Le président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, et le patriarche émérite Nasrallah Sfeir. Photos Ani et OLJ
Une insulte du président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, à la mémoire du patriarche Nasrallah Sfeir, enregistrée lors de sa conférence de presse vendredi, a provoqué un tollé dans les milieux politiques chrétiens.
« Ils en ont fait un saint », s’est moqué le président de la CGTL, provoquant des éclats de rire à gorges déployées des autres intervenants assis auprès de lui, avant de proférer de mauvaises plaisanteries insultantes sur la propension du patriarche défunt « à effectuer des miracles » désormais. L’Orient-Le Jour refuse de reprendre ces propos infâmants dans son édition.
Ce que Béchara Asmar ne savait pas, c’est que ses propos avant la conférence de presse ont été filmés et diffusés sur certains sites web. L’un des intervenants lui fait d’ailleurs remarquer sur le coup que le micro devant lequel il s’exprime est peut-être branché et qu’il pourrait même être filmé… après quoi le président de la CGTL prend conscience de la situation et reprend contenance. Mais trop tard.
M. Asmar, qui a d’abord essayé de démentir l’information dans un communiqué avant de se raviser, (l’enregistrement vidéo de l’insulte étant devenu viral), et de présenter ses excuses, s’est immédiatement attiré les foudres de plusieurs personnalités et formations politiques. « Ce que j’ai dit était un dérapage et j’ai le courage de présenter mes excuses, que je mets entre les mains du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï », a-t-il dit, après avoir souligné qu’ « il respectait la mémoire du défunt patriarche Sfeir, le patriarche Raï et tous les dignitaires religieux ».
Mais l’ensemble des personnalités qui ont réagi ont estimé que ces excuses restent insuffisantes face à ce qui a été dit.
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Le député Simon Abiramia (Courant patriotique libre) a ainsi appelé à « la démission immédiate » de M. Asmar, estimant que ses propos « sont dégoûtants et représentent une chute au niveau des valeurs morales par lesquelles notre société se caractérise ».
Le député Chawki Daccache (Forces libanaises) a évoqué « des atteintes inacceptables au patriarche Sfeir, l’icône de l’Eglise » et « au respect dû aux morts ». Il a à son tour appelé le président de la CGTL à démissionner immédiatement. « Un responsable ne peut pas tomber plus bas et nul ne saurait lui faire confiance pour représenter de larges fractions des Libanais », a-t-il dit, appelant « la justice à prendre les mesures nécessaires à son encontre ».
Le député Farid Haykal el-Khazen a qualifié M. Asmar de « personne impolie et immorale ». « Quant à ceux qui sont autour de lui, ils sont pire que lui. J’appelle la justice pénale à les poursuivre pour cette atteinte contre le patriarche Sfeir », a-t-il indiqué.
La Ligue maronite a condamné elle aussi les propos de Béchara Asmar qui « portent atteinte à tous les Libanais en prenant pour cible un symbole national et spirituel qu’ils ont tous respecté et aimé ». « Les avocats de la Ligue étudient la possibilité de poursuivre M. Asmar en justice devant les autorités judiciaires compétentes », a indiqué la formation dans un communiqué, qualifiant l’incartade du responsable syndical de « péché impardonnable ».
La Fondation maronite dans le monde a saisi le Parquet, appelant à « l’arrestation immédiate du président de la CGTL pour qu’il soit incarcéré et jugé pour une série de crimes, dont la diffamation et l’atteinte aux Libanais à travers une attaque contre leur icône sacrée ». La Fondation a précisé qu’elle se portera partie civile contre l’agresseur, appelant les autorités judiciaires et le ministère de la Justice à intervenir immédiatement pour mettre fin à cette affaire au plus vite. Elle a enfin appelé la CGTL à se démarquer de M. Asmar et à le démettre de ses fonctions « pour qu’il aille de la prison à la poubelle de l’histoire ».
Le Mouvement de la Terre, lui, a appelé à l’excommunication de M. Asmar.
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Le courant du Futur a condamné dans un communiqué les propos du président de la CGTL, qui a tenu « des propos infâmants pour tous les Libanais, des propos qui ne peuvent être ni tolérés, ni justifiés comme un dérapage ». « Nous lui renvoyons ses propos à lui et à ceux qui ont ri avec lui. Cela est indigne de l’histoire de la CGTL », a indiqué le courant du Futur dans un communiqué.
Le ministre de la Justice, Albert Serhane, a condamné l’atteinte à la mémoire du patriarche Sfeir, « d’autant plus qu’il n’est plus de ce monde », précisant que le procureur général près la Cour de cassation s’était saisi de l’affaire.
La ministre d’Etat au Développement administratif, May Chidiac, a estimé que les propos de M. Asmar « sont impardonnables » et que sa présence à un poste public « constitue une atteinte à la communauté maronite ». « Certains dérapage verbaux sont plus graves que des péchés et ne sauraient rester impunis », a-t-elle ajouté.
Ont également vivement stigmatisé les propos injurieux de Béchara Asmar, les députés Mario Aoun (CPL), qui a réclamé « la destitution immédiate de M. Asmar », Anis Nassar (FL), Imad Wakim (FL), Georges Okeiss (FL), le ministre FL Richard Kouyoumjian, l’ancien député FL Fady Karam. Le département des affaires syndicales des FL a pour sa part demandé à Asmar de présenter ses excuses et de démissionner, de même qu’il a demandé la démission des autres membres du directoire de la CGTL qui étaient assis aux côtés de Béchara Asmar, en l’occurence Akram Arabi, Hassan Faqih, Antoun Antoun, Boutros Saadé et Ali Moussaoui, et qui ont ri à la suite des propos du chef de la CGTL.
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Bonjour Beyrouth "Tollé ...je reprends le titre". Je ne connais pas ce Monsieur Asmar et tant mieux ayant tenu des propos relevant de la bêtise humaine infinie (A.Einstein ) De la à en faire une affaire d'Etat ,cela devient ubuesque ! "Police criminelle ,justice qui s'en mêle .." Je ne puis m’empêcher de penser que tout cela cache le "besoin de ne pas heurter une communauté"mettant en porte à faux ce qui me semble le plus important..la liberté d'expression avec ses limites .l'essence même de la démocratie N'existe t'il pas d'autres juridictions pour faire payer a ce monsieur des propos injurieux? Que L'OLJ ne reprenne pas ces propos débiles me semble judicieux mais Il y a d'autres priorités RIP à Monseigneur Sfeir Pour Un Liban démocratique et Laïque ..pour se tourner vers l'avenir Bon dimanche.
11 h 10, le 19 mai 2019