Rechercher
Rechercher

Liban - Législatives 2018 - Portrait

Siham Antoun, de l’activisme social et syndical à la politique

La candidate au siège grec-catholique de Baalbeck-Hermel au sein d’une liste d’indépendants veut, entre autres, légaliser la culture de cannabis à des fins médicales.

Siham Antoun, candidate grecque-catholique à Baalbeck-Hermel, veut bâtir un État laïc avec toutes les parties. Photo fournie par la candidate

Elle a fait carrière dans l’enseignement, public et privé, sous toutes ses formes, jusqu’à la direction d’établissements et l’éducation spécialisée, en passant par l’orientation professionnelle, la formation continue et le CRDP. Elle a enseigné, dirigé, formé élèves et enseignants. Elle s’est penchée sur les programmes scolaires et sur le développement des classes maternelles à l’école publique. Elle dirige depuis six mois un projet pilote de clubs scolaires au sein de l’école publique. Avec pour objectif d’aboutir d’ici à cinq ans à zéro déchet papier dans les écoles publiques, de sensibiliser les élèves à la sécurité routière. Même le travail syndical n’a aucun secret pour celle qui s’est toujours battue, dans la rue et au sein de syndicats, pour les droits des enseignants, munie d’une ferme volonté, malgré son calme olympien, de libérer les syndicats de l’intervention des partis politiques.

L’enfant de Ras Baalbeck, Siham Antoun, est candidate au siège grec-catholique de Baalbeck-Hermel (Békaa III), au sein de la liste incomplète, « Le développement et le changement ». « Une liste formée d’indépendants, qui n’ont rien à voir avec les partis politiques », dit cette mère de famille, 48 ans, épouse Choufani.

L’infatigable brunette aux cheveux courts, engagée dans l’éducation à l’issue d’une formation en France, se veut aussi un électron libre à ses heures, au service des droits de l’homme et de l’éducation à la citoyenneté. Parallèlement, pour avoir vécu jusqu’à récemment dans son village natal, cette habitante du Metn milite avec acharnement, au sein d’associations qu’elle a cofondées pour la protection de l’environnement, pour les relations de bon voisinage entre les villages de sa région. Soucieuse d’apporter son soutien à la jeunesse de Baalbeck-Hermel et de lui proposer « des causes communes, comme la reforestation », elle développe à son intention « des activités qui prônent la non-violence, la non-discrimination confessionnelle ou liée au genre ».

Ce souci de rassembler est également au cœur de sa position sur la souveraineté libanaise. « Je suis contre toute normalisation avec Israël et j’estime que la résistance armée ne peut demeurer communautaire. Mais pour être durable, elle doit être menée par l’État, dans toutes ses composantes, et rassembler le peuple Libanais tout entier », souligne celle qui mène de pair, depuis toujours, carrière professionnelle et engagement sociopolitique.


(Lire aussi : Chawki Daccache, la « cause » d’abord...)


Lutter contre la pauvreté

Siham Antoun se présente aux législatives après avoir été particulièrement active lors des dernières municipales, où elle soutenait les candidats d’opposition contre les partis politiques traditionnels. Avec en poche un programme politique d’une part et l’ambition de développer la région de Baalbeck-Hermel d’autre part. « Je veux travailler avec toutes les parties pour bâtir un État civil », affirme celle qui se dit saturée du « clientélisme confessionnel, cause de tous nos maux, de la corruption, du recul des institutions ». Mme Antoun regrette que le pouvoir « ne privilégie pas les compétences », que « nul ne demande de comptes à la classe politique ». Autre priorité de la candidate, la réforme des politiques économiques. Pour ce faire, il est nécessaire « de limiter les subventions étatiques, de développer les différentes formes de production, d’encourager les investissements, l’artisanat et le commerce ». Son programme de réformes implique aussi « l’agriculture et le contrôle des pesticides ».

