Les six députés sunnites pro-syriens ont réitéré mercredi à l'issue d'un entretien avec le président Michel Aoun leur exigence d'être représentés au prochain gouvernement, imputant au Premier ministre désigné Saad Hariri, qui s'oppose catégoriquement à cette revendication, la responsabilité du blocage gouvernemental.
"Jusqu'à présent, il ne semble pas qu'il y ait de solution car Saad Hariri campe sur sa position et continue à vouloir monopoliser la représentation de la communauté sunnite à travers le courant du Futur", a déclaré l'un des membres de la délégation, le député Walid Succariyé, à l'issue de l'entretien avec le chef de l'Etat, qui a entamé lundi des concertations avec les différentes parties pour tenter de débloquer la crise gouvernementale."Nous avons exprimé au chef de l'Etat notre détermination à obtenir notre droit" à être représentés par un ministre, a ajouté M. Succariyé, élu à Baalbeck-Hermel sur la liste du Hezbollah. "Le président Aoun reconnaît que nous représentons une partie de l'opinion publique libanaise", a-t-il encore dit, soulignant que "l'initiative présidentielle n'est pas morte".
En début de soirée, Fayçal Karamé, l'un des six députés sunnites pro-8 Mars, a affirmé que le chef de l'Etat ne leur avait proposé aucune formule.
Plus tôt dans la journée, Michel Aoun avait affirmé que ses concertations déboucheraient sur "des résultats dans les deux prochains jours", alors que des sources proches de Baabda font état de nouvelles moutures gouvernementales, dont une comportant 18 ministres. "Nous avons commencé à œuvrer pour régler la crise de la formation du gouvernement, et les résultats commenceront à apparaître dans les deux prochains jours", a affirmé le chef de l'Etat, qui a notamment reçu dans le courant de la journée des délégations de Tachnag et du bloc parlementaire de la Rencontre démocratique, présidée par Teymour Joumblatt.
Selon la chaîne locale LBCI, le chef de l'Etat va poursuivre ses consultations durant les deux prochains jours et devrait s'entretenir avec Saad Hariri après son retour de Londres. Le président Aoun avait reçu mardi une délégation du Hezbollah et lundi M. Hariri et le chef du Législatif Nabih Berry.
Selon notre correspondante Hoda Chedid, M. Hariri et le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, se sont longuement entretenus dans la capitale britannique sur le dossier du gouvernement et de nombreuses idées nouvelles ont été évoquées.
(Lire aussi : Face aux efforts de Aoun, le Hezbollah campe sur ses positions)
Selon notre correspondante au palais présidentiel Hoda Chedid, les concertations évoquent différentes moutures possibles du futur gouvernement, comportant 14, 18, 24 ou encore 30 postes ministériels. Le problème ne se situe cependant pas "au niveau du nombre de ministres, mais de leur répartition et de l'attribution d'un portefeuille aux sunnites pro-8 Mars", selon des visiteurs du président Aoun.
Le président de la Chambre a pour sa part indiqué lors de sa réunion avec les députés, et selon des propos rapportés par le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, que "personne ne lui a proposé de gouvernement de 18 ministres", refusant de "revenir en arrière dans les négociations" pour la distribution des portefeuilles.
"Le chef du Législatif est optimiste quant à une formation proche du gouvernement, étant donné le sérieux des échanges ayant lieu sur ce dossier", a de son côté rapporté le député Ali Bazzi.
L'ancien Premier ministre Nagib Mikati, reçu à Aïn el-Tiné, a également relevé cet optimisme entourant les tractations gouvernementales, soulignant avoir discuté avec M. Berry "des différents points qui lui font peur". "Il faut arrêter de s'obstiner afin de pouvoir former rapidement le Cabinet", a-t-il appelé.
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15 h 59, le 13 décembre 2018