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À La Une - Contestation

Troisième semaine consécutive de marches contre le pouvoir au Liban

Des manifestants des quatre coins du pays se rassemblent à Tripoli en soutien à la capitale du Nord, haut lieu de la contestation déclenchée le 17 octobre.

Des manifestants anti-gouvernementaux rassemblés le 1er février sur la place Sassine à Achrafié. Photo Acil Tabbara

Pour la troisième semaine consécutive, des centaines de Libanais qui contestent le pouvoir politique dans le cadre de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre dernier, participaient à une série de marches en différents points de Beyrouth. Ils ont convergé à proximité du siège du Parlement, à Beyrouth. Un grand rassemblement a également lieu à Tripoli, capitale du Liban-Nord et haut lieu de la contestation.

Sous le slogan "Pas de confiance" au nouveau gouvernement de Hassane Diab et "Nous n'allons pas payer le prix", les protestataires se sont rassemblés dès 14h devant le siège de la Banque du Liban à Hamra, sur la place Sassine à Achrafié, devant le siège de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), ou encore devant le siège de l'Association des banques du Liban (ABL), avant de se retrouver devant le siège de la Chambre. Comme à l'accoutumée, les manifestants se sont arrêtés devant plusieurs ministères, notamment celui des Finances, ou encore devant le siège d'Electricité du Liban, pointé comme l'un des hauts lieux de la corruption dans le pays. 

"Pourquoi accorder la confiance à ce gouvernement ? Nous voyons comment ils (les responsables) insistent à réprimer les manifestants", s'insurge une protestataire devant la caméra de la LBCI. "Ceux qui ont été nommés par les corrompus peuvent-il ouvrir les dossiers de la corruption contre eux ?", ironise une autre manifestante à Beyrouth.

Dans l'après-midi, un groupe de manifestants s'est arrêté devant l'hôpital Hôtel-Dieu à Achrafié afin d'exprimer son soutien au corps médical et le remercier pour les soins qu'il offre gratuitement dans l'un de ses dispensaires aux manifestants blessés. Lors de leur passage devant le quartier de Khandak al-Ghamik, habité majoritairement par des partisans du mouvement Amal du président de la Chambre, les manifestants partis de la place Sassine ont chanté des slogans saluant ses habitants et l'unité nationale. A plusieurs reprises au cours des premiers mois de la révolte populaire, des jeunes de ce quartier s'en étaient pris aux manifestants et aux forces de l'ordre. Devant l'ABL, quelques jeunes ont retiré à l'aide de bâtons les dernières lettres du nom de l'association qui restaient encore sur la façade, régulièrement vandalisée depuis des semaines.

Une fois les différentes processions arrivées au centre-ville, les manifestants se sont rassemblés sur la place Riad el-Solh, où ils ont tapé sur les différentes barrières et palissades installées au cours des dernières semaines pour empêcher tout accès au Sérail et au Parlement, dans une démarche se voulant pacifique. Les protestataires se sont dispersés quelques heures plus tard, sans qu'aucun incident n'éclate avec les forces de l'ordre.


(Lire aussi : Le gaz lacrymogène, une arme sans blessés, mais pas sans effets)



Les "dossiers de la corruption"
Dans la capitale du Nord, haut lieu de la contestation, quelques centaines de manifestants venus des quatre coins du pays pour exprimer leur soutien à Tripoli se sont rassemblés sur la place Al-Nour. "Révolte-toi Beyrouth", criait l'un des manifestants sur un mégaphone, mentionnant également les régions de Zghorta et de la Békaa. Des slogans en faveur de l'unité islamo-chrétienne ont également été lancés. D'autres manifestants dénonçaient les arrestations "arbitraires" d'activistes, notamment Rabih Zein, activiste controversé à la tête d'un collectif et qui se trouve actuellement en détention après avoir été accusé d'avoir commis des actes de vandalisme. 

