Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé lundi que sa formation avait "brisé les lignes rouges" dans sa confrontation avec Israël, menaçant de frapper "en profondeur" le territoire d'Israël en cas d'attaque, au lendemain de la destruction d'un véhicule militaire près d'une caserne israélienne se trouvant dans la région frontalière
"Le plus important dans cette opération, c'est qu'elle a été menée et qu'elle a atteint son objectif malgré les menaces proférées et les messages diplomatiques. Ce qu'il s'est passé, c'est que la résistance a brisé la plus grande des lignes rouges fixées par Israël ces dernières décennies", a lancé le leader du parti chiite. "Hier, la résistance a agi en plein jour, et sur le territoire de 1948 (NDLR: la Palestine historique). Malgré les leurres installés par l'ennemi, la résistance a frappé sa cible", a-t-il ajouté.
Dans un premier temps, l'armée israélienne a annoncé que des cibles avaient été "touchées" par les tirs venus du Liban, puis des images de médias locaux avaient montré deux soldats héliportés en direction de l'hôpital de Haïfa (nord). Mais elle a par la suite indiqué que les tirs du Hezbollah n'avaient fait ni mort, ni blessé; même "pas un +égratigné+" selon les propres mots du Premier ministre Benjamin Netanyahu. La presse israélienne a de plus rapporté lundi que les images de soldats blessés évacués après les frappes étaient "une mise en scène", développée dans le cadre de la "guerre psychologique" entre les deux parties. De son côté, le Hezbollah a diffusé sur sa chaîne de télévision al-Manar une vidéo présentée comme étant celle de l'attaque. Dans la vidéo, on peut voir un missile tiré depuis une position du Hezbollah se diriger sur un véhicule militaire avançant sur une route au milieu d'un paysage vallonné, puis une explosion qui provoque un nuage de fumée. En fond sonore, une voix assure que ce premier missile antichar de type "Kornet" a été suivi par un second missile, tiré depuis une deuxième position. Le commentateur explique que la cible se trouvait à 1,5 km de la frontière entre Israël et le Liban, et à près de 4 km de la position du premier tir.
"Nous avons dit dès le premier jour que nous riposterons du Liban. Israël a alors évacué et fui ses installations militaires à sa frontière avec le Liban. Israël, qui s’enorgueillit d'avoir la plus grande armée de la région, est apparu apeuré, inquiet et d'une grande faiblesse ces huit derniers jours. En face, l'armée libanaise n'a pas évacué la zone frontalière, et la résistance était bien présente", a déclaré Hassan Nasrallah.
(Le Premier ministre israélien Benjamin) "Netanyahu voulait modifier les règles d'engagement, mais nous les avons nous-mêmes fixées, et elles sont à notre avantage", a souligné le chef du Hezbollah. Et le leader chiite de s'adresser à Israël : "Le message est clair: si vous attaquez, toutes les frontières, vos soldats, vos colonies, à la frontière, en profondeur (du territoire israélien) ou en son cœur, pourront être menacés et ciblés". Rappelez-vous de cette date, le 1er septembre 2019, qui est le début d'une nouvelle phase pour la défense du Liban, sa dignité, sa sécurité et son peuple". "Cette étape est terminée. Il n'y a plus de ligne rouge car Israël a tenté de modifier les règles d'engagement. Israël ne peut plus violer impunément la souveraineté du Liban", a-t-il poursuivi, exprimant sa détermination à abattre tous les drones israéliens.(Lire aussi : Après les échanges de tirs, le Hezbollah et Israël engagés dans une guerre psychologique)
Drones sur la banlieue sud, "un échec"
Hassan Nasrallah s'exprimait dans le cadre d'un discours télévisé retransmis en direct à l'occasion de l'ouverture du Conseil central de Achoura qui se tient à Roueiss, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Il s'était déjà exprimé samedi dans le même cadre. Les commémorations de Achoura marquent la mort du troisième imam des musulmans chiites, l'imam Hussein, tué en "martyr" en 680 lors de la bataille de Kerbala contre le calife Omeyyade Yazid. Le chef du Hezbollah avait également pris la parole le 25 août dernier, quelques heures après les attaques de drones.
Saluant les prises de positions des responsables libanais durant cette période de tension, le leader chiite est revenu sur l'attaque des deux drones dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. "Nous avons déjà dit que le premier drone avait échoué dans sa mission. Je dis aujourd'hui que le deuxième drone a également échoué", a déclaré Hassan Nasrallah. "Je dis à l'ennemi que cette opération a été un échec, et il le sait parfaitement".
Sur le terrain, la tension semble être retombée d'un cran, depuis dimanche soir, et un calme précaire régnait lundi le long de la frontière libano-israélienne, malgré des travaux israéliens d'excavations et de remblais le long de la barrière technique.
Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan, a dans la journée de lundi assuré qu'Israël n'avait "pas l'intention d'aller vers un conflit plus large". "Si nous nous engageons dans une vaste confrontation militaire, cela se produira à un moment qui nous convient du point sécuritaire. Les forces de sécurité israéliennes sont préparées à tout scénario", a-t-il ajouté sur les ondes de la radio de l'armée, Galeï Tsahal. L'armée israélienne a par ailleurs appelé "le Liban et la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) à œuvrer pour mettre un terme au projet de fabrication de missiles de précision du Hezbollah et de l'Iran".
Dimanche, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, avait réclamé l'"intervention" de Paris et de Washington "face aux développements à la frontière sud", selon un communiqué de ses services.
Les réactions internationales s'étaient d'ailleurs multipliées dimanche, en provenance notamment de Washington, Paris, Téhéran et de certains pays du Golfe, dont Bahreïn qui a critiqué le parti chiite et le "grand relâchement" de l'État libanais et appelé ses ressortissants à quitter le Liban.
Ces échanges de tirs sont survenus au terme d'une semaine allant crescendo, débutée avec le bombardement par l'armée israélienne d'un village syrien où le Hezbollah préparait, selon elle, une attaque au drone, et poursuivie par des accusations d'attaques de drones israéliens contre la banlieue sud de Beyrouth - fief du Hezbollah -, qualifiée de "déclaration de guerre" par le président libanais, Michel Aoun.
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Oh oui! Encore des fanfaronnades. Hezbollah tire 3 missiles, et recoit en retour 100. Belle action!
15 h 48, le 03 septembre 2019