L’aspirante à l’hémicycle veut aussi réformer le secteur de l’éducation, « développer l’école publique, améliorer son niveau d’enseignement ». Ce projet nécessite toutefois des sacrifices, comme la baisse des subventions à l’école privée, l’équipement adéquat des bâtiments publics, l’arrêt des interventions politiques, la fermeture d’établissements improductifs, l’instauration d’un horaire unique, la refonte des programmes scolaires, l’embauche d’enseignants cadrés à la bonne place, « sur base du mérite, bien entendu ». « Il faut aussi mettre fin à l’embauche d’enseignants contractuels, rendue légale par le pouvoir en place, utilisée par ce dernier comme moyen de pression », souligne-t-elle. Au passage, elle se prononce en faveur du respect du droit des enseignants du privé, et donc de l’application intégrale de la grille des salaires. « Je suis en même temps contre la hausse importante des écolages. D’où la nécessité que l’État contrôle les budgets des établissements privés. »

Pour sa région, Mme Antoun regorge également de projets touristiques et d’autres liés au développement des sites, à l’amélioration des services publics, à la réhabilitation des infrastructures, à la sécurité des populations. « Dans cette région la plus sèche du pays, il est impératif de collecter l’eau, fait-elle remarquer, de réhabiliter donc les projets de barrages inachevés sur les fleuves Yammouné et Assi ». Elle aspire à acquitter les petits propriétaires terriens des taxes foncières, liées notamment aux droits de succession. « Les terrains ne sont plus enregistrés depuis deux ou trois générations, vu la grande pauvreté », note-t-elle. Une pauvreté contre laquelle elle entend lutter en réclamant, comme certains de ses colistiers d’ailleurs, « la légalisation de la culture de cannabis à des fins médicales, vu la faillite de l’État à développer les cultures de substitution ».


Lire aussi 

Joseph Ishac, « député » virtuel depuis neuf ans

Amine Rizk, amoureux du Jezzine traditionnel et porteur d’idées modernes

Antoine Kalaydjian : Sauvegarder la présence chrétienne au Liban est « un devoir »

Joumana Haddad : Je n’ai pas peur de la confrontation

Rafic Bazerji : Je veux œuvrer pour les jeunes... alors que la classe politique fait le contraire

Michel Moawad : C’est en me réconciliant avec le CPL que je ressemble à mon père

Fadi Khoury : Résister contre l’ablation de la mémoire pour mieux s’inscrire dans le futur

Antoine Pano, du champ de bataille à l’arène politique

Elle a fait carrière dans l’enseignement, public et privé, sous toutes ses formes, jusqu’à la direction d’établissements et l’éducation spécialisée, en passant par l’orientation professionnelle, la formation continue et le CRDP. Elle a enseigné, dirigé, formé élèves et enseignants. Elle s’est penchée sur les programmes scolaires et sur le développement des classes...

commentaires (1)

Un bon article qui permet de comprendre un peu mieux la problematique des ecoles privees et publiques; si j'ai bien compris elle veut "la baisse des subventions à l’école privée" mais au meme temps aussi "l'application integrale de la grille de salaires pour les ecoles privees" ce qui me semble a priori une contradiction. Mais je ne connais pas bien la problematique et c'est claire que cette candidate elle vient de ce monde et elle a donc competence (elle a fait carrière dans l’enseignement).

Stes David

15 h 28, le 23 avril 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Un bon article qui permet de comprendre un peu mieux la problematique des ecoles privees et publiques; si j'ai bien compris elle veut "la baisse des subventions à l’école privée" mais au meme temps aussi "l'application integrale de la grille de salaires pour les ecoles privees" ce qui me semble a priori une contradiction. Mais je ne connais pas bien la problematique et c'est claire que cette candidate elle vient de ce monde et elle a donc competence (elle a fait carrière dans l’enseignement).

    Stes David

    15 h 28, le 23 avril 2018

Retour en haut