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Économie - Une femme, un métier

Fana, 27 ans, dame-pipi dans une boîte de nuit : « J’aime mon travail, je le fais avec plaisir »

Photo Reuters

Fana Demsew, 27 ans, est venue s'installer au Liban il y a environ dix ans. Elle a quitté Addis-Abeba en Éthiopie parce que « là-bas, il n'y a rien pour moi ». Les trois premières années elle a été femme de ménage dans une maison. Aujourd'hui, c'est dans le décor underground d'une boîte de nuit branchée de Hamra qu'elle passe ses week-ends. C'est elle qui fait en sorte que les WC soient toujours propres malgré le flux incessant de personnes qui y entrent et qui en sortent. C'est la personne qui sourit malgré les heures passées debout, à se faire accoster par des jeunes ivres qui lui tiennent parfois des propos indécents.

« C'est ce qui me dérange des fois, que les jeunes se moquent de moi. Je suis témoin de beaucoup de choses ici. Une fois, une fille m'a embrassée sur la bouche. J'ai détesté ce moment ! Une autre fois, un jeune homme m'a fait une proposition blessante "ce soir, je te ramène à l'hôtel" », révèle-t-elle dans un libanais parfait. Belle image d'une jeunesse qui, dépassée la dose d'alcool tolérée par leur corps, en perdent jusqu'à leurs valeurs. « Je me demande juste pourquoi ils se comportent comme ça mais, heureusement, il y a plein de bonnes personnes ici. Je rencontre des gens très gentils avec qui je garde contact. Ma liste d'amis sur Facebook s'élargit de jours en jours », dit-elle avec un grand sourire. Et c'est ce qu'elle aime le plus dans son métier, ce contact humain qu'elle a avec des jeunes de son âge qui se confient à elle, qui viennent papoter en cours de soirée et la traitent en égale.

Pendant la semaine, elle travaille dans un club de sport. Des journées qui commencent à 8h du pour finir parfois à 5h du matin, pour la modique somme de 600 dollars par mois ! Un rythme de vie épuisant « mais je m'y suis faite, et comme j'aime mon travail, je le fais avec plaisir », ajoute Fana, en anglais cette fois. Un exemple d'optimisme que certains feraient mieux de suivre.

Et la musique alors ? Pas trop assourdissante ? Presque choquée par cette question, la bilingue qu'elle est répond simplement « I love it ! »

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