Mardi matin, dans le quartier Madi, dans la banlieue-sud de Beyrouth, les rues sont calmes. Trop calmes. D'habitude, ce fief du Hezbollah, véritable dédale, grouille de monde en continu. Mais voilà, 48 heures plus tôt, deux drones israéliens sont tombés sur ce quartier résidentiel, faisant trois blessés, semant la panique et provoquant des dégâts impressionnants. Une opération, inédite depuis la guerre de juillet 2006, qui plonge le pays dans l'incertitude. Les Libanais retiennent leur souffle, dans l'attente d'une hypothétique riposte comme l'a laissé entendre Hassan Nasrallah dans un discours dimanche soir.
Ce jour-là, peu avant l'aube, un premier drone est tombé au-dessus du quartier Madi. L'engin a été récupéré par le parti chiite et est en cours d'analyse. Le secrétaire général du Hezbollah a indiqué qu'il aurait été probablement abattu par des jets de pierres de jeunes du quartier. Le second appareil a explosé en vol, une trentaine de minutes plus tard, à proximité. Si Hassan Nasrallah avait affirmé dans un premier temps que le premier drone effectuait un vol de reconnaissance avant l'arrivée du second engin, le parti chiite a publié un communiqué mardi dans lequel il précise que le premier drone contenait une charge explosive et effectuait une mission offensive.
Les bureaux du département des médias du Hezbollah ont été endommagés par la chute des drones. Dans ce quartier contrôlé par le parti chiite, localiser le bâtiment qui abrite ces locaux n'est pas chose facile. Pas d'affiches, pas d'indications. Demander son chemin aux passants semble être la seule option. L'un d'entre eux se montre immédiatement coopératif et commence à indiquer les lieux, avant que son ami, assis sur sa motocyclette, ne l'interrompe : "Pourquoi donnes-tu des indications? Sais-tu seulement qui te le demande ?". A moitié rassuré quand il apprend qu'il a affaire à un journaliste, l'homme méfiant démarre en trombe en lançant, un sourire aux lèvres : "J'ai intérêt à déguerpir maintenant !".
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Faux plafonds éventrés, vitres brisées
Rana Sahili, responsable adjointe des relations médias du Hezbollah, souriante dans son tchador malgré la chaleur écrasante, se tient au bas de l'immeuble en question. Faisant office de guide et accompagnée de deux hommes en civil, la jeune femme, âgée d'une trentaine d'années, indique le chemin vers le chantier situé à l'arrière du bâtiment, où le premier drone s'est écrasé. Derrière un mur de sable, la façade de l'édifice porte les stigmates de l'explosion. A l'intérieur des locaux du département des médias du Hezbollah, le spectacle est encore plus impressionnant. Faux plafonds éventrés, vitres brisées, écrans d'ordinateur projetés au sol, débris de verre qui jonchent les couloirs... Le souffle de la déflagration a laissé ses marques. Pourtant, l'autre moitié des locaux est intacte. En témoignent les téléviseurs allumés, ou encore les écrans d'ordinateurs affichant, en image de fond, le portrait du guide suprême iranien, Ali Khamenei.
"Notre centre a été très rapidement à nouveau fonctionnel après la chute des drones", se félicite "Hajjé" Rana. Elle explique qu'un seul employé était de permanence le soir des attaques. Sorti indemne, il a immédiatement alerté le service de sécurité du parti chiite qui s'est rendu sur les lieux, a constaté les dégâts et emporté l'épave du drone qui venait de tomber. "Dieu merci, personne au sein de notre équipe n'a été blessé ce soir-là", lance la jeune femme.
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Daniel, l'accompagnateur
Recueillir les témoignages des habitants du quartier n'est pas chose aisée dans la banlieue sud. Le parti chiite doit d'abord accorder sa permission aux médias. Après quelques minutes d'hésitation, Hajjé Rana passe une série de coups de fil à ses supérieurs. Une vingtaine de minutes plus tard, le feu vert est donné. Un jeune homme, Daniel, petit de taille et poigne de fer, s'introduit comme faisant partie de l'équipe "du périmètre de sécurité" du quartier. Il fera office d'accompagnateur et de guide durant les entretiens.
