Un grave développement a eu lieu hier sur la scène libanaise : un drone israélien est tombé dans la nuit de samedi à dimanche, et un second a explosé peu avant de toucher le sol dans la banlieue sud de Beyrouth. Trois personnes ont été légèrement blessées. Le second drone a explosé sur un terrain vague, causant des dégâts dans un bâtiment proche, notamment des vitres cassées. Le premier a été récupéré par le Hezbollah qui affirme que l'analyse des données qu'il renferme est en cours.
Les réactions se sont multipliées toute la journée, hier, pour dénoncer cette attaque israélienne. Le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué dans lequel il précise que « le ministre Gebran Bassil a donné ses directives à la déléguée libanaise auprès des Nations unies à New York pour présenter une plainte auprès du Conseil de sécurité contre cette grave violation de la souveraineté libanaise, tout en réaffirmant la volonté du Liban d’appliquer la résolution 1701 régulièrement contrée par les violations israéliennes quotidiennes ».
L’incident, le premier de ce type depuis la guerre de l’été 2006, intervenait quelques heures après des frappes israéliennes en Syrie qui, comme l’a confirmé plus tard en journée le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, avait visé une position de son parti et fait deux morts.
« Le 25 août 2019, à 2h30, deux drones appartenant à l’ennemi israélien ont violé l’espace aérien libanais au-dessus du secteur de Mouawad, dans le quartier Madi, situé dans la banlieue sud de Beyrouth, indique un communiqué de l’armée publié hier. Le premier est tombé et le deuxième a explosé dans les airs, ne causant que des dégâts matériels. » L’armée a précisé « avoir bouclé le secteur où étaient tombés les deux drones », et avoir « pris toutes les mesures nécessaires, tout comme la police militaire qui a pris en charge l’enquête sur l’incident ».
Un correspondant de l’AFP avait entendu une grande explosion dans la banlieue sud. À quelques dizaines de mètres seulement d’un centre médiatique du Hezbollah, il a ensuite pu voir les forces de sécurité former un cordon autour d’un périmètre pour empêcher des centaines de résidents de s’approcher. Les services de sécurité du Hezbollah étaient également présents.
(Lire aussi : Syrie, Irak, Liban : la confrontation irano-israélienne se joue désormais sur trois fronts)
Sit-in de solidarité
Toute la journée, des avions israéliens ont été entendus sillonnant le ciel libanais. À la frontière, les patrouilles se multipliaient.
Dans la matinée, le responsable des relations médias du parti chiite, Mohammad Afif, a indiqué à l’Agence nationale d’information que le premier drone était « en possession du Hezbollah qui va l’analyser ». Selon M. Afif, le second drone, « chargé d’explosifs », a détoné, causant d’« importants dommages » dans le centre des médias du Hezbollah.
Plus tard, le commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire, Peter Germanos, qui s’est rendu sur les lieux, a assuré que « l’État analysera l’appareil », en réponse à une question. Le juge a estimé que « cet incident est différent de ceux qui ont lieu habituellement, et l’enquête doit être menée par l’armée ». « Nous remarquons toutefois que l’ennemi israélien n’a pas interrompu ses activités dans l’intérieur libanais », a-t-il constaté.
En matinée, des journalistes ont effectué un sit-in devant le bâtiment du centre des médias du Hezbollah, en signe de solidarité, en présence du député d’Amal Fady Alamé. L’ordre des rédacteurs était représenté par Wassef Awada. Les allocutions ont stigmatisé l’attaque israélienne, et insisté sur le fait que le Liban n’accepterait plus de telles violations de son territoire.
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13 h 49, le 26 août 2019