Des centaines de manifestants rassemblés sur la place Al-Nour à Tripoli, au Liban-Nord, le 1er février 2020. Photo Ornella Antar


(Lire aussi : Un déficit après l’autrel'édito de Issa GORAIEB)



La révolution "vient de commencer"
Sandy Chamoun, 39 ans, réside à Mansourié dans le Metn. "Je suis venue pour soutenir Tripoli. Si la révolution s'éteint dans la ville, il n'y aura plus de révolution ailleurs au Liban", s'inquiète-t-elle auprès de notre journaliste sur place Ornella Antar. "Mais la révolution n'est pas terminée, elle vient de commencer", affirme-t-elle. Rami Dandachli, originaire de Tripoli, se réjouit du soutien de la rue à sa ville. "La révolution se poursuit à Tripoli car c'est la région la plus pauvre du pays, et ce sont les pauvres qui alimentent le feu de cette révolution", affirme-t-il.

Peu avant 16h, les centaines de manifestants ont lancé leur marche dans les rues de la capitale du Nord. 

Durant les deux semaines dernières, des marches similaires ont eu lieu, mais avaient dégénéré en violents affrontements entre protestataires et forces de l'ordre, faisant des centaines de blessés dans les deux rangs.


Un cortège de manifestants à Tripoli, au Liban-Nord, le 1er février 2020. Photo E.S.

A Tyr (Liban-Sud), plusieurs centaines de personnes ont sillonné les rues de la ville au départ de la place el-Alam, scandant autant des slogans anti-corruption que de soutien aux Palestiniens face au plan de paix de l'administration américaine pour le Proche-Orient, annoncé en début de semaine.

Le gouvernement de Hassane Diab, dont la formation officielle a été annoncée le 21 janvier, succède au cabinet de Saad Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous la pression de la rue. Depuis samedi matin, la commission ad hoc en charge de la rédaction de la déclaration ministérielle planchait pour la huitième fois sur ce document qu'elle était censée achever aujourd'hui ou au plus tard demain, en vue de le présenter au Parlement pour obtenir sa confiance. Mais la déclaration devrait être finalisée lundi, a annoncé le ministre des Finances, Ghazi Wazni. 

De nombreux manifestants critiquent la lenteur du gouvernement dans l'élaboration de sa feuille de route, au moment où le pays traverse sa plus grave crise économique et financière depuis 30 ans, couplée à une révolte populaire inédite déclenchée le 17 octobre.

Vendredi, Hassane Diab s’est entretenu avec les chefs des organismes de contrôle judiciaire et et administratif, dans une démarche visant à mettre en avant un souci de se pencher sur la lutte contre la corruption. Le Premier ministre a également enchaîné les réunions avec plusieurs représentants du secteur privé pour identifier les préoccupations prioritaires de plusieurs filières dans le contexte de crise économique et financière aiguë que traverse le pays.

Le Liban croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB. Depuis le 17 octobre, le pays vit au rythme d'une contestation inédite qui dénonce une classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, mais aussi le manque de services publics dignes de ce nom. La crise s'est accompagnée d'une détérioration de la situation économique, avec des licenciements en masse et une dépréciation de la monnaie nationale sur le marché parallèle.

Le 27 janvier, le Parlement a adopté le budget de l'année 2020, préparé par le gouvernement de Saad Hariri. Dans ce budget, les recettes prévues devraient reculer à 8,9 milliards de dollars. En contrepartie les dépenses devraient atteindre les 12,1 milliards de dollars, auxquelles s'ajoute une avance à l'Electricité du Liban (EDL) d'environ un milliard de dollars.

Le Liban s'était engagé en 2018 à réduire son déficit à 4% du PIB à l'horizon 2023, en contrepartie de promesses d'aides et de dons de la communauté internationale de 11,6 milliards de dollars qui n'ont toujours pas été déboursées fautes de réformes.



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JE LEUR CONSEILLE TOUJOURS DE DONNER UNE CHANCE AU GOUVERNEMENT DIAB TOUT EN ELISANT UN COMITE DE SUIVI ET FORMANT UN GOUVERNEMENT DE L,OMBRE POUR SUIVRE, CONTROLER ET INTERVENIR DEMOCRATIQUEMENT.

LA LIBRE EXPRESSION

00 h 21, le 02 février 2020

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Commentaires (1)

  • JE LEUR CONSEILLE TOUJOURS DE DONNER UNE CHANCE AU GOUVERNEMENT DIAB TOUT EN ELISANT UN COMITE DE SUIVI ET FORMANT UN GOUVERNEMENT DE L,OMBRE POUR SUIVRE, CONTROLER ET INTERVENIR DEMOCRATIQUEMENT.

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    00 h 21, le 02 février 2020

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