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Politique - Justice

L’activiste Rabih Zein toujours sous les verrous

Le militant à l’action controversée a été agressé à la prison de Roumieh par des détenus qui l’accusent de s’être prononcé contre la loi sur l’amnistie générale, selon son avocat.


L’activiste Rabih Zein, toujours en détention. Photo d’archives /ANI

Le juge d’instruction du Mont-Liban, Bassam el-Hajj, a rejeté hier la demande de remise en liberté de l’activiste controversé Rabih Zein ainsi que de deux autres protestataires, Mohammad Srour et Georges Azzi, fixant à lundi une nouvelle audience qui sera consacrée à l’audition de nouveaux témoins. Les trois hommes sont suspectés d’avoir incendié un distributeur automatique de billets de la branche du Crédit libanais à Zouk et lancé un cocktail Molotov sur un bureau du CPL dans la région de Jounieh. Contacté par L’Orient-Le Jour, l’avocat de M. Zein, Nohad Salma, a affirmé que la séance d’hier était consacrée à la confrontation entre son client et M. Azzi. « Sous la pression lors de son interrogatoire auprès du service de renseignements de l’armée, Georges Azzi avait fait des aveux selon lesquels Rabih Zein est l’instigateur de ces actes, mais devant le juge d’instruction, il a nié aujourd’hui (hier) tous ses propos antérieurs », a-t-il indiqué.

Interrogé sur le point de savoir pourquoi seules trois personnes sont écrouées dans le cadre de cette affaire alors que les vidéos montrent que les casseurs sont bien plus nombreux, Me Salma affirme que « sept ou huit autres personnes font l’objet de poursuites, mais leurs avocats présentent constamment des exceptions de forme en vue de reporter leur audition ». « Lorsqu’il a appris que le juge d’instruction a engagé des poursuites contre lui, M. Zein n’a pas voulu atermoyer et attendre d’être notifié de la date de l’audience. Il s’y est rendu spontanément, et c’est là qu’il a été arrêté », indique l’avocat. Rabih Zein dirige un groupuscule, Thaourat al-mahroumine, dont les membres sont soupçonnés d’avoir été parmi les fauteurs de troubles récemment dans le centre-ville de Beyrouth et à Tripoli. L’homme, qui apparaît souvent devant les caméras de télévision lors des manifestations qui ont lieu à travers le territoire, est considéré comme une figure controversée de la contestation, après des clichés de lui posant aux côtés de figures politiques, notamment l’ancien Premier ministre Nagib Mikati. Il est également pointé du doigt du fait de son activité présumée portant sur l’organisation et l’acheminement de convois de manifestants sur demande contre rémunération.Un sit-in en signe de solidarité avec M. Zein était prévu en concomitance avec la séance d’hier, mais Me Salma a annoncé sa suppression avant le déroulement de cette séance. Prié d’expliquer pourquoi le sit-in a été annulé, il affirme à L’OLJ que les forces de l’ordre ont prévenu qu’en cas de troubles durant ce sit-in, l’audience prévue risquait d’être reportée parce que Rabih Zein pouvait ne plus être conduit de la prison de Roumieh où il est détenu au Palais de justice de Baabda où il devait être entendu.


Agressions

Les prévisions des forces de l’ordre se sont basées sur les attaques dont a été victime à deux reprises Rabih Zein, une première fois à Baabda, lorsqu’il avait été interpellé le 15 décembre, et une seconde fois à Roumieh, mercredi, où il a été conduit après avoir été à nouveau appréhendé. Le 15 décembre, il avait été arrêté pour atteinte au prestige de la justice, accusé d’avoir une semaine auparavant filmé l’esclandre provoqué par le député Hadi Hobeiche dans le bureau de Ghada Aoun, suite à l’arrestation pour corruption de Hoda Salloum, directrice générale du département du trafic routier. Me Salma indique que « durant ses deux jours de détention provisoire à Baabda, il avait été agressé par des partisans du Hezbollah et d’autres sympathisants qui l’avaient accusé d’insulter leur chef Hassan Nasrallah », alors que, dit-il, « c’est faux ». « Lorsqu’il a été arrêté mercredi, accusé d’avoir coupé des routes et lancé un cocktail Molotov sur un bureau du CPL à Jounieh, ainsi que d’avoir incité des jeunes, dont Georges Azzi et Mohammad Srour, à incendier le distributeur automatique de billets de la branche du Crédit libanais à Zouk, j’ai demandé qu’il soit transféré à la prison de Roumieh pour qu’il ne soit pas à nouveau attaqué, explique l’avocat. Or, il a été conduit au bâtiment D de cette prison où des détenus l’ont agressé, l’accusant cette fois de s’être prononcé contre la loi sur l’amnistie générale, alors qu’il s’était uniquement opposé à l’amnistie de ceux qui s’en sont pris aux soldats de l’armée. » « Il a alors été retiré de ce bâtiment et transféré pour sa protection dans une cellule de l’aile consacrée aux mineurs », indique l’avocat.


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