Les réactions internationales sur les échanges de frappes, dimanche, entre le Hezbollah et l'armée israélienne ne se sont pas fait attendre, en provenance notamment de Washington, Paris, Téhéran et de certains pays du Golfe, dont Bahreïn qui a critiqué le parti chiite et le "grand relâchement" de l'État libanais et appelé ses ressortissants à quitter le Liban.
Les États-Unis sont "préoccupés" par "l'escalade des tensions" à la frontière entre le Liban et Israël a indiqué dimanche un responsable du département d’État. "Les États-Unis soutiennent pleinement le droit d'Israël à se défendre. Le Hezbollah devrait s'abstenir d'actions hostiles qui menaceraient la sécurité, la stabilité et la souveraineté du Liban", a dit ce responsable. "Ceci est un autre exemple du rôle déstabilisateur des agents de l'Iran dans le sabotage de la paix et de la sécurité dans la région", a-t-il ajouté.
La France a, elle, annoncé "multiplier les contacts dans la région" du Proche-Orient "en vue d'éviter l'escalade", selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères. "Nous sommes en contact permanent avec tous les acteurs libanais", ajoute le texte, en assurant que "la France entend poursuivre ses efforts en ce sens et appelle chacun à prendre ses responsabilités en vue d'un retour rapide au calme".
Plus tôt dans la journée d’hier, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, avait réclamé l'"intervention" de Paris et de Washington, avant de faire part de ces discussions avec le chef de l’État, Michel Aoun, et le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun.
Le Hezbollah avait affirmé en milieu d'après-midi, dimanche, avoir "détruit" un "véhicule militaire" de l'armée israélienne à proximité de la frontière dans le nord d'Israël. D'après une source proche du Hezbollah, il s'agit d'une "riposte" à une frappe israélienne ayant tué le 24 août deux membres de la formation chiite libanaise en Syrie. Elle a entraîné des bombardements israéliens contre le sud du Liban, avant un retour au calme. Ces échanges de tirs interviennent sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah, qui a aussi accusé la semaine dernière l'Etat hébreu d'avoir mené des frappes de drones sur son bastion de la banlieue sud de Beyrouth.
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L’État libanais en "spectateur"
A Téhéran, le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, Ali Chamkhani, a affirmé qu'avec son attaque contre l'armée israélienne, le Hezbollah a "rendu la pareille" à l’État hébreu, après le bombardement de positions du parti chiite en Syrie la semaine dernière. "La politique du Hezbollah se base sur la défense des intérêts du Liban", a-t-il ajouté.
Le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Khaled ben Ahmed al-Khalifa, a pour sa part critiqué l'attaque du parti chiite dans le nord d'Israël, accusant l’État libanais de regarder comme un "spectateur" l'escalade à sa frontière. "L'agression d'un pays contre un autre est interdite par le droit international", a écrit le ministre sur Twitter, accusant l’État libanais de suivre tel un "spectateur les batailles qui se déroulent à ses frontières et qui exposent son peuple au danger". L’État libanais fait ainsi preuve d'un "grand relâchement face à ses responsabilités", a-t-il encore dit. Le Bahreïn a dans ce contexte appelé ses ressortissants à "quitter immédiatement" le Liban.
Ce n'est pas la première fois que le ministre bahreïni fait des déclarations soutenant Israël. Lundi dernier, il avait accusé Téhéran d'être responsable des tensions dans la région. "L'Iran est le pays qui nous a apporté la guerre, par l'intermédiaire des gardiens de la révolution, du Hezbollah au Liban, des (paramilitaires) du Hachd al-Chaabi en Irak, et des houthis au Yémen", avait écrit le ministre bahreïni. Il avait alors qualifié dans son tweet les attaques contre les milices pro-iraniennes en Irak d'"acte d'autodéfense" dont "il ne faut pas blâmer les auteurs". Cette prise de position était intervenue au lendemain d'une attaque de drones ayant tué un combattant du Hachd al-Chaabi en Irak, la force paramilitaire accusant Israël d'en être l'auteur. Dès juillet, une série d'explosions non revendiquées s'étaient produites sur des bases du Hachd al-Chaabi.
Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a réagi dans le même sens que Bahreïn à propos de l'escalade à la frontière libano-israélienne. "La décision de faire la guerre, la paix ou la stabilité doit être une décision de l'Etat", a-t-il affirmé sur Twitter.
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commentaires (10)
Whith "friends" like these who needs enemies?
Christine KHALIL
18 h 30, le 04 septembre 2019