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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Georges Okaïs, au secours du système judiciaire libanais

L’ancien juge de 49 ans est le principal candidat des Forces libanaises au siège grec-catholique de Zahlé.

Son téléphone n’arrête pas de sonner, ses rendez-vous se bousculent, mais Georges Okaïs ne se départit pas de son calme. Dans son bureau situé au cœur de Zahlé, un drapeau du Liban à sa droite, un autre des Forces libanaises à sa gauche, ce candidat au siège grec-catholique de Zahlé affiche un sourire serein. À 49 ans, cet ancien juge brigue pour la première fois un siège parlementaire. En tête de ses priorités : la réforme du secteur judiciaire.

« J’ai été juge de 1997 à 2010 et durant ces années j’ai été témoin de la détresse du secteur judiciaire, explique le candidat. Cette détresse était surtout due à la dépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif mais aussi, à l’époque, à l’influence négative des services de renseignements syriens dans le travail quotidien des juges libanais. »

Alors, après avoir été juge durant treize ans, à Zahlé surtout, M. Okaïs, diplômé d’une licence de droit de l’USJ, démissionne et accepte une offre de travail à Abou Dhabi. Un abandon ? « Oui, peut-être, j’ai senti que toutes les luttes que nous avons essayé de mener au début des années 2000 n’étaient pas à la hauteur de ce poids qu’est l’intervention du pouvoir exécutif », reconnaît-il. Alors, plutôt que de rentrer dans le jeu de la confusion des pouvoirs, il se rend aux Émirats où il devient conseiller juridique du directeur des tribunaux locaux. En 2014, il est nommé principal conseiller du ministre de la Justice. Il occupera ce poste jusqu’en janvier 2018, date à laquelle il est convoqué par Samir Geagea – dont le portrait trône dans son bureau – qui lui propose de se présenter aux législatives.

Son cheval de bataille est « évidemment » la réforme du système judiciaire. « Ce ne sera peut-être pas facile mais il ne faut pas rendre les armes à l’avance, affirme le candidat à la barbe poivre et sel. C’est ma passion pour la magistrature qui m’a incité à quitter ma vie paisible aux Émirats et à venir au secours du secteur judiciaire par l’intermédiaire du législatif. « Nous avons besoin d’une loi-cadre et stratégique, qui puisse garantir l’indépendance totale du pouvoir judiciaire, explique-t-il. Il faut lever la mainmise du pouvoir exécutif sur la nomination des juges, notamment ceux qui font partie du Conseil supérieur de la magistrature. De plus, notre loi sur l’organisation judiciaire date de 1983, il est temps de la réformer. »


(Lire aussi : Salah Haraké : l’indépendance, à tout prix...)


L’immigration et la diaspora
Le candidat allume une cigarette avant de poursuivre : « Je suis un Zahliote qui a vécu la guerre à Zahlé. Les souvenirs de cette période sont ancrés en moi et je tiens à tout prix à ce que cette expérience ne soit pas vécue par mes enfants », confie ce père de jumeaux âgés de 21 ans.

Ce qu’il souhaite par-dessus tout, c’est faire cesser l’immigration des jeunes. Comment ? « Par la croissance économique, répond-il. Il faut mettre un frein à la corruption, la dette publique alors baissera et la croissance augmentera… » À ce cercle vertueux, Georges Okaïs ajoute qu’il « faut à tout prix lier le marché du travail au système éducatif libanais » afin que le chômage baisse. Le candidat veut également « exploiter le capital énorme qu’est la diaspora libanaise ».

« Je souhaite que les familles libanaises ne subissent pas l’expérience de l’immigration et le déracinement de leurs fils », affirme M. Okaïs qui a aussi prévu un projet pour Zahlé. « Il faut absolument relancer le secteur agricole, affirme-t-il. Ici, 30 % de la population est agricole et souffre aujourd’hui des crises nées de l’entrée des produits illégaux depuis la Syrie », souligne-t-il.


(Lire aussi : Tony Frangié : Attendez de me voir à l’œuvre avant de juger)


L’esprit du 14 Mars
Georges Okaïs est le principal candidat des Forces libanaises à Zahlé. Il n’est pas membre du parti mais affirme que les FL « portent toujours l’esprit du 14 Mars et œuvrent clairement à la constitution d’un État de droit reconstitué ». « Les principes de la révolution du Cèdre sont toujours en moi, confie-t-il. Je crois en cette atmosphère qui a régné ce 14 mars 2005 et qui a pu radicalement changer notre histoire. »

« Durant ces deux dernières années, les FL ont beaucoup fait au sein du gouvernement », plaide le candidat, ajoutant que les ministres FL ont été exemplaires. « Ils ont résisté à la corruption, à cette pratique de faire passer les grands dossiers à l’amiable sans vraiment appliquer les règles du droit. Notre transparence vis-à-vis de l’opinion publique fait notre grande force. Nous avons présenté au public une expérience assez différente de tous les autres partis », ajoute-t-il.

Pour Georges Okaïs, le Liban a besoin d’une nouvelle classe politique « détachée de la corruption et du clientélisme ». « Tout commence par là, affirme-t-il. Il faut augmenter le nombre des responsables intègres et patriotiques. C’est là où réside l’importance majeure du 6 mai. Le choix des électeurs est un passage obligé sans lequel on restera pendant des années dans le même cercle vicieux. »



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