Dans les immeubles avoisinants, les habitants semblent tous aux abonnés absents. Le concierge de l'un des bâtiments donnant sur le site où s'est écrasé le drone, se confie néanmoins. Il raconte qu'il dormait paisiblement en compagnie de sa famille, au moment de l'opération. "Ma femme m’a réveillé en me disant avoir entendu un bruit sourd. Nous avons d'abord cru que l’immeuble s’était partiellement effondré", raconte Fahmi Mohammad, un Syrien de 32 ans. "Ensuite, nous avons vu les gens accourir sur les lieux. J’ai dit à ma famille que nous ferions mieux de rester à l’intérieur. Nous ne pouvions pas sortir". Hésitant, il dit finalement : "Ce n’est pas par peur que je suis resté chez moi, mais vous savez, le Hezbollah ou quelqu’un du quartier me dira que je suis étranger et que je n’ai rien à faire dehors". "Mon épouse a un peu peur évidemment, et puis nos enfants sont jeunes, ils ne comprennent pas vraiment ce qui se passe", lâche le concierge avant d'ajouter : "La vie continue, le travail aussi. Que pouvons-nous faire d’autre ?"
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"Il y a quelque chose d’anormal"
Deux immeubles plus loin, une jeune femme tient une boutique de vêtements féminins dont la devanture est intacte. Pourtant, son appartement, situé au huitième étage du même bâtiment, a été endommagé par la déflagration. "Nous dormions lorsque les drones se sont écrasés. C’est le bruit de l’explosion qui nous a réveillés. Une très forte déflagration, tout l’immeuble a tremblé, et nous avons entendu le bruit de gravats qui tombaient à proximité. Toutes les vitres de notre véranda ont été soufflées, de même que celles de notre salle de bain", raconte Ghina Abdelaziz Bahsoun, 34 ans. "Heureusement, aucun membre de ma famille n’a été blessé. Mes enfants ont été réveillés par la déflagration. Ils croyaient rêver. Je leur ai dit qu'il ne s'agissait que d'une petite explosion, et qu'il le fallait pas s'en faire. Mais nous, les adultes, avons vite compris de quoi il s’agissait. Mon mari est descendu voir ce qui se passait. Nous avons ensuite échangé avec les proches et les amis sur WhatsApp pour leur décrire la situation. Ce n’est que vers 4h que nous sommes parvenus à nous rendormir", poursuit la commerçante. "Aujourd’hui, moi, je n'ai pas peur. Mais comme vous pouvez le constater, le quartier est très calme. C’est la première fois qu’il est aussi calme en fait. Il n’y a pas un chat dans la rue, bien que les habitants qui passaient le week-end au village soient tous rentrés. Il y a quelque chose d’anormal. Les gens ont peur."
Un peu plus loin, un autre passant, qui se montre méfiant, préfère ne pas se confier.
Retour à la case départ, au bas de l'immeuble abritant les locaux du Hezbollah. Un barbier, qui tient boutique au rez-de-chaussée et habite dans le même bâtiment, refuse poliment de livrer son témoignage. "Ces dernières quarante-huit heures, un grand nombre de journalistes m'a posé les mêmes questions, des locaux et même des Suédois. Je ne veux pas en faire tout un pataquès, même si les vitres de mon appartement ont été soufflées. Pour moi, l'affaire est classée. Trente minutes après la chute du drone, l'engin a dû être vendu à la casse", plaisante-t-il.
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Brusquement tous les politiciens et meme le conseil de defense accuse Israel d'avoir enfreint la 1701 et donc c'est une declaration de guerre CALMEZ VOUS MESSIEURS Les tunnels de HB ne sont ils pas une infraction totale a 1701 ? et pourtant Israel n'a fait que les demolir sans faire la guerre tout en sachant que d'autres tunnels qui ont ete creuses mais ne sont pas encore arrives sous le territoire Israelien existent LE DANGER DE FAIRE CROIRE QUE HB EST DEVENU UNE FORCE QUI PEUT DEMOLIR ISRAEL A LUI TOUT SEUL EST ENORME CAR IL POUSSE LE PEUPLE QUI CROIT ENCORE EN HN A VOULOIR PASSER A L'ACTION ET DONC D'ENTRAINER LE LIBAN DANS UNE GUERRE SANS MERCI OU NOUS RETOURNERONS DIX ANS EN ARRIERE POUR NE PAS DIRE A BEAUCOUP PLUS CALMEZ VOUS MESSIEURS LE LIBAN VEUT VIVRE EN PAIX
13 h 13, le 28 août 2019