
Le magnifique terroir de Biac à vingt minutes de Bordeaux. Photo DR
Lorsqu’ils achètent ce magnifique terroir en 2006, situé à vingt minutes de Bordeaux, dans un décor magique très bien exposé, avec vue sur la Garonne, Youmna et Tony Asseily n’avaient pas prémédité, ni même imaginé, que leur vie allait à ce point changer. Que l’agitation de l’univers froid et cruel de la finance dans lequel baignait Tony allait céder la place au silence et au bien-être d’une retraite insolite. « Nous avions l’habitude depuis 1990 de passer nos vacances d’été dans le Bordelais, confie Youmna. Nous voulions à la base acheter uniquement la propriété. » Un coup de foudre pour le lieu qui les anime d’abord, puis un intérêt grandissant pour les possibilités qu’il offrait, le couple décide de redonner vie à cette propriété de 15,5 hectares dont 9,8 de vignes, pleines de promesses.

Durant les années de réhabilitation, curieux et passionné, à la fois patient et impatient, le duo s’instruit, apprend, observe, s’entoure d’une équipe de professionnels qui « savaient mieux faire que nous ». Le succès qui suivra, les surprend encore. Et lorsqu’on leur demande s’ils l’avaient anticipé, voire imaginé un instant, ils répondent : « Franchement, non… Et d’ailleurs, il serait présomptueux de parler de succès à ce stade : c’est l’avenir qui le dira… Cependant, nous sommes très heureux de constater la progression de nos vins, inconnus quand nous avons acquis la propriété il y a presque 20 ans, et de plus dans un monde très compétitif aujourd’hui. La propriété était restée une belle endormie pendant quelques années. Les premières caisses à notre nom ne sont sorties du vignoble qu’en janvier 2011 et, en très peu de temps et malgré l’énorme compétition due entre autres à l’émergence des vins du nouveau monde, Biac s’est fait une place sur les listes de très belles tables dans plusieurs pays et a un registre d’amateurs passionnés. »
Avec un blanc sec, « Felicie de Biac » et un blanc liquoreux, « Secret de Château Biac » , en quantités très limitées (3, 4 barriques de chaque par an ) et « Château Biac » et « Felix de Biac » en rouge, leur vin s’est fait une place parmi ses concurrents internationaux. Les raisons de ce succès, « un beau terroir, de la persévérance et beaucoup, beaucoup d’humilité devant la puissance de la nature ! » mais aussi une équipe fidèle et compétente composée de 6 personnes permanentes depuis au moins 10 ans et deux œnologues de Bordeaux : pour les vins rouges Patrick Leon, directeur technique de Mouton Rothschild et des vins de la Baronnie (Mouton Rothschild) pendant 20 ans, décédé en décembre 2018, et remplacé par son fils Bertrand l’année suivante. Et pour les vins blancs, une femme émérite, première de sa profession à s’être implantée dans le Sauternais : Christine Sourdes. Enfin, depuis 2013, Yasmina Asseily, la fille de Youmna et Tony se charge du marché américain, mais aussi d’une partie du marché européen. Depuis janvier 2019, leur fils Gabriel a également rejoint l’équipe en tant que directeur technique en charge de la production et dans le marketing des vins.
Cheers !
Mission presque accomplie pour le vin, avec l’objectif de maintenir le cap, Biac se lance dans une nouvelle aventure, encore à ses premiers balbutiements : le whisky. « Comme un peu toute notre histoire avec Biac, l’aventure est née par un tour du destin ! », confie Youmna Asseily. Et d’expliquer : « Le whisky écossais est élevé en majeure partie en barriques de Bourbon (whisky américain), mais la finition se fait quelque fois dans des barriques de Sherry ou Sauternes ou d’autres vins fortifiés. Tony se demandait souvent si on ne pouvait pas tenter l’expérience d’envoyer nos barriques de liquoreux, renouvelées tous les ans, en Écosse pour y élever dès le début et non seulement finir le whisky malt et le faire vieillir dans nos barriques. »

En 2016 des amis écossais introduisent les Asseily à une jeune distillerie artisanale créée en 2014 sur l’ile de Harris dans les Iles Hébrides Extérieures, en Écosse . « Après avoir rencontré le directeur de la distillerie et son équipe sur l’île , envoûtante et merveilleuse de beauté, nous avons convenu, poursuit-elle, de leur envoyer trois barriques en 2018 . Ce qui devait être juste une tentative expérimentale unique, a pris son propre envol et l’année d’après, la distillerie nous a demandé d’envoyer les barriques du millésime suivant et ainsi de suite d’année en année… Leur whisky s’appelle « Hearach of Harris » (citoyen de Harris), et le nôtre a vu le jour en mars 2025 sous le nom de « Hearach of Château Biac ». Ce fut une première en Écosse, souligne Youmna Asseily, et le résultat est étonnant. »
L’aventure va bien sûr se poursuivre à son rythme en édition limitée. Le « Hearach of Château Biac » ne sortira pas nécessairement tous les ans, « il ne sera mis en bouteille qu’au fil des dégustations par les maîtres distillateurs et de leur décision de vieillissement. C’est véritablement une aventure ! » La première production de ce whisky s’est chiffrée à environ 1 790 bouteilles , dont la moitié a déjà été prévendue en Angleterre et en Écosse ; le reste est parti en allocations aux USA, en France, en Suisse et au Japon. « Aux dernières nouvelles le distributeur en France n’en a plus… »
En attendant la suite, Youmna et Tony Asseily, durant leurs moments de répit, des moments de grâce, observent les jours passer, depuis leur propriété devenue également leur lieu de vie quand ils ne sont pas chez eux au Liban, les saisons se transformer au gré du temps et leur bonheur grandir…
Instagram: chateaubiac
"Rêvez… disait Auguste Kékulé, éminent savant chimiste… mais surtout ayez le courage de suivre vos rêves pour leur donner vie…" Courage, patience et dévouement à un labeur au quotidien. Mais quel bonheur pour cette réussite tellement belle… et qui à son tour ne peut qu’inspirer tous ceux qui veulent croire qu’un rêve peut devenir une merveilleuse réalité… Merci à Tony et Youmna Asseily!
07 h 31, le 23 juin 2025