Un soldat devant des agents des renseignements de l’armée inspectant le lieu où le drone s'est écrasé, dans la nuit de samedi à dimanche, dans la banlieue-sud de Beyrouth. AFP / ANWAR AMRO
Selon des sources concordantes, les deux drones qui ont été envoyés au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, dans la nuit de samedi à dimanche, sont des adaptations d'appareils M100 et M600 de type Matrice. Ces appareils, commercialisés par la société chinoise DJI, un des leaders mondiaux dans la fabrication de drones de loisir, sont conçus pour la photographie aérienne professionnelle.
Le premier drone était tombé au-dessus du secteur de Mouawad, dans le quartier Madi. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait indiqué qu'il aurait pu être abattu par des jets de pierres de jeunes du quartier. Le second appareil a explosé en vol, provoquant des dégâts dans un centre de presse du Hezbollah proche des lieux et blessant légèrement trois personnes.
Interrogé par L'Orient-Le Jour, Riad Kahwaji, directeur de l'Institut d'analyse militaire pour le Proche-Orient et le Golfe (Inegma) basé à Dubaï et possédant un bureau à Beyrouth, estime que ces drones ont été pilotés depuis la mer ou par des agents à l'intérieur du territoire libanais, compte tenu de la distance maximale à laquelle ces appareils peuvent être contrôlés. Une source de l'armée libanaise a confirmé à l'OLJ ces deux hypothèses, ajoutant que ces drones ont également pu être largués par un plus gros avion de reconnaissance.
Les caractéristiques du M100
Selon les images et les vidéos relayées depuis l'incident, le premier engin tombé dans le quartier Mouawad serait un Matrice 100. L'appareil a été examiné par les experts du Hezbollah qui a livré ses conclusions mardi. Selon un communiqué du parti chiite, ce premier drone contenait un engin explosif de type C4 scellé, pesant 5,5 kg. Selon le parti chiite, la mission de ce premier drone n'était pas d'effectuer un vol de reconnaissance, mais d'exploser.
Dimanche, Hassan Nasrallah avait déclaré que le premier drone survolait la banlieue sud "en mission de reconnaissance" avant l'arrivée d'un drone armé qui a "frappé un endroit particulier", sans préciser quelle était cette "cible".
Selon des informations diffusées mardi par la chaîne de télévision d'information en continu israélienne i24news, citant des sources des services de renseignement israéliens, les deux appareils ayant visé la banlieue sud sont deux drones de reconnaissance qui ont été lancés depuis la mer. Selon cette source, les explosifs présents sur les drones étaient conçus uniquement pour que les deux appareils puissent s'autodétruire. Selon le quotidien al-Akhbar dans son édition de mardi, une version similaire aurait été avancée par les Israéliens par le biais des Etats-Unis dont le chef de la diplomatie Mike Pompeo était entré dimanche en contact avec le Premier ministre libanais, Saad Hariri.
Selon nos informations, le drone en question était doté de quatre hélices, avec deux réacteurs chacune, lui donnant ainsi une force et des capacités accrues. Ce drone portait des dispositifs sophistiqués d’écoute ainsi que des caméras.
Dans son dernier discours, le secrétaire général du Hezbollah avait également émis l'hypothèse que le premier drone ait été abattu par des jets de pierre. Pour l'expert, faire tomber un drone en lui jetant des cailloux est possible, en théorie. "Ces appareils sont généralement utilisés pour voler à basse altitude, entre 5 et 10 mètres. Si quelqu'un avait aperçu le drone, qu'il se trouvait à sa portée et qu'il avait réussi à viser une zone sensible du drone, il peut le faire tomber. Ce scénario est vraisemblable", affirme-t-il.
(Lire aussi : Netanyahu appelle le Hezbollah et le Liban à "prendre garde" à leurs actions)
Les spécificités du M600
Selon le site Internet de la compagnie, le deuxième drone qui a explosé, un Matrice 600 sorti en 2016, est l'appareil le plus avancé de la compagnie. Il s'agit d'un hexacoptère (appareil à six hélices) avec une portée maximale de 5 kilomètres dans sa configuration standard, sans charge et lorsqu'il évolue dans une zone "sans obstacles ni interférences".
Si sa portée est limitée dans les conditions basiques, les performances de cet appareil peuvent être largement augmentées. Quand il est piloté par une station de contrôle terrestre et programmé pour effectuer un parcours précis grâce à un système de relais GPS, il peut aller jusqu'à 40 km du point de contrôle.
Le temps de vol maximal de l'appareil, d'un poids de 9,1 kg et dont l'envergure peut atteindre jusqu'à 1,6 m, diminue à mesure que le poids de son chargement augmente. Ainsi, si le drone "à vide" offre une durée de vol allant jusqu'à 40 minutes, cette durée passe à 20 minutes lorsque le drone transporte sa charge maximale de 6 kg, selon les données de la société.
Selon DJI, le M600 peut monter jusqu'à 2.500 mètres d'altitude et voler, sans vent, à la vitesse de 18 mètres par seconde (m/s), soit près de 65 kilomètres par heure (km/h). En ascension, il ne monte qu'à 18 km/h et en descente, il est limité à 10 km/h.
(Lire aussi : Le dilemme du Hezbollah : comment riposter sans déclencher une guerre ?)
Par la mer, des airs ou de l'intérieur
"Techniquement, ce type de drones dit 'tactiques' ne peut parcourir que de courtes distances. Il faut savoir qu'un drone civil a généralement une portée ne dépassant pas les 2 km", explique M. Kahwaji à L'Orient-Le Jour. Pour l'expert, "ces engins n'ont pas pu être pilotés depuis Israël". "Théoriquement, il y a deux possibilités : soit ils ont été lancés depuis la mer, à une distance qui permet de les contrôler ; soit des agents à l'intérieur du territoire libanais les ont piloté". A vol d'oiseau, le site de l'explosion du drone se trouve à 65 kilomètres maximum du territoire israélien, et à 3 km de la plage la plus proche.
Selon M. Kahwaji, il est difficile de "muscler" ce type de drone en termes de puissance pour le rendre beaucoup plus performant. "Il y a trois types de drones : les drones civils, policiers et militaires. La taille et les spécifications d'origine de ce type d'appareil définissent leur portée, ainsi que leurs capacités de propulsion et de transmission", explique-t-il.
Joint par L'Orient-Le Jour, une source au sein de l'armée libanaise exclut également que ces drones aient été envoyés depuis le territoire israélien. "Il y a trois hypothèses. Les drones ont pu être lancés depuis la mer, par des agents depuis le Liban ou largués par un gros avion de reconnaissance. A cette heure, on sait pas encore ce qui s'est passé", a indiqué cette source, indiquant qu'un communiqué détaillé sera prochainement publié sur le sujet.
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Selon des sources concordantes, les deux drones qui ont été envoyés au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, dans la nuit de samedi à dimanche, sont des adaptations d'appareils M100 et M600 de type Matrice. Ces appareils, commercialisés par la société chinoise DJI, un des leaders mondiaux dans la fabrication de drones de loisir, sont conçus pour la photographie aérienne...
commentaires (13)
Donc ces drônes auraient été dirigés à partir de la zone occupée par le parti intégriste? Puis l'un fut descendu par un caillou. Waow... Avec ce genre de défense, ca ne risque pas d'aller loin leurs guerres iraniennes à partir du liban.
radiosatellite.co
19 h 46, le 30 août 2019