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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La folie, l’art et la psychanalyse (7)

« La littérature a occupé le lieu déserté par les psychiatres. » Cette affirmation de Freud qu'on retrouve dans Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen, livre écrit en 1907, première contribution à l'approche de l'art par la psychanalyse indique bien, malgré la distance qu'il a toujours établie avec l'art, surtout la musique, que Freud reconnaissait « que toujours l'artiste précède ». L'artiste précède le psychanalyste parce que dans l'art, l'inconscient parle à livre ouvert. Pratiquement aucune censure.
Le point commun entre les deux, comme on l'a vu la dernière fois est le destinataire. L'analyste adresse son intervention à l'inconscient de l'analysant, du patient pour l'amener à prendre conscience de l'enjeu pulsionnel puis du désir inconscient qui déterminent son discours apparent. L'artiste adresse son œuvre à l'inconscient du contemplateur qui éprouve la pulsion puis le désir inconscients remonter en lui. Soit le chemin inverse traversé par l'artiste qui est allé, par la sublimation de la pulsion et du désir inconscient à l'œuvre. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas d'interprétation possible de l'œuvre, elle est déjà interprétation pour l'artiste puis pour le contemplateur. Comme l'est le rêve pour le dormeur. Le rêve est déjà une interprétation du désir inconscient du sujet.
La plus grande découverte de Freud est là : le rêve a un sens. Un sens inconscient qui montre que le rêve est la réalisation, imaginaire et symbolique d'un désir inconscient.

Le rêve a un sens : il réalise un désir inconscient
Dès lors, il fallait en comprendre le mécanisme. Freud s'y est attelé dans les dernières années du 19è siècle. Grâce à une correspondance qui dura 17 ans, de 1887 à 1904, soit un total de 287 environ, les lettres adressées par Freud à Fliess, celles de Fliess à Freud ayant été détruites par ce dernier (Sigmund Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, Paris, PUF, 2006). On appelle cette relation entre Freud et Fliess L'analyse originelle (Octave Mannoni), la première psychanalyse qui permit à Freud de sonder son inconscient et par là de guérir de ses symptômes. Mais également d'avoir compris et élucidé ses propres rêves et par la suite tiré les invariant universels qui constituent le rêve. La publication de L'interprétation des rêves en 1900 sera la transmission au public de cette analyse dans le privé. Grâce à Fliess, les idées théoriques de Freud, au début confuses relevant de ses fantasmes ont été progressivement élevées au rang de données universelles. La sexualité infantile, les pulsions, le refoulement, l'inconscient, l'Œdipe, les rêves, les actes manqués, les lapsus, soit les concepts fondamentaux de la psychanalyse ont pris corps. Leur transmission au grand public à travers la publication de L'interprétation des rêves permit la validation de la théorie psychanalytique et amena à Freud les premiers élèves. Le livre est difficile d'accès et Jung reconnut qu'il l'écarta en 1900 pour mieux le comprendre en 1906, date de première rencontre avec Freud.
Le transfert aidant, Jung s'est retrouvé dans l'œuvre de Freud.
C'est ce qui arrive au contemplateur d'une œuvre d'art, il s'y retrouve. Il s'y retrouve comme lorsqu'il se retrouve dans l'interprétation d'un analyste, quand l'analyste débusque le réel de son discours et le met en évidence, quand le refoulé devient conscient.
Le rêve est ce qui guérit l'être humain de ses frustrations et privations. Le rêve est une thérapeutique fabriquée par l'homme lui-même. En témoigne une coutume chez des indiens d'Amérique du Nord, les Iroquois et les Hurons. Au XVIIe siècle, une étude faite par des anthropologues jésuites découvre une coutume étrange : Le Festival des rêves. Régulièrement, les villageois se réunissaient et mettaient en scène une sorte de théâtre. Les malades de corps ou d'esprit racontaient leurs rêves et des acteurs mettaient en scène ces rêves. Les malades voyant leurs rêves réalisés guérissaient de leurs maladies. L'un d'eux rêva qu'il tuait l'un des pères jésuites. On lui donna la veste de ce père jésuite qu'il lacéra avec un couteau. Aussitôt il guérit de sa maladie. Ce dernier exemple montre que les indiens avaient découvert la fonction thérapeutique du rêve tout autant que l'un des deux mécanismes essentiels du rêve : le déplacement. Bien avant Freud.

« La littérature a occupé le lieu déserté par les psychiatres. » Cette affirmation de Freud qu'on retrouve dans Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen, livre écrit en 1907, première contribution à l'approche de l'art par la psychanalyse indique bien, malgré la distance qu'il a toujours établie avec l'art, surtout la musique, que Freud reconnaissait « que toujours l'artiste...

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