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Lifestyle - Dans la peau d’une femme

Hayat Arslane, « une femme qui défend ses convictions »

Photo Stavro Jabra

En dépit des années et de l'expérience, Hayat Arslane reste cette jeune villageoise mariée à 20 ans à un aristocrate de la montagne druze, l'émir Fayçal. Aujourd'hui encore, elle se souvient de ce jour où l'émir Fayçal est arrivé dans son village, Gharifé. Toutes les filles de la noblesse locale à marier s'étaient mobilisées mais c'est elle que l'émir a choisie... pour toujours. En bonne descendante de Chakib Wahhab, héros de la révolte druze, Hayat a pris son courage à deux mains, et son naturel curieux et enthousiaste a pris le dessus. En recevant les partisans de son mari, elle a côtoyé les habitants de la montagne, écoutant leurs doléances. Son sens inné de la justice se rebellait contre les pratiques anciennes, le peu de cas fait des femmes et la misère sociale. Elle réagissait aussi contre la rigidité de l'emploi du temps chez l'émir et sa famille où tout était réglé à la minute près. Avec sa fougue naturelle, elle s'est donc employée à changer tout cela, n'écoutant que son cœur pour aller présenter ses condoléances aux familles endeuillées, ce que ne faisaient pas les femmes Arslane.


Très vite, la jeune Hayat a créé des remous au sein de la famille, mais son mari s'est toujours tenu à ses côtés et l'a encouragée à créer des associations pour aider les plus démunis et pour tenter de lutter contre les inégalités, et elle a commencé à le faire pour les droits de la femme, considérant que l'une des plus grosses injustices de notre société est le fait de la reléguer au second plan.


Dès lors son principal objectif a été d'aider la femme à se doter d'une autonomie financière qui lui permet de s'imposer dans la famille et dans la société. Hayat Arslane a construit à Hasbaya une école, « l'école de la nouvelle génération », ouverte en 1983 et qui continue aujourd'hui d'accueillir les élèves de la région, et un dispensaire qui permet aux femmes de se faire soigner par des femmes tous les jours de la semaine. Elle a ensuite créé « Le Liban-don » pour aider les femmes qui ne peuvent pas obtenir des soins élémentaires. Car, en fréquentant les femmes de la montagne, elle a découvert que sous le voile strict, il y avait souvent des dents jaunies et cassées, des peaux maltraitées, etc. Mais il lui fallait faire encore plus pour que la femme ne soit plus obligée d'attendre les aides. C'est ainsi qu'est né son groupe « Women economic empowerment », grâce auquel elle a créé un atelier chez elle où des formations en broderie, crochet, dentelle bretonne et accessoires sont données aux femmes. Elle fournit ensuite le matériel et les femmes travaillent chez elles. Hayat se charge de vendre les travaux au Liban et dans le monde, aux États-Unis et dans les pays arabes notamment.


Si elle est très fière de ces travaux qui rencontrent un énorme succès, Hayat Arslane veut aller encore plus loin. Elle décide de s'attaquer à la politique. C'est ainsi qu'elle crée le « Comittee for Women political empowerment », à travers lequel elle mène campagne pour l'entrée des femmes dans la politique et dans le secteur public. Avec d'autres femmes tout aussi déterminées qu'elle, elle se bat pour pousser les femmes à intégrer la vie politique et pour cela, elle n'hésite pas à bousculer les mentalités, sans chercher à les heurter. « On ne peut pas continuer à tenir la femme à l'écart, dit-elle. C'est injuste pour elle et pour le pays qui renonce à la moitié de son potentiel. » Elle veut une société civile active et efficace et refuse de se faire appeler « Sitt Hayat ». « Je suis Hayat, la femme qui défend ses convictions », dit-elle. Tout simplement.

 

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En dépit des années et de l'expérience, Hayat Arslane reste cette jeune villageoise mariée à 20 ans à un aristocrate de la montagne druze, l'émir Fayçal. Aujourd'hui encore, elle se souvient de ce jour où l'émir Fayçal est arrivé dans son village, Gharifé. Toutes les filles de la noblesse locale à marier s'étaient mobilisées mais c'est elle que l'émir a choisie... pour toujours....

commentaires (2)

DES... SOURCES... AUX RESOURCES !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 13, le 27 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • DES... SOURCES... AUX RESOURCES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 13, le 27 janvier 2015

  • "Elle veut une société civile active et efficace et refuse, (yîîîh) de se faire appeler « Sitt Hayat ». « Je suis Hayat, (yâââï) la femme qui défend ses convictions », dit-elle. Tout simplement." ! Comme c'est tellement et tout smplemennnt mahééék,.... simpliste et siiimple !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 37, le 27 janvier 2015

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