Rechercher
Rechercher

Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’art, la psychanalyse et la sublimation (11)

La sublimation en chimie est le passage d'un corps de l'état solide à l'état gazeux, sans passer par l'état liquide. Pour la psychanalyse, il s'agit de la transformation directe du but ou de l'objet de la pulsion en une activité sociale acceptée par l'ordre social. La sublimation permet de faire l'économie du refoulement, refoulement qui permet à l'enfant d'intérioriser les interdits parentaux, et par là d'oublier les pulsions incestueuses et parricides.

Prenons un exemple simple. Un boucher ayant choisi son métier par sublimation resterait boucher toute sa vie sans aucun problème. Un boucher par refoulement risque, à un moment ou à un autre de sa vie, la rupture : au lieu de continuer à dépecer des moutons ou des bœufs, il s'attaquerait à des humains. C'est, par exemple, l'histoire que raconte Claude Chabrol dans son film Le Boucher sorti en 1970.
Au départ, les mêmes pulsions destructrices à l'égard de l'autre. L'un va refouler ses pulsions, mais il doit dépenser une énergie permanente pour maintenir ses pulsions à l'état d'oubli. La « formation réactionnelle » est un mécanisme de défense qui servirait à ça. Elle permet aux pulsions sexuelles ou destructrices d'être contenues par des traits de caractère ou un comportement accepté par la société, comme par exemple la propreté et l'ordre chargés de contenir les pulsions sadiques anales. Mais la formation réactionnelle nécessite une dépense permanente d'énergie. C'est cette dépense permanente d'énergie qui sera à l'origine de la rupture. Le boucher par sublimation va sublimer ses pulsions : le but et l'objet de ses pulsions vont changer directement, dépecer des animaux au lieu des humains sans passer par le refoulement.
Si dans sublimation on retrouve le terme de sublime, Freud avait la volonté de qualifier ainsi l'art en suggérant la hauteur, la transcendance. L'art serait l'exemple parfait de la sublimation.

L'art et la psychanalyse ont cela en commun : le refoulement est mis en échec. Si le but de la psychanalyse est de mettre en échec le refoulement, de « lever » du refoulement afin que la pulsion soit formulée en mots et que le désir inconscient advienne, permettant au sujet de dire « je », la folie par exemple s'exprime sans aucun refoulement, mais le « je » n'advient pas, laissant le champ libre aux pulsions qui ne permettent pas au fou d'être admis par l'ordre social. L'art serait comme à mi-chemin entre la folie et la psychanalyse, permettant aux pulsions de s'exprimer, mais sans que l'artiste soit nécessairement rejeté par l'ordre social. Au contraire, comme nous l'avons vu précédemment, la force de la sublimation qui a permis à l'artiste de transcender ses pulsions est à nouveau ressuscitée chez le contemplateur de l'œuvre et pourrait avoir un effet dit « thérapeutique ». Le livre de Freud Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910) montre que Léonard est le meilleur exemple d'une sublimation parfaite.

En réconciliant « le principe de plaisir avec le principe de réalité », soit ce qui distingue chez l'enfant le passage d'un monde où tout peut être halluciné à un monde de réalité, où tout le plaisir doit être donné à l'enfant et tout de suite, à un monde où il peut attendre avant d'être satisfait, l'artiste pourrait agir dans cette réconciliation comme un élément « thérapeutique » pour le contemplateur. Si la société impose à l'être humain de renoncer à ses pulsions, ce qui est vécu par l'enfant comme un grand sacrifice, « l'art offre des satisfactions de remplacement », dira Freud.

 

Dans la même rubrique

L'art, la contemplation amoureuse et la psychanalyse (10) L'envie

L'art, la contemplation amoureuse et la psychanalyse (9) « Girl with the Pearl Earring » (suite)

L'art, la contemplation amoureuse et la psychanalyse (8)

La folie, l'art et la psychanalyse (7)

La folie, l'art et la psychanalyse (6)

La folie, l'art et la psychanalyse (5)

La folie, l’art et la psychanalyse (4)

La folie, l’art et la psychanalyse (3)

La folie, l'art et la psychanalyse (2)

La folie, l’art et la psychanalyse (1)

La sublimation en chimie est le passage d'un corps de l'état solide à l'état gazeux, sans passer par l'état liquide. Pour la psychanalyse, il s'agit de la transformation directe du but ou de l'objet de la pulsion en une activité sociale acceptée par l'ordre social. La sublimation permet de faire l'économie du refoulement, refoulement qui permet à l'enfant d'intérioriser les interdits...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut