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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Ragy el-Saad : Si les choses suivent leur cours actuel, nous allons tout perdre

Le jeune homme de 35 ans pense avoir de fortes chances d’être élu. Il mise surtout sur les non-partisans et les jeunes.

Ragy el-Saad, candidat à l’un des sièges maronites de la circonscription du Chouf-Aley.

Le Liban coule dans ses veines, et plus particulièrement son village natal de Aïn Trez, dans le caza de Aley. C’est d’ailleurs pour le faire revivre, ainsi que toute la région, que Ragy el-Saad a décidé de se présenter aux législatives. « Je viens d’un village détruit par la guerre et qui reste jusqu’à présent défavorisé », explique le jeune homme de 35 ans. « C’est la région la plus proche de Beyrouth et c’est l’une des plus démunies du pays, ajoute-t-il, indigné. De plus, le retour des chrétiens n’y est pas bien établi. Je pense que la région a besoin d’un souffle jeune et différent, d’une nouvelle approche et surtout de dynamisme. »

C’est ce qu’il compte offrir à la région s’il accède à l’hémicycle. Ragy el-Saad est candidat à l’un des sièges maronites de la circonscription du Mont-Liban IV (Chouf-Aley), où six listes seront en lice le 6 mai. Il se présente en tant qu’indépendant sur la liste « La réconciliation », fruit de l’alliance tripartite entre le Parti socialiste progressiste, les Forces libanaises et le courant du Futur. Une alliance à laquelle a notamment tenu Walid Joumblatt, le leader du PSP, dans le prolongement de la réconciliation de la Montagne, qui a eu lieu en 2001.

Issu d’une famille politique, Ragy el-Saad a grandi sur des valeurs familiales centrées sur le patriotisme et l’envie de servir le pays. Après avoir obtenu une licence en sciences économiques à l’Université Saint-Joseph en 2004, il s’envole en France où il se spécialise en finances à l’EM Lyon Business School, puis suit un programme de formation à la gestion des affaires à la London Business School. Pendant quelques années, il travaille sur les marchés financiers européens, puis rentre au Liban en 2009, où il occupe plusieurs postes au sein d’une banque, dans une société de gestion financière et dans une société de gestion spécialisée dans le tourisme, avant de fonder en 2014 sa propre entreprise spécialisée dans la gestion multisectorielle de projets de construction et de propriétés immobilières.


(Lire aussi : Lina Moukheiber, sur les pas du « Vieux Lion de la Montagne »)

De fortes chances de réussir
Ragy el-Saad est conscient de son legs politique. Il est le neveu de l’actuel député Fouad el-Saad. Mais ce n’est pas, selon lui, une raison « obligatoire » pour se présenter aux législatives. Pour lui, la politique n’est pas un « héritage » et personne ne peut représenter les intérêts des gens, à moins « qu’il ne soit proche d’eux, qu’il ne connaisse leurs problèmes et qu’il n’ait des intérêts communs avec eux ».
Le jeune homme ne cache pas son attachement aux principes du 14 mars 2005. Et c’est dans cette optique qu’il a voulu se présenter sur la liste de « La réconciliation ». Cette alliance, dont il est « convaincu », représente « l’environnement politique » du pays avec lequel il est en « harmonie », notamment pour ce qui est de la vision politique nationale. « C’est une liste qui a des chances de réussir », précise-t-il, soulignant qu’avant de l’intégrer, il a essayé de se joindre à d’autres candidats et regroupements indépendants avec qui il partage aussi des idées communes, mais les négociations n’ont pas abouti, d’autant que « ces candidats étaient en désaccord ».

Ragy el-Saad ne se fait pas trop d’illusions sur le scrutin. Il pense toutefois avoir de fortes chances de remporter l’un des deux sièges maronites de Aley. Ainsi, il explique que la bataille dans la circonscription du Mont-Liban IV va essentiellement être menée entre la liste formée par l’alliance entre le PSP, les FL et le courant du Futur, et celle qui est le fruit de l’alliance entre le Courant patriotique libre et Talal Arslane. Mis à part lui, les membres de ces deux listes sont tous « partisans ». « Mais, à l’instar des villages et zones chrétiens de la Montagne, au moins la moitié des électeurs ne sont pas des partisans, constate-t-il. Il y a une forte probabilité que ces personnes qui ne sont affiliées à aucun parti, principalement les jeunes parmi elles, m’accordent leur voix, puisque les autres candidats indépendants n’ont pas de chances. À 35 ans, je représente en quelque sorte le dynamisme des jeunes, leurs mentalités et leur façon de voir les choses. »


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S’il est élu, les dossiers sur lesquels il aimerait se pencher sont nombreux. « Sur le plan politique, je ne suis pas prêt de me départir des constantes souverainistes, insiste Ragy el-Saad. Sur le plan national, je prône la décentralisation, d’autant que le pouvoir central est, comme on le constate, corrompu et figé. J’œuvrerais aussi pour les droits de la femme, parce qu’il n’est pas normal qu’elle soit démunie de ses droits les plus élémentaires comme celui de transmettre la nationalité à ses enfants. Je travaillerais également pour les droits de l’homme et ceux des animaux. »
Croit-il toujours au pays ? « Non, c’est pour cela que je me présente aux législatives, parce que si les choses suivent leur cours actuel, nous allons tout perdre. »


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