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Économie - Un homme, un métier

Karim, 33 ans, graphic designer : « Je dois systématiquement brader mon travail si je veux retenir le client »

Depuis qu'il a 26 ans, Karim travaille comme graphic designer dans un magazine local. Il réalise toutes sortes d'infographies, illustrations et maquettes, il met en ligne les articles, assure la promotion du magazine avec des affiches et des bannières spéciales, et prend également des photos quelquefois. Avec une licence en graphic design, le jeune homme est embauché au début pour un salaire mensuel de 600 dollars. En sept ans, son salaire a augmenté de 100 %, à 1 200 dollars, mais Karim sent qu'il n'avancera plus beaucoup.


« C'est en moyenne le salaire des graphic designers au Liban qui ont le même niveau d'expérience que moi, excepté ceux qui travaillent pour des boîtes de pub et qui gagnent beaucoup mieux leur vie », affirme Karim. Mais pour lui pas question de trahir son mode de vie et ses valeurs auxquelles il tient dur comme fer. « Je ne vais pas sacrifier mes week-ends, mes jours fériés et mes nuits pour un travail publicitaire ou commercial. » Ce qui le passionne plus que tout dans son métier c'est la transmission d'une information, d'un message et son rêve serait de travailler un jour dans une ONG, « mais en étant payé bien sûr ! »


Avec son salaire de 1 200 dollars, Karim a du mal à boucler ses fins de mois. Pour un petit appartement en dehors de Beyrouth, son loyer s'élève à 400 dollars, auquel il rajoute environ 100 dollars en eau, électricité et Internet. « Je paye cher le prix de mon indépendance », mais Karim est prêt à ce sacrifice « car je ne conçois pas d'habiter chez mes parents à mon âge ». Il a également 240 dollars mensuels à rembourser pour son crédit auto et plus de 100 dollars d'essence. Le téléphone, les courses et les très brèves sorties qu'il s'accorde sapent ce qui lui reste de son salaire. Il ne s'achète que très rarement des habits et ne prend jamais de vacances. « À quoi bon si je ne peux pas voyager ? »
Et quand il lui arrive de faire quelques économies, il les partage avec ses parents, à la retraite et sans revenus fixes.


Alors pour arrondir ses fins de mois, Karim travaille en free-lance parallèlement à son job fixe au magazine. « Il y a quelques années, cette activité supplémentaire était très rémunératrice, surtout pour les clients aux Émirats arabes unis (EAU) qui pouvaient payer jusqu'à 6 000 dollars pour un catalogue qui me demandait environ trois jours de travail. »


Aujourd'hui la demande se fait rare, étant donné la concurrence à laquelle se livrent les graphic designers libanais, fortement qualifiés et en surnombre sur le marché de l'emploi. « Je dois systématiquement brader mon travail si je veux retenir le client et même comme ça, il arrive que je passe des mois sans recevoir aucune commande. »


Karim, comme beaucoup de jeunes Libanais qui n'ont pas déjà tenté l'expérience, pense qu'un meilleur avenir l'attend ailleurs, à l'étranger, « en Nouvelle-Zélande par exemple, très demandeuse de profils comme le mien ». Mais pour l'instant, l'émigration n'est pas une solution envisageable pour le jeune homme car il se sent responsable de ses parents qui dépendent de lui pour être inscrits à la Sécurité sociale et recevoir les soins médicaux dont ils ont besoin.

 

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