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Liban - Interview express

Patricia J. Élias : « L’avenir brillant du Liban, c’est la femme »

Patricia Smida, militante pour les droits des femmes, candidate à Kesrouan-Jbeil.

Avocate spécialisée en droit international, Patricia J. Élias, mariée Smida, est une militante de la première heure pour les droits des femmes, de l’homme et des enfants. Cette ancienne candidate aux législatives françaises en 2012, dans la Xe circonscription des Français de l’étranger, qui englobe le Liban, se présente actuellement en tant qu’indépendante dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil, sur la liste de la coalition des Forces libanaises, du Parti national libéral et d’indépendants.

Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays (armes du Hezbollah, ligne de conduite du parti chiite, position au sujet du régime syrien, attitude à l’égard des conflits régionaux, décentralisation) ?
Sur les armes du Hezbollah, ma position est très claire : dans un pays, il faudrait qu’il y ait une seule armée qui défende le territoire et soit garante de son indépendance. On ne peut avoir deux têtes pour un même combat, car cela risque de voir s’installer une confrontation. Pour ce qui est du conflit en Syrie et de ma position au sujet du régime syrien, je plaide en général pour la non-ingérence dans les affaires d’autrui, et la distanciation par rapport à tous les conflits. Dans l’absolu, je pense que le Liban devrait se concentrer sur ses propres problèmes et sur ses intérêts, plutôt que sur les conflits extérieurs. Ce pays est surendetté, le gouvernement devrait donc régler des problèmes aigus comme l’émigration des jeunes, la nécessité de signer des contrats avec les autres pays pour favoriser l’exportation des produits agricoles et industriels…
Sur un autre plan, je suis à 100 % favorable à la décentralisation. Aujourd’hui, pour faire ses papiers quand on est au Kesrouan, il faut rester bloqué dans le trafic pendant des heures. Je ne suis pas seulement favorable à la décentralisation administrative, mais aussi au gouvernement électronique, qui permettra de gagner du temps et de lutter contre la corruption, les contacts étant réduits avec les fonctionnaires.


(Lire aussi : Les priorités de Nehmat Frem : création d’emplois, neutralité armée et décentralisation administrative)



Avec quel camp ou bloc parlementaire comptez-vous coopérer au Parlement ? Envisagez-vous une coopération avec un bloc ou un camp au cas par cas, en fonction des développements ou des dossiers examinés ?
De manière générale, je suis en accord avec la politique des FL et leur conception de la lutte contre la corruption. La prestation de leurs trois ministres fait l’unanimité, même auprès de leurs adversaires. Aucun autre parti ne peut en dire de même. Sans compter que leurs députés ont contribué à voter plusieurs lois en faveur des droits des femmes. S’il existe des questions mineures sur lesquelles il y aura un désaccord, nous en discuterons.

En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Je suis une combattante de longue date pour les droits de la femme, de l’homme et de l’enfant, indissociables selon moi. Depuis 2013, je suis au cœur de cette lutte au Liban, par le biais de mon ONG Avenir Liban. Sur un plan général, je voudrais renforcer l’esprit de citoyenneté, notamment en réintroduisant dans les écoles l’habitude de saluer le drapeau tous les matins, au son de l’hymne national. Sur le plan du statut personnel, j’aspire au vote d’une législation unifiée, facultative dans un premier temps. Les personnes âgées font partie de mes préoccupations, je voudrais que la Sécurité sociale soit assurée pour tous les plus de 64 ans. Et, surtout, je voudrais lutter contre la tendance des jeunes à émigrer pour des raisons économiques, à travers trois mesures principales : un plan national d’orientation des jeunes vers des métiers à débouchés, un « incubateur » dans les écoles pour permettre aux secteurs privé et public de repérer les talents et d’assurer des emplois aux jeunes dès l’obtention du diplôme et, enfin, une mesure pour obliger les sociétés internationales ayant remporté les appels d’offres pour le forage de pétrole et de gaz au large du Liban à accorder, à l’intention des jeunes Libanais, des bourses de formation aux métiers dont elles auront réellement besoin sur les plates-formes.

Question du lecteur : Après avoir fait de la politique en France, pourquoi avoir décidé de vous présenter dans votre pays d’origine ? Qu’est-ce que cela vous apporte sur le plan personnel ?
En 2017, j’ai décidé de ne pas présenter ma candidature aux législatives françaises, malgré le bon score obtenu en 2012. Je considère être déjà engagée au Liban, notamment pour la cause des femmes. Ayant beaucoup milité pour une meilleure représentation des femmes dans la vie publique, il fallait que je me présente aux élections dans mon pays d’origine pour être conséquente avec moi-même. Aragon disait : « La femme est l’avenir de l’homme. » Pour moi, « l’avenir brillant du Liban, c’est la femme » !


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Avocate spécialisée en droit international, Patricia J. Élias, mariée Smida, est une militante de la première heure pour les droits des femmes, de l’homme et des enfants. Cette ancienne candidate aux législatives françaises en 2012, dans la Xe circonscription des Français de l’étranger, qui englobe le Liban, se présente actuellement en tant qu’indépendante dans la circonscription...

commentaires (2)

De manière générale la venue croissante des femme à la politique est à saluer. C'est une chance pour notre pays. Mme Patricia J. Elias, se présente devant les électeurs libanais, avec une solide expérience en politique et une volonté farouche de défendre les droits de l'homme, des femmes, la famille et les valeurs libanaises. Une femme qui inspire la sincerite, la joie de vivre et la générosité, autant de qualités qui pourront honorer notre Parlement.

Sarkis Serge Tateossian

21 h 50, le 25 avril 2018

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Commentaires (2)

  • De manière générale la venue croissante des femme à la politique est à saluer. C'est une chance pour notre pays. Mme Patricia J. Elias, se présente devant les électeurs libanais, avec une solide expérience en politique et une volonté farouche de défendre les droits de l'homme, des femmes, la famille et les valeurs libanaises. Une femme qui inspire la sincerite, la joie de vivre et la générosité, autant de qualités qui pourront honorer notre Parlement.

    Sarkis Serge Tateossian

    21 h 50, le 25 avril 2018

  • JE SUIS POUR L,ELECTION DE FEMMES MAIS LE NOMBRE EST GRAND ET LA PLUPART INCONNUES DONC IL EST DIFFICILE DE SE PRONONCER... DE TOUTE FACON JE SOUHAITE A LA DAME BONNE CHANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 06, le 25 avril 2018

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