Étalage de force armée lors des funérailles de la Jamaa islamiya

Les funérailles dimanche des deux hommes de la Jamaa islamiya tués lors d’une attaque israélienne vendredi ont été l’occasion d’un véritable étalage de force armée à Bebnine, dans le Akkar. Lors de la procession funéraire, des jeunes partisans de cette milice qui participe aux affrontements contre Israël depuis le déclenchement des hostilités, en octobre dernier, se sont laissé aller à des tirs nourris en l’air de leurs armes de guerre, utilisant même des roquettes antichar RPG, d’après ce que l’on voit sur des vidéos diffusées sur internet pendant la cérémonie. Bilan de cette démonstration de force, selon notre correspondant dans la région, Michel Hallak : quatre personnes, dont un mineur, ont été blessés par des balles perdues.

Malgré les appels de la famille des défunts à ne pas tirer en l’air – une pratique fréquente dans certains milieux populaires au Liban lors des funérailles comme des réjouissances –, la municipalité de Bebnine a été la cible de tirs nourris pendant le passage du cortège. Dans un premier bilan, il a été fait état d’une femme blessée au bras, un homme touché au dos et un enfant de 10 ans à la tête. Selon les informations de notre correspondant, les trois vont s’en sortir : la balle a, heureusement, simplement éraflé la tête de l’enfant, et les deux autres victimes n’ont pas subi de blessures graves. Plus tard, notre correspondant a fait état d’une quatrième personne blessée, dont l’état était jugé stable.

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Toujours selon notre correspondant, les deux hommes pour lesquels les funérailles étaient organisées, les cousins Mossab Khalaf et Bilal Khalaf, membres des forces al-Fajr du groupe radical Jamaa islamiya, ont été tués lors d’une attaque israélienne dans la Békaa-Ouest.

Depuis le début de l’opération Déluge d’al-Aqsa le 7 octobre dernier, la Jamaa islamiya, parti sunnite libanais affilié aux Frères musulmans, similaire au mouvement palestinien Hamas, a ravivé sa branche armée, les forces al-Fajr, pour participer aux combats contre Israël aux côtés du Hezbollah pro-iranien dans le sud du pays.

Photo du cortège funèbre fournie par notre correspondant au Liban-Nord Michel Hallak

La Jamaa islamiya regrette les tirs en l’air

Le cortège funèbre des cousins Khalaf est parti de l’hôpital al-Rassoul al-Aazam, dans la banlieue sud de Beyrouth, en passant par Deir Ammar et Minié, au Liban-Nord, jusqu’à Bebnine. Le cheikh Saïd Khalaf, également parent des deux hommes décédés, s’est exprimé avec les haut-parleurs d’une mosquée, exhortant la population à cesser les tirs. Dans un communiqué, la Jamaa islamiya a salué le soutien exprimé par les habitants de Bebnine et de ses environs mais a aussi regretté « les tirs qui ont eu lieu lors de la procession funéraire », ajoutant que tout comportement « qui suscite la panique et la peur parmi les Libanais est inacceptable ».

Tirer des coups de feu en l’air pour marquer divers événements sociaux est monnaie courante au Liban. Fin 2022, le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a publié une circulaire demandant aux forces de sécurité et aux autorités régionales de Beyrouth et du Mont-Liban de prendre des « mesures fermes et répressives » pour empêcher les fusillades lors des célébrations de la Saint-Sylvestre. En novembre de la même année, un avion de la compagnie nationale Middle East Airlines a été touché par une balle perdue qui a transpercé son fuselage après son atterrissage à l’Aéroport international de Beyrouth.