Saad Hariri et Waël Bou Faour, hier à la Maison du Centre. Photo Dalati et Nohra
Face au blocage gouvernemental, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, mandaté par le président Michel Aoun pour tenter de régler la crise ministérielle, aurait fait aux protagonistes une nouvelle proposition dans le cadre de son initiative lancée le 12 novembre. Selon plusieurs milieux politiques, cette solution prévoirait la mise sur pied d’un cabinet comprenant 32 ministres (au lieu de trente), afin de faciliter la tâche au Premier ministre désigné Saad Hariri.
À la faveur de cette formule, un ministre alaouite et un autre représentant les minorités pourraient être associés à la future équipe ministérielle, comme le demandait le CPL. Sauf que cette solution ne règle toujours pas le problème de la représentation des députés sunnites prosyriens qui continuent d’exiger d’entrer au gouvernement, appuyés par le Hezbollah, ce que Saad Hariri refuse catégoriquement.
Ce qui fait dire à des observateurs politiques que la formule en question est mort-née. Un point de vue qu’expose à L’Orient-Le Jour un proche de la Maison du Centre. « Cette solution n’en est pas une. D’autant que le mode de répartition (des deux nouveaux ministres) reste flou », souligne-t-il.
En face, Baabda se montre prudent quant au nouveau projet de solution, préférant attendre l’issue des efforts du chef du CPL. Contactés par L’OLJ, des proches de la présidence assurent que celle-ci est favorable à une mouture de 32 ministres si cela est à même d’accélérer la naissance de l’équipe Hariri. Mais Baabda ne demande pas que les deux ministres relèvent du lot du chef de l’État, précise-t-on. Une façon pour les milieux de Baabda de faire savoir que Michel Aoun n’accepterait pas que la solution voie le jour à ses dépens.
Même son de cloche chez le président de la Chambre Nabih Berry, qui n’est pas opposé à cette formule « si cela règle le problème », pour reprendre les termes de Ali Bazzi, député Amal de Marjeyoun, citant le chef du législatif.
S’exprimant lors des audiences du mercredi, Nabih Berry (qui s’est entretenu avec le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi) a réitéré son insistance pour la mise sur pied du cabinet dans les plus brefs délais, soulignant qu’après la formation du gouvernement, des séances parlementaires mensuelles se tiendront dans le cadre de la reddition des comptes.
(Lire aussi : Gouvernement : un souci affiché de calmer le jeu)
« Les solutions existent »
Quoi qu’il en soit, le CPL a déclaré rester attaché à l’initiative de son chef, dans la mesure où il est crucial de former le cabinet le plus rapidement possible, au vu des défis socio-économiques auxquels le pays fait face. S’exprimant à l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc Le Liban fort parrainé par le CPL (reportée de mardi à mercredi en raison du déplacement de Gebran Bassil en Irak), Ibrahim Kanaan (Metn) a souligné que « les solutions (pour la formation du gouvernement) existent ». « Le bloc réitère son engagement à l’égard de l’initiative menée par son président et estime que des solutions existent pour former le gouvernement sans que personne ne se sente visé. Il faut trouver sans tarder des dénominateurs communs » à ce sujet, a affirmé M. Kanaan.
Et de poursuivre : « Le gouvernement doit être formé le plus rapidement possible et les sacrifices sont nécessaires, afin que l’exécutif puisse assumer ses responsabilités sur le triple plan économique, financier et sécuritaire. »
Si le groupe parlementaire aouniste a évité d’évoquer la formule de 32 ministres, une source de ce bloc confie à L’OLJ qu’il s’agit d’une idée de solution parmi plusieurs autres formules (dont celle des 36 ministres avancée par le vice-président de la Chambre Élie Ferzli), assurant que les contacts n’ont jamais été interrompus à ce sujet.
Concernant les ministres alaouite et minoritaire, cette source évoque une possible formule axée sur l’octroi du siège alaouite au bloc de l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, afin de pouvoir intégrer un représentant des députés sunnites prosyriens à l’équipe Hariri. Quant au ministre représentant les minorités, il devrait relever du lot du CPL.
Entre-temps, selon des milieux proches du Hezbollah cités par notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl, une issue de crise concernant le nœud sunnite aurait été évoquée en fin de semaine. Il s’agit, pour les députés membres de la Rencontre consultative, d’établir une liste de personnalités sunnites gravitant dans l’orbite du 8 Mars. Le chef de l’État devrait en choisir une et l’intégrer dans sa propre quote-part ministérielle.
Lire aussi
Wahhab : Je ne sais pas si Hariri mérite encore le titre de Premier ministre
Salah Honein : Le marasme, fruit de la présence de tout le monde au pouvoir
Le dangereux tournant des pressions sur Hariri
Gouvernement : « Pas d’alternative » à l’initiative de Bassil
Le Futur tranche : Pas d’entretien entre Hariri et les sunnites prosyriens
Face au blocage gouvernemental, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, mandaté par le président Michel Aoun pour tenter de régler la crise ministérielle, aurait fait aux protagonistes une nouvelle proposition dans le cadre de son initiative lancée le 12 novembre. Selon plusieurs milieux politiques, cette solution prévoirait la mise sur pied d’un cabinet comprenant 32...
commentaires (10)
" Nous ne pouvons pas en appeler à la conscience du monde, quand notre propre conscience est endormie. " Carl Von Ossietzky
FAKHOURI
16 h 59, le 06 décembre 2018