Rechercher
Rechercher

Liban - Hommage

« Je serais venu à pied de Zahlé pour faire mes adieux à Mgr Sfeir »

Des navettes ont assuré le transport entre Jounieh et Bkerké, mais pour de nombreuses personnes arrivées en retard, la perspective d’une marche sous un soleil de plomb n’était pas un obstacle.


Un groupe de dames venues spécialement de Zahlé pour présenter leurs condoléances. Photo Z. A.

C’est sous un soleil de plomb hier que des dizaines de fidèles ont parcouru à pied le chemin qui mène de Jounieh vers Bkerké, faute d’avoir pu embarquer à bord d’une des nombreuses navettes qui faisaient l’aller-retour jusqu’au siège du patriarcat maronite. Venus des quatre coins du pays, ils étaient guidés par leur admiration pour l’ancien patriarche Nasrallah Sfeir et par leur détermination à faire leurs adieux à cette grande figure de l’Église maronite et du Liban. Décédé dimanche dernier à presque 99 ans, Mgr Sfeir a été inhumé hier à Bkerké, en présence de nombreuses personnalités politiques et religieuses et de milliers de fidèles venus lui rendre un dernier hommage.

Chadi Tannouri, 44 ans, est venu spécialement de Qaa el-Rim, dans les hauteurs de Zahlé, pour assister aux obsèques. Faute d’avoir pu arriver à temps à Jounieh pour embarquer à bord d’une des navettes affrétées pour l’occasion, il a décidé de marcher jusqu’à Bkerké. « Je serais venu à pied de Zahlé s’il l’aurait fallu, pour faire mes adieux à Mgr Sfeir. J’ai garé ma voiture plus bas, mais peu importe, je ne suis pas fatigué, confie-t-il à L’Orient-Le Jour. Le patriarche Sfeir était le père de l’Église, c’était le patriarche de tout le monde et un homme d’exception. C’est notre devoir religieux et moral de venir assister aux funérailles. Je suis venu hier aussi à Bkerké », dit-il.

Rodrigue, 27 ans, n’a pas non plus peur de faire le trajet à pied. Faute d’avoir trouvé un moyen de transport pour monter jusqu’au siège du patriarcat maronite, il a décidé de braver la longue pente qui monte jusqu’à Bkerké. « Je ne peux pas garer à Bkerké (à cause de restrictions de l’armée, qui assurait la sécurité de l’endroit) et je suis en retard pour les navettes. Donc j’ai arrêté ma voiture à Ghadir et j’ai décidé de continuer à pied, explique le jeune homme. Le patriarche est un symbole pour nous, en tant que chrétiens au Liban et en Orient, et nous venons lui faire nos adieux. »


(Lire aussi : Un dernier adieu solennel et majestueux au père de la seconde indépendance)



« Espérons qu’il fera un miracle un jour »

Comme Chadi et Rodrigue, des dizaines de personnes de tous âges ont parcouru plusieurs kilomètres à pied, en file indienne sur la route qui monte vers le siège du patriarcat maronite, après avoir garé leurs véhicules dans les zones autorisées. Plus de 8 000 personnes étaient attendues hier à Bkerké, entre laïcs et religieux, venus des quatre coins du pays pour assister à la cérémonie.

Un grand convoi du Parti socialiste progressiste est également arrivé à Bkerké vers 14h, avec à sa tête le député Teymour Joumblatt. De nombreux habitants de la Montagne ont également effectué le déplacement pour présenter leurs condoléances.

Par ailleurs, une dizaine de minibus ont fait des allers-retours de façon continue hier, depuis le matin et jusqu’à 15h30, entre le stade Fouad Chéhab, à Jounieh, et Bkerké. Les personnes souhaitant se rendre à Bkerké ont pu stationner leurs véhicules dans le parking attenant au stade. Parmi ces personnes, de nombreux partisans des Forces libanaises qui ont répondu à l’appel de leur chef, Samir Geagea, à participer en masse aux funérailles. Venus hier en groupe des différentes régions du pays, ils ont défilé dans ce point de rassemblement tout au long de la journée. Casquettes à l’effigie de Nasrallah Sfeir, emblèmes FL, drapeaux libanais et quelques-uns du Vatican faisaient partie de leur attirail.

« Le patriarche Sfeir était notre père à tous, c’était le patriarche de la deuxième indépendance. La moindre des choses est que nous l’accompagnions dans son dernier voyage », affirme Saïd Tarabay, la cinquantaine, de Tannourine.

Mgr Sfeir « représentait tout le Liban, pas seulement les chrétiens du Liban », déclare de son côté Chadi, 32 ans, venu de Dbayé. « Espérons qu’il fasse un miracle un jour pour que la situation du pays s’améliore. » Nadine, également venue de Dbayé, se souvient que Mgr Sfeir « avait toujours défendu les victimes de l’injustice, les opprimés et ceux qu’on emprisonnait ».



Lire aussi

Casseur de silence(s), l'édito de Issa GORAIEB

Le Grand Liban(ais), l'édito de Ziyad Makhoul

« C’est Mgr Sfeir qui nous a donné courage, qui bravait le joug de l’occupant, qui est devenu notre seul recours... »

Sfeir-Khaled, même combat : l’unité nationale pour la souveraineté

À Bkerké, un moment solennel qui semble durer une éternité

Quand le biographe de Sfeir se met à l’école de son sujet

Notre Patriarche à tous

Le Chouf pleure le « patriarche de la réconciliation »

L’ultime envol du Patriarche...

« Musulmans et chrétiens admiraient le patriarche Sfeir, c’était un vrai patriote »

La disparition du patriarche Sfeir « une perte pour tout l’Orient arabe », affirme au nom de ses pairs l’ambassadeur du Koweït

Nasrallah Boutros Sfeir, témoin inébranlable du « Liban-message »

« Le seul qui a osé lever la tête alors que nous étions sous la botte syrienne »

De Taëf au retrait des troupes syriennes, les moments-clés du patriarche

« Tous les jours, j’étais fière qu’un homme de son calibre soit originaire de mon village »

 Un patriarche de fer à la main de velours



C’est sous un soleil de plomb hier que des dizaines de fidèles ont parcouru à pied le chemin qui mène de Jounieh vers Bkerké, faute d’avoir pu embarquer à bord d’une des nombreuses navettes qui faisaient l’aller-retour jusqu’au siège du patriarcat maronite. Venus des quatre coins du pays, ils étaient guidés par leur admiration pour l’ancien patriarche Nasrallah Sfeir et par...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut