Plusieurs amis sur Facebook, que ce soit des Syriens ou des journalistes étrangers, m'ont envoyé l'autre jour: « Super, vous allez pouvoir sortir d'Alep grâce aux corridors ! » J'ai passé une journée entière à leur expliquer que c'était un leurre, qu'il n'y a rien de tel et que personne n'a franchi ces soi-disant corridors humanitaires.
J'étais en dernière année de droit à la fac quand la révolution a éclaté en 2011. J'ai décidé de me ranger derrière le peuple et de descendre dans la rue. Durant les manifestations, c'était terrible. La répression du régime était telle qu'on ne se faisait plus aucune illusion. Je n'ai pas pu obtenir mon diplôme et c'est dommage, car mes études m'ont coûté très cher. Au début de la révolution, nous étions un groupe de futurs diplômés, ou de diplômés en médecine, ingénierie ou autre, et nous voulions servir à quelque chose. Moi j'étais bon en anglais et j'avais donné des cours particuliers à des enfants parallèlement à mes études. En 2011, nous avons décidé d'ouvrir une école pour les enfants du quartier, dont j'ai été le directeur pendant un an et demi. Beaucoup de journalistes venaient à l'époque à Alep, et même parfois visiter l'école, avant qu'il n'y ait Daech et tout le reste. Les étrangers n'avaient pas peur de venir dans notre ville. Depuis plusieurs années, je travaille comme aide humanitaire auprès d'associations.
Les journées se ressemblent. Quand je ne travaille pas, je suis la plupart du temps à la maison avec mon épouse. Nous nous sommes mariés il y a dix mois. Parfois, je fais un saut chez des amis. Ce matin (hier), je suis allé à la recherche de pain. Je ne pensais pas qu'on finirait par vivre comme ça. Les prix sont devenus dingues. Ma femme et moi mangeons du pain un jour sur deux. Je fais la queue chez le boulanger comme tout le monde pour pouvoir acheter quelques rabtas de pain. Parfois, je trouve de la kaaké. Le régime et les avions russes visent expressément les boulangeries. Ceux qui ne meurent pas de faim meurent touchés par un obus. À la maison, il nous reste un peu de mouné (provisions), de l'huile, du thym et des olives. On a stocké un peu de riz ou des pâtes. Ça ne suffit pas, mais bon, on se dit qu'on est mieux lotis que d'autres, qui n'ont plus rien.
Les légumes ou les fruits ? On ne sait plus ce que c'est! Quand quelqu'un trouve des aubergines, c'est qu'il est vraiment chanceux! Il ne reste que quelques fines herbes sur le marché, comme le persil ou la menthe. Dans le quartier d'al-Salhin, dans lequel je vis, il est impossible de faire pousser quoi que ce soit. En ville, il n'y a pas de vaches ou de chèvres, et donc pas, ou très peu, de lait. Beaucoup d'enfants en souffrent terriblement. Moi je peux supporter de ne pas manger à ma faim, mais pas ma femme, qui est enceinte de 8 mois. Nous attendons des jumeaux. Elle a des carences, et ça m'inquiète, car elle a besoin de vitamines que je ne parviens pas à trouver. Chaque jour, je fais la tournée des pharmacies, jusqu'à une quinzaine parfois, afin de lui trouver de la vitamine B10, qui est normalement indispensable pour le bon déroulement d'une grossesse. En vain. J'ai peur que cette situation dramatique ne perdure, car dans un mois, mes enfants naîtront si Dieu le veut. Est-ce qu'on pourra trouver un médecin à temps ? J'ai peur qu'elle accouche en pleine nuit. Comment vais-je l'emmener à la clinique ? Il n'y a plus d'essence pour les voitures. Et ceux qui en ont planqué craignent de sortir leur voiture à cause des avions, car la moindre lumière les attire et ils se mettraient à larguer des bombes.
L'Orient-Le Jour a demandé à Ahmad al-Ahmad des images représentant son quotidien (ici, des destructions dans le quartier rebelle d'al-Fardous, à Alep-Est):
"Je vous parle d'Alep", les précédents témoignages :
VIII- Anouar Chehada, anesthésiste à Alep-Est : « Mon petit garçon a très peur des bombardements »
VI – Ismaël Alabdallah, Casque blanc à Alep : Nous avons pu trouver à manger aujourd'hui
IV- Abou el-Abed, combattant rebelle : Ma mère n’a jamais accepté que j’aille combattre
commentaires (3)
La bensaoudie et la turquie exigent des bactéries de ne pas quitter Alep. l’Occident a peur d'avoir à faire face aux révélations sur le rôle joué par les officiers des pays membres de l’OTAN ou d'Israël dans les combats à Alep, officiers bien présents dans les centcom bacteries à l'Est d'Alep. Ils cherchent à faciliter le départ de ses officiers. Si les bactéries restent toujours à Alep, c’est à l'instigation des bensaouds, de la Turquie et du Qatar . La raison en est que ces pays exigent le départ de l’est d’Alep des chefs des bactéries qui sont pour la plupart des ressortissants des pays membres de l’OTAN et israéliens. Le feu vert au plan syrien d'évacuation des terroristes de la ville d’Alep signifierait la libération de cette ville sans aucune perte humaine ni dégât matériel, mais les Occicontaux souhaitent entraîner l’armée syrienne et ses alliés dans une guerre d’usure . La récente trêve unilatérale à Alep a montré le vrai visage des bactéries qui ne cherchent pas la paix et prouve que cette ville devrait être libérée grâce aux forces armées. Dès la libération des quartiers est d’Alep, l’armée lancera une vaste offensive pour libérer la banlieue de cette ville. Le gouvernement syrien avec l’aide des habitants de cette ville vont reconstruire Alep .La victoire à Alep se fera grâce au soutien populaire même ceux qui soutenaient dans le passé les bactéries, aujourd’hui espèrent voir l'éradication totale de ces derniers à Alep.
FRIK-A-FRAK
19 h 14, le 24 octobre 2016