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Économie - Liban- Un homme, un métier

Rabih, 30 ans, coiffeur : « Sans gouvernement, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! »

Le secteur de la beauté souffre lui aussi de la crise du tourisme. « Indépendamment des Arabes du Golfe, même les Libanais de la diaspora ne viennent plus au Liban », explique le propriétaire.

Au son de Fayrouz, les cheveux dansent et les séchoirs chantent. Le salon de Rabih, Dita Stelle, est un de ces salons de quartier où les clientes, habituées, ne viennent pas uniquement pour un brushing. Ici, les coiffeurs, Haissam et Tarek, refont un peu le monde avec Youmna et Loulou, les deux esthéticiennes qui travaillent à l’étage. Problèmes d’électricité, crise économique, situation politico-sécuritaire... Comme pour tous les Libanais, les sujets de discussion ne manquent pas. Car la crise n’a pas épargné le secteur de la beauté. « Aujourd’hui, au Liban, les gens qui restent ne savent plus quoi faire, ils s’improvisent tous coiffeurs ! explique Rabih, désabusé, alors qu’ils n’ont souvent aucune expérience ! » « La concurrence devient alors vraiment féroce. À chaque coin de rue, vous pouvez tomber sur un salon, poursuit-il. Le problème est qu’il n’y a aucune régulation quant aux prix du métier. Les brushings peuvent aller de 3 000 livres à 25 dollars, en fonction du salon ! »


Mais la concurrence n’est pas le défi le plus rude pour Rabih. « Depuis deux ans, les choses vont de mal en pis !
Et maintenant que nous nous retrouvons sans gouvernement, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! » Car le secteur de la beauté souffre lui aussi de la crise du tourisme. « Parallèlement aux Arabes du Golfe, même les Libanais de la diaspora ne viennent plus au Liban », poursuit-il. Et cela se fait ressentir sur les revenus du salon. D’après le propriétaire, ces derniers ont diminué de moitié depuis le début de la crise, il y a deux ans. Aujourd’hui, son salon peut lui rapporter entre 5 000 et 7 000 dollars par mois, en fonction de la saison.


Mais les dépenses, elles, ne diminuent pas. Rabih doit ainsi tous les mois s’acquitter de 1 200 dollars de loyer pour le salon, 1 400 dollars pour le salaire de ses deux employés, 200 dollars d’électricité et 250 dollars de moteur.
Côté personnel, Rabih vit toujours dans la maison familiale. Il n’a donc pas de frais de loyer ni de frais alimentaires à sa charge. « Je paie le téléphone, environ 60 dollars par mois, Internet, 25 dollars, mon assurance médicale, 850 dollars par an, et environ 40 dollars par mois de cigarettes. » S’il le pouvait, Rabih avoue qu’il quitterait bien le Liban pour d’autres cieux plus prometteurs.


« Ici, il y aura toujours des problèmes politiques, d’électricité, de sécurité... » affirme-t-il, déçu. « Le plus grave, c’est la politique. Les gens ont peur, ils sont fatigués des problèmes internes, de la crise syrienne, de l’afflux de réfugiés, ils n’ont plus le cœur à dépenser. Et ça a toujours été comme cela. Mon grand-père a dit à mon père à l’époque que la situation allait s’arranger, mais ça n’a pas été le cas. Mon père m’a dit la même chose, et rien n’a bougé ; que me restera-t-il à dire à mes enfants ? » conclut-il, désabusé.

 

 

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Au son de Fayrouz, les cheveux dansent et les séchoirs chantent. Le salon de Rabih, Dita Stelle, est un de ces salons de quartier où les clientes, habituées, ne viennent pas uniquement pour un brushing. Ici, les coiffeurs, Haissam et Tarek, refont un peu le monde avec Youmna et Loulou, les deux esthéticiennes qui travaillent à l’étage. Problèmes d’électricité, crise économique,...

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