis « qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui, ils nous ont oubliés ?». (lire la suite)
Le quartier détruit d’al-Kallassé, à Alep-Est. Photo Joumana Omar
XII- Nour, étudiante à Alep-Ouest : « Nous n'aurons jamais la même qualité de vie ailleurs » (26 octobre)
Le quartier détruit d'al-Kallassé, à Alep-Est. Photo Joumana Omar
XIII - Jalal, couturier à Alep-Est : « Il n’y a pas de mots pour exprimer notre souffrance » (27 octobre)
Les étalages sont vides dans les souks d'Alep-Est. Abdelrahman Ismail/Reuters
Je suis couturier et marchand de tissu. Mais depuis le début du ramadan, je n'ai plus de travail. La vie est extrêmement difficile dans tous les sens du terme. En me levant aujourd'hui, je me suis dit la même chose que tous les jours : le plus important, c'est de rester en vie ! Je dois ramener du pain à la maison. On a droit à six « rabta » de pain un jour sur deux. (lire la suite)
XIV- Khaled Naaïmi, vendeur à Alep-Est : « Papa, est-ce que la route de la banane a rouvert ? » (28 octobre)
Je veux bien vous raconter notre vie, mais ce n'est que 1 % de la réalité...
Ce matin (hier), je suis allé chercher du pain. J'ai fait la queue pendant trois heures pour avoir une rabta de pain, soit 600 grammes pour une famille de 6 personnes, au prix de 500 livres libanaises. (lire la suite)
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« Tout le quartier a été vidé, le temps que le chlore s'évapore »
(5 novembre)
« Inchallah que les rebelles et les civils acceptent de sortir des quartiers est et qu'on en finisse, car on ne peut plus continuer ainsi », espère Lina*, une habitante d'Alep-Ouest, contactée via WhatsApp. Une trêve de 10 heures décrétée par la Russie, allié de Damas, est entrée hier en vigueur afin que les combattants rebelles et les civils des quartiers-est empruntent les « couloirs humanitaires ». Mais personne ne les avaient empruntés hier, selon l'AFP. (lire la suite)
À Alep-Est, « on préfère mourir que d'être emprisonné et torturé de l'autre côté »
(26 novembre)
« Les dix derniers jours ont été les pires de ma vie. En deux ans, il n'y a pas eu autant d'obus, de barils et de missiles que cette dernière semaine », raconte Khaled, un père de 4 enfants habitant les quartiers est d'Alep, sous contrôle des rebelles. (lire la suite)
La fuite ou la mort : le choix terrible des Alépins de l'Est
(29 novembre)
« Je pense emmener ma famille du côté de la ville tenu par le régime. Dieu seul sait ce qu'il adviendra de nous. Ne m'écrivez plus, je ne veux pas avoir de problèmes une fois passé à l'Ouest. Je ne veux pas qu'ils me torturent. Merci et que Dieu vous garde. » Comme Adnane*, des milliers d'habitants des quartiers est d'Alep ont perdu tout espoir de voir les forces rebelles vaincre celles du régime et de ses alliés et préfèrent l'exode à une mort probable. (lire la suite)
À Alep-Est meurtrie, le doute s'instille partout, même chez les rebelles
(30 novembre)
Rester et probablement mourir, ou fuir dans les zones contrôlées par le régime ou par les Kurdes sans savoir ce que les lendemains leur réserveront : les Alépins de l'est sont plus que jamais confrontés à ce dilemme morbide. Nombreux sont ceux qui refusent de quitter leur quartier, malgré des conditions de vie chaque jour plus insupportables. (lire la suite)
« Croyez-moi, hier, j'ai compris ce que c'est que l'enfer »
(6 décembre)
Après des jours et des nuits entières de bombardements sans relâche, les civils des quartiers est n'osent plus quitter leurs habitations pour se rendre dans les secteurs ouest, aux mains des forces loyalistes. (lire la suite)
« Alep se meurt. Ceci est peut-être mon dernier message SOS »
(9 décembre)
« Appel à tous ceux qui sont capables de nous aider, les gouvernements, les journalistes, les ONG. Alep se meurt. Il y a des massacres partout. Ceci est peut-être mon dernier message SOS », écrit Abou Jaafar, un médecin légiste à Alep-Est, sur le groupe WhatsApp Aleppo Siege Media Center. (lire la suite)
Alep-Est : « Je viens de brûler ma maison pour que personne ne puisse en profiter »
(14 décembre)
Le compte à rebours est lancé. Affamés, à bout de forces, les habitants des quelques quartiers est d'Alep encore aux mains des rebelles attendent fébrilement que le monde s'enquière de leur sort. (lire la suite)
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15 décembre 2016
Quatre années de divisions, d'incompréhension et parfois de haine auront séparé les habitants de l'est de la ville de ceux de l'ouest, restés loyaux au régime. Seuls quelques kilomètres les séparent, mais ils ont vécu ces quatre années de façon radicalement différente, persuadés tous deux d'être du bon côté de l'histoire et de défendre une juste cause. C'est parce que leur témoignage apporte deux perceptions diamétralement opposées du conflit syrien en général, des cinq ans qui ont précédé la chute d'Alep en particulier, que « L'Orient-Le Jour » a souhaité donner la parole à un Alépin de l'Est et à une Alépine de l'Ouest :
Salah el-Achkar, Alépin de l'Est : L'histoire retiendra
qu'il y avait un groupe de jeunes qui ne réclamaient que la liberté
Salah el-Achkar lors de manifestations en mars 2016.
J'ai 28 ans. En 2012, j'étais étudiant en finances à l'Université d'Alep. J'ai immédiatement rejoint le mouvement contestataire des étudiants. Par conséquent, j'ai été parmi ceux recherchés par le régime. J'ai déménagé vers les quartiers sous contrôle des rebelles, à l'Est. Bien entendu, j'ai dû interrompre mes études. (lire la suite ici)
Mireille George Soufo.
J'ai 21 ans. J'ai vécu toute la guerre syrienne à Alep. La première fois que j'ai senti que cette guerre était vraiment réelle, j'étais en 3e, en 2012. J'étais en cours quand une forte explosion a eu lieu. C'était loin de chez nous, mais nous avons eu très peur. On nous a fait descendre en lieu sûr et nos parents sont venus nous chercher. Les lignes téléphoniques étaient saturées. (lire la suite)
Illustration Ivan Debs
Malgré une nette amélioration des conditions de vie des Alépins, c'est en voyant son quartier se vider et les échoppes abaisser leur rideau de fer que Georges a été le témoin de départs précipités. « Je me suis renseigné sur le tarif du boat...
Jeunesse perdue... Illusion d'une "démocratisation" du régime par la poussée de la "révolte...printemps arabe syrien" Mais qui donc a encouragé ces jeunes pour cette "mission impossible, dans la configuration actuelle de la région" Et comme lors de la guerre Irak/Iran, a "fait le nécessaire" pour que ça dure le plus longtemps possible...l'histoire le dira...peut etre
12 h 27, le 19 décembre 2016