Jusqu’où iront Benjamin Netanyahu et Hassan Nasrallah ?
L’incident des deux drones israéliens ayant échoué dans la banlieue sud dimanche à l’aube confirme l’entrée en vigueur d’un plan d’attaque contre les zones d’influence iranienne au Liban, en Syrie et en Irak, par lequel Israël entend changer les règles de confrontation avec le Hezbollah qui avaient prévalu depuis la guerre de juillet 2006. Ce ne sont plus des drones de reconnaissance mais des drones-kamikazes qui sont manipulés pour atteindre le parti chiite dans ses retranchements les plus sûrs. C’est ce que confirment les milieux du Hezbollah, emboîtant le pas au secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah.
Selon des sources de sécurité, l’incident de la banlieue sud, le premier du genre depuis 2006, s’inscrit dans le cadre d’une offensive israélienne visant à repousser l’Iran des zones limitrophes d’Israël (le Golan et le Liban-Sud). Cette feuille de route aurait été décidée dans ses grandes lignes lors de la réunion sécuritaire tripartite sans précédent ayant réuni les conseillers à la Sécurité nationale des États-Unis, de Russie et d’Israël en juin dernier. Forte d’un appui américain, cette offensive est implicitement tolérée par la Russie. Elle bénéficierait donc d’un consensus entre les décideurs, que révèle l’absence de réactions, régionales ou internationales, aux frappes israéliennes contre des intérêts iraniens en Syrie et en Irak.
(Lire aussi : Le premier drone tombé dans la banlieue sud était piégé, selon le Hezbollah)
Mais il y aurait aussi d’autres calculs derrière l’offensive israélienne et ses manifestations sporadiques au Liban (en plus de l’incident des drones, un raid israélien a visé une base du FPLP-CG dans la Békaa lundi à l’aube et des avions ont violé l’espace aérien volant à hauteur moyenne au-dessus de Marjeyoun).
Les milieux du Hezbollah voient dans ces opérations, précisément l’attaque contre la banlieue sud, un message au parti chiite et à son secrétaire général : en menant une opération de reconnaissance au cœur du « périmètre de sécurité » du Hezbollah avec des drones d’attaque, Israël a voulu faire étalage de sa force et dire qu’il est disposé à passer à l’acte à tout moment.
(Lire aussi : Le Moyen-Orient à l’heure de la guerre des drones)
Des milieux souverainistes estiment quant à eux que ce qu’il s’est passé dans la banlieue sud et qui constitue un développement sécuritaire « dangereux » serait à inscrire surtout dans un cadre israélien interne : si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mène une offensive contre l’Iran dans la région, en y incluant le terrain libanais, c’est en grande partie pour se renflouer à la veille des nouvelles élections législatives de septembre. Il tirerait profit de plusieurs facteurs internationaux et régionaux qui placent d’entrée de jeu le Hezbollah dans une position de faiblesse : la contestation internationale et régionale de l’expansionnisme militaire iranien dans la région arabe et son pouvoir déstabilisateur ; la crise économique que subit l’Iran, et avec lui ses réseaux militaires à cause des sanctions américaines; la grogne au sein de la base du Hezbollah, suscitée par un investissement en hommes et en argent dans une guerre en Syrie où l’engagement du parti chiite demeure difficile à justifier ; le fort agacement populaire d’un retour au langage de guerre, en ce qu’il risque de porter un coup décisif à l’économie du pays ; et enfin l’opposition libanaise presque générale, déclarée ou non, contre un affrontement avec Israël dont les répercussions sur le Liban risquent d’être catastrophiques.
Dans son discours, Hassan Nasrallah a comme servi de caisse de résonance à cet étalage de force auquel il a promis de rétorquer depuis le territoire libanais, refusant que le Liban fasse l’objet d’attaques au même titre que l’Irak et la Syrie. Toutefois, comme à chaque escalade entre Israël et le Hezbollah, la question demeure de savoir quelle serait cette réponse et quelle en serait la portée.
Des milieux diplomatiques révèlent que des missives sont parvenues à des responsables libanais en provenance de plusieurs capitales de décision, comme Washington et Paris, leur déconseillant l’escalade avant les législatives israéliennes. Informés de ces missives, les milieux du Hezbollah affirment devoir répondre à Israël ne serait-ce que pour la forme, d’autant plus que les développements sur le terrain semblent paver la voie à des négociations régionales.
Lire aussi
Le dilemme du Hezbollah : comment riposter sans déclencher une guerre ?
Sleiman à « L’OLJ » : Nasrallah ne veut pas d’une stratégie de défense
Téhéran : Le Hezbollah « autonome » dans sa décision
Les règles d'engagement entre le Hezbollah et Israël ont changé, selon la presse libanaise
Attaques israéliennes contre le Liban : Aoun parle d'une "déclaration de guerre"
Les frappes israéliennes en Irak, une "déclaration de guerre", selon une coalition chiite
Syrie, Irak, Liban : la confrontation irano-israélienne se joue désormais sur trois fronts
La « visite » de deux drones israéliens à la banlieue sud suscite l’émoi
Israël frappe des cibles en Syrie pour empêcher une attaque de drones iraniens
commentaires (5)
La mise en garde de H.N aux militaires israéliens de rester au pied du mur, debout sur une jambe et demie, semble être écoutée à la lettre, aussi bien par l’armée de terre israélienne que celle de l’air. Depuis le sud du Liban, à peine a-t-il mis en garde Israël d’attendre la riposte du Hezbollah, c’est un calme de mort qui règne tout au long de la frontière de la Palestine usurpée avec le Liban.
FRIK-A-FRAK
15 h 41, le 27 août 2019