Les menaces virulentes adressées dimanche par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, alors que l’État hébreu a étendu sa puissance de feu à la banlieue sud, ont suscité de sérieuses inquiétudes de voir cette nouvelle confrontation dégénérer en une guerre globale embrasant toute la région.
Dimanche dernier, Hassan Nasrallah, dont les promesses sont généralement tenues à la lettre, a assuré à qui veut l’entendre que son parti ne se laissera pas faire. Le chef du parti chiite l’a clairement dit : l’attaque qui a visé, pour la première fois depuis 2006, « une cible dans la banlieue sud » mais aussi et surtout l’assassinat la veille de deux combattants du parti près de Damas viennent d’inaugurer une nouvelle phase « imposée par l’ennemi », à laquelle le Hezbollah ne tardera pas à répondre.
« La question de la riposte est acquise et bien loin derrière nous. Il s’agit de savoir maintenant quels en seront le timing, la cible et la forme », affirme à L’Orient-Le Jour le chef du bureau de communication du parti, Mohammad Afif.
Selon les informations qui circulent dans les milieux proches du Hezbollah, la « cible » évoquée par le secrétaire général serait une personnalité du Hezbollah de grande envergure et non le centre de communication du parti où l’un des drones a explosé. Une information qui, selon le journaliste Kassem Kassir, proche des milieux du parti chiite, « n’est pas encore officielle ».
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À maintes reprises, le chef du Hezbollah avait laissé entendre que toute agression contre des combattants du parti ne restera pas impunie. Ce fut notamment le cas après l’assassinat en janvier 2015 de Jihad Moghniyé dans le Golan syrien, puis de Samir Kantar près de Damas en décembre 2015, tous deux vengés par des opérations menées contre Israël à Chebaa.
Ce ne sera pas le cas cette fois-ci, a prévenu Hassan Nasrallah, qui a affirmé que la riposte se fera à partir du Liban mais pas en direction de la région frontalière, laissant entendre que les règles du jeu ont changé de son côté également maintenant que la banlieue sud est frappée en plein cœur – une première depuis 2006 – et qu’une riposte localisée n’est plus de mise au vu de l’ampleur de la double agression subie par le Hezbollah ces derniers jours.
Autre point marquant suscité par le leader chiite dans son discours, l’idée que le gouvernement libanais ne pourra pas empêcher le parti de riposter ou d’arrêter le processus. « Nous, la résistance, nous ne permettrons pas une démarche de ce type, quel qu’en soit le prix. Le temps où des avions israéliens venaient frapper une cible au Liban est révolu », a-t-il dit. Il s’agit d’un rappel on ne peut plus clair que la décision de la guerre et de la paix revient au Hezbollah et non à l’État libanais.
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« L’idée que le Hezbollah a les pieds et les poings liés par ses partenaires au gouvernement, une situation sur laquelle misaient jusque-là aussi bien Israël que les États-Unis, est révolue pour le Hezbollah depuis ces derniers développements. C’est une affirmation très puissante », commente Amal Saad, professeure de sciences politiques à l’Université libanaise et experte dans les affaires liées au parti chiite. Selon elle, la politique de dissuasion que pratiquaient notamment « la rue chrétienne », comprendre le camp aouniste, à l’encontre de leur allié chiite, n’est plus de mise.
S’il n’y a quasiment plus de doute au sujet d’une éventuelle riposte aux actes de belligérance israéliens, il reste à voir quelle sera l’ampleur de cette riposte et dans quelle mesure elle peut servir les intérêts du Hezbollah que les États-Unis œuvrent depuis des mois à asphyxier par une batterie de sanctions douloureuses. Une stratégie relayée par l’État hébreu, qui semble de son côté décidé à contribuer à cette politique d’encerclement par des opérations militaires ponctuelles visant l’ensemble des milices pro-iraniennes dans la région.
Placé devant le fait accompli, le Hezbollah devra toutefois faire preuve de prouesse dans sa riposte qui soit à la mesure des agressions subies, sans pour autant réveiller les démons d’une guerre régionale aux conséquences désastreuses.
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Selon M. Afif, l’opération militaire que compte mener le parti chiite sera « une action dissuasive qui vise précisément à empêcher une guerre globale », qui entraînerait toute la région dans son sillage. De l’avis de nombreux analystes, la riposte devra donc être ponctuelle, assez douloureuse pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui prépare d’ores et déjà par le biais d’actions militaires régionales sa campagne électorale. Elle ne sera certainement pas destinée à déclencher des hostilités globales, estime-t-on presque unanimement.
« Ni le Hezbollah ni Israël ne veulent s’aventurer dans une guerre coûteuse qui ne peut plus désormais se confiner au Liban et à Israël, d’autant que les fronts au Liban, en Irak et en Syrie sont désormais unis », rappelle Mme Saad.
Selon elle, la riposte aura probablement lieu un peu avant les élections législatives israéliennes, prévues le 17 septembre prochain, « histoire de faire le plus de mal à Benjamin Netanyahu ». « Elle sera de la même ampleur et probablement avec une logistique similaire, c’est-à-dire par le moyen de drones », ajoute-t-elle.
Pour M. Kassir, le Hezbollah est pressé et tenu de réagir le plus tôt possible, afin de « ne pas diluer l’effet de la riposte ». Le timing ne serait donc pas lié, selon lui, à des considérations politiques mais plutôt logistiques, conditionnées par la possibilité de mobiliser les moyens humains et militaires pour mener l’opération dans les conditions définies par le parti.
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Même si le Hezbollah cherche à rassurer qu’il n’a aucunement l’intention de s’enliser dans une guerre totale au Liban et ailleurs, une logique que partagerait vraisemblablement Israël, voire les États-Unis, personne ne peut toutefois garantir la portée de ce jeu guerrier autrement dangereux, encore moins les dérapages de part et d’autre. C’est ce qui fera dire à Hilal Khachan, un expert du Hezbollah et professeur à l’AUB, que le parti chiite « n’a pas la possibilité de provoquer une escalade qui sera désastreuse pour son image et pour sa base populaire ».
Le Hezbollah se trouve devant un dilemme cornélien : s’il s’abstient de répondre, il perd la face. Et s’il riposte, il ignore quelle sera la réaction de Benjamin Netanyahu et quelle en sera l’ampleur. « En s’abstenant de répondre, le prix à payer pour le Hezbollah est également élevé, mais certainement moins lourd que s’il devait réagir », conclut M. Khachan.
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A lire la presse Israelienne l'attaque contre Dahye a ete reussie a 100% Son objectif etait de detruire un camion qui contenait de l'electronique qui permettait aux missiles de HB d'etre guide par un GPS sophistique, et ce camion a ete detruit a 100% ( mais evidement personne ne veut en parler car ce serait justifie l'attaque qui devient preventive ) Si cela est vrai, cela ferait suite aux declarations de HN qui a toujours dit qu'il a des missiles teleguides au liban meme malgre les efforts de M Bassil de dementir l'existence de ces missiles Si cela est vrai, il faut s'attendre a d'autres attaques partout ou HB voudra ameliorer ses missiles avec un systeme de teleguidage sophistique Et pour bien faire comprendre a HN que ses menaces n'importe pas tellement Israel , Nethanyahou a fait survoler toute la journee des avions et des drones partout au Liban sans aucune peur et evidement avec aucune attaque de HB Autre raison pour laquelle HB et le gouvernement est furieux est le fait que des collaborateurs ( traitres ) de HB probablement ont indique avec precision le depart et l'arrivee de ce camion et ont probablement teleguide eux memes les drones sur leur cible
00 h 34, le 28 août